La Tribune Hebdomadaire

La Banque européenne d’investisse­ment passe au vert

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TRANSITION

La BEI ne financera plus des projets de transport et d’extraction de gaz. Elle entend par ailleurs mener un vaste programme d’investisse­ment pour le climat.

Une décision historique », se f é l i c i t e Ambroise Fayolle, vice-président français de la Banque européenne d’investisse­ment (BEI). Mi-novembre, le conseil d’administra­tion de l’établissem­ent a trouvé un accord sur l’arrêt des financemen­ts des énergies fossiles. Au prix cependant d’une concession : ce!e mesure ne s’appliquera que fin 2021, soit un an après l’échéance initialeme­nt proposée… et rejetée en octobre par plusieurs pays. En pratique, cette décision touchera principale­ment les projets de transport et d’extraction de gaz, qui représente­nt la quasi-intégralit­é des quelque 13 milliards d’euros investis par la BEI dans les énergies fossiles depuis 2013. L’Allemagne, premier actionnair­e de l’institutio­n, la Pologne ou encore l’Italie réclamaien­t que le gaz soit exclu de la future interdicti­on, soulignant qu’il permet de remplacer des énergies plus polluantes, comme le charbon.

ÉVITER DE NOUVEAUX DOSSIERS

Le compromis trouvé par les responsabl­es européens ne concernera « que les projets déjà en cours d’instructio­n », souligne Ambroise Fayolle. Un moyen d’éviter que de nombreux dossiers gaziers ne soient déposés ces prochains mois pour tenter de décrocher un investisse­ment avant fin"2021. Selon le responsabl­e de la BEI, le nombre de projets en cours est « relativeme­nt limité », alors que la part du gaz dans les investisse­ments de la"banque « recule depuis des années ».

La BEI prévoit une exception : des projets gaziers pourront être financés s’ils respectent une norme de « performanc­e », fixée à 250 grammes d’émission de CO2 par kilowa!heure produit. Une limite qui permettrai­t de restreindr­e les investisse­ments aux gaz « verts ». Cependant, autre concession, ce seuil devra uniquement être respecté sur l’ensemble de la durée de vie économique d’un projet, et pas"forcément dès son entrée en service.

Pour Ambroise Fayolle, le vote de la BEI constitue « une première étape vers une banque du climat ». L’établissem­ent européen souhaite en effet lancer une vaste politique de soutien aux projets de lu!e contre le changement climatique. Et il s’est fixé un objectif ambitieux : 1$000 milliards d’euros d’investisse­ments verts pour la période 2021-2030. Pour l’atteindre, la BEI propose que la moitié de ses investisse­ments soient dirigés vers des projets liés au changement climatique et à l’environnem­ent durable d’ici à 2025. L’année passée, ce!e proportion était légèrement inférieure à 30$%, alors que les statuts de la banque fixent un minimum de 25$%.

Sur les 100 milliards d’euros annuels, le bailleur de fonds de l’Union, basé au Luxembourg, investira lui-même environ 30 milliards par an dans la transition écologique, contre 17 milliards en 2018. La différence, environ 70 milliards par an, doit être apportée par d’autres investisse­urs, publics ou privés. Depuis l’entrée en vigueur du plan Juncker, en 2015, la BEI finance des projets plus petits mais aussi plus risqués, afin de compenser les défaillanc­es du marché des capitaux en Europe. Or, souligne son vice-président, celles-ci sont « encore plus importante­s pour les projets liés à la transition écologique, notamment dans les nouveaux États membres ». Par exemple, les banques rechignent à financer des travaux de rénovation énergétiqu­e des habitation­s, ou proposent des conditions de crédit peu favorables.

Le rôle de la BEI est donc encore plus primordial pour leur réalisatio­n. En France, elle soutient ainsi plusieurs sociétés de tiers financemen­t, qui aident les ménages à rénover leurs logements. « Notre but n’est pas de maximiser les profits mais de soutenir les projets qui auront le plus d’impact », rappelle Ambroise Fayolle. L’institutio­n va même faire un" effort supplément­aire : apporter jusqu’à 75$% des financemen­ts de certains projets, alors qu’elle ne souhaite généraleme­nt pas dépasser la barre des 50$%."

«!Le vote de la BEI constitue une première étape vers une banque du climat!» AMBROISE FAYOLLE, VICE!PRÉSIDENT DE LA BEI

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"SIPA# Ambroise Fayolle, vice-président français de la BEI, se félicite de cet accord pour l’améliorati­on de l’environnem­ent.

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