La contestation populaire n’est pas antidémocratique
Le résultat des élections locales la semaine passée à Hong Kong est instructif.
Malgré six mois de contestation, la montée de la violence et ses conséquences sur l’économie, les électeurs se sont déplacés en masse (deux fois plus qu’en 2015) pour accorder 90"% de leurs voix aux candidats de la mouvance prodémocratie,infligeantundésaveuàPékin.Lavolonté du régime communiste d’imposer un projet de loi d’extradition vers la Chine continentale et de me#re au pas la région semi-autonome régie par des principes démocratiques est massivement rejetée. Hong Kong n’est pas une exception. Depuis des semaines,desfoulesimportantesdéfientlesrégimes en place : Iran, où la répression est sanglante, Liban, Chili, Bolivie, Venezuela, Indonésie, Pakistan, Arabie saoudite, Soudan, Turquie, mais aussi Pologne, Hongrie, Roumanie, Russie, Catalogne, sans oublier la France avec le mouvement des « gilets jaunes ». Elles protestent contre des mesures gouvernementales jugées injustes et le font savoir au nom de principes démocratiques fondés sur la liberté. Or, selon le rapport annuel 2019 de l’ONG Freedom House, elle est en recul : « 2018 a enregistré pour la treizième année consécutive un déclin de liberté dans le monde. » Même si « les pertes globales restent limitées comparées aux gains de la fin du !! e siècle », la tendance « est de mauvais augure ». Le phénomène s’explique par le déclassement économique subi par une partie de la population. C’est d’ailleurs une hausse du prix de produits surtaxés qui a déclenché la contestation en France (taxe carbone), au Chili (ticket du métro), au Liban (messagerie WhatsApp) ou en Iran (essence). C’est la gou#e d’eau qui fait déborder le vase pour des populations qui se sentent les laissées-pour-compte de la mondialisation.
Ces mouvements sont-ils une menace pour la démocratie!?
Certains le pensent, voyant dans la contestation de la rue un populisme dangereux. A contrario, d’autres experts y décèlent un signe de résilience face au pouvoir excessif des élites qui ont sclérosé le système démocratique. En fait, tout dépend de la nature du régime. Une étude de l’Institute for Global Change montre que les gouvernements populistes tendent à rester plus longtemps au pouvoir (voir graphique) créant « un risque significatif d’érosion démocratique ». Au contraire, « le principe fondamental d’une démocratie libérale est le respect des résultats électoraux par les leaders qui, quand ils perdent, qui"ent leurs fonctions ». C’est essentiel. Le philosophe Karl Popper considérait dans La Société ouverte et ses ennemis que le système démocratique libéral a l’avantage de perme#re l’alternance politique sans violence et de protéger le peuple de la dictature. C’est la leçon que l’on peut en tirer à Hong Kong : confier à des élections libres le soin de trancher les différends entre citoyens et gouvernement.