Des entreprises aux multiples face!es
NOUVELLE!AQUITAINE
PIERRE CHEMINADE ET JEAN!PHILIPPE DEJEAN
MOTION TWIN
Pas de dirigeant, égalité des salaires et du temps de travail, prise de décision systématiquement collégiale!: ce"e Scop de huit associés, créée en 2004, est un ovni dans le monde du jeu vidéo. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir écoulé plus de 2,6 millions de copies de son titre Dead Cells lui perme"ant d’engranger 15 millions d’euros de recettes l’an dernier. Cette coopération très poussée est appliquée jusque dans le processus créatif. «!Ce fonctionnement atypique nous impose de conserver une taille inférieure à une dizaine d’associés. C’est d’ailleurs pour cela que le suivi de Dead Cells a été confié à une entreprise ad hoc, créée en 2018 et baptisée Evil Empire!», observe Sébastien Bénard, l’un des associés. Et le statut de Scop protège aussi Motion Twin d’un rachat par un studio plus gros.
AQUABIO
Ce bureau d’expertise en milieux aquatiques, basé à Saint-Germain-du-Puch, en Gironde, opère dans toute la France. Créée en 1998, l’entreprise s’est transformée en Scop en 2007 à l’initiative de son dirigeant Bruno Fontan. Elle compte aujourd’hui 100!salariés dont 80 sont associés. Aquabio affiche un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros en hausse de 20%% sur un an. Bruno Fontan assume une motivation d’abord idéologique!: « On crée de la richesse ensemble, il est normal qu’on la partage et qu’on apprenne à travailler dans la même direction. » Mais il y trouve également un intérêt pragmatique%: « On est sur des métiers très rares qui demandent deux ans de formation, donc le sociétariat suit aussi une logique de fidélisation. La Scopfaitdésormaispartiedelamarqueemployeur même si l’échelle des salaires, plus resserrée qu’ailleurs, peut être un frein pour certains.!»
BOIS ET PAILLE
Ce"e charpenterie créée en 2007 à Vausseroux, dans les Deux-Sèvres, rayonne sur toute la région. Elle est spécialisée dans l’écoconstruction en bois et en paille, et ses 12!salariés réalisent autour de 1,4 million d’euros de chiffre d’affaires. «!Après une dizaine d’années, j’ai souhaité passer à autre chose. L’an dernier, je me suis donc penché sur le statut de Scop pour transme"re l’entreprise aux salariés!», raconte Eddy Fruchard, le fondateur et, jusqu’en octobre 2019, son dirigeant. Désormais, la société est une Scop détenue par sept des douze salariés avec deux cogérants, élus pour quatre ans. «!Mon objectif a toujours été que personne ne soit irremplaçable dans ses compétences. La Scop répond pleinement à cet enjeu tout en assurant la cohésion du groupe!», poursuit Eddy Fruchard qui, à 32 ans, se lance dans Tiny House, une activité de construction d’habitats insolites. ATELIER PROVISOIRE
Le choix de la Scop est encore rare au sein de la profession d’architecte qui reste marquée par un fort individualisme. L’Atelier provisoire, installé dans le quartier de La Bastide, à Bordeaux, réunit pourtant neuf architectes salariés, dont six associés, pour un chiffre d’affaires de 500%000 euros. Ici, peu ou pas de hiérarchie, mais une échelle des salaires très resserrée et une gestion collégiale assumée. Créée en 2004, la Scop a pris la suite d’un collectif informel d’architectes. «!Pour créer la Scop nous avions besoin d’une trésorerie suffisante pour assumer le salariat. Ce statut correspond à notre organisation résolument collective, même si c’est parfois au prix d’une forte inertie », observe Hélène Soubiran, cogérante. L’Atelier a aussi pu bénéficier du soutien de l’Union régionale des Scop lors des exercices difficiles sur le plan financier. LE JARDIN DES ENFANTS
Ce"e école privée sous contrat accueille chaque année 90!enfants en classes de maternelle et de primaire à Latresne, en Gironde, selon la pédagogie Montessori. Créée en 1999 par Alexia Lefebvre, l’association a a"eint ses limites au fil des ans!: «!Le bureau de l’association, qui était notre employeur, était géré par les parents d’élèves et ça entraînait des difficultés et des lenteurs. » Le passage en Scop à la rentrée 2018 a permis de simplifier drastiquement la gestion de l’école, qui compte désormais huit salariés, dont sept associés et une professeur des écoles, pour un chiffre d’affaires de 500%000 euros. «!La gestion de l’école appartient à celles et ceux qui travaillent au plus près des enfants, c’est plus logique et légitime. Cela a soulagé et remobilisé l’équipe!», juge Alexia Lefebvre.
O TEMPORA
Créée dès 1990 par trois jeunes associées sorties d’école, O Tempora fait figure de pionnière des Scop dans le secteur tertiaire. Cette agence d’analyse et de stratégie, installée à Bordeaux, se concentre sur des thématiques d’intérêt général portés par des acteurs publics et privés. Ses 18!salariés, dont 12!associés, génèrent 1,3!million d’euros de chiffre d’affaires avec une organisation volontairement horizontale. «!Au départ, la Scop était un choix pragmatique plus qu’idéologique mais, aujourd’hui, ce statut est une grande fierté individuelle et collective et nous permet d’expérimenter des modes de fonctionnement innovants!», observe Sophie Humbert, la gérante, pour qui «!la Scop est une vraie chance parce qu’elle oblige à un effort de lisibilité et de transparence qui permet d’être mieux outillé qu’une PME classique pour appréhender les enjeux économiques, financiers et stratégiques!».
APTIC
Aptic lu"e contre la fracture numérique via le déploiement du Pass numérique au niveau national. «!La Scic nous permet d’associer toutes les parties prenantes de l’inclusion numérique et de nous ancrer dans l’intérêt général. L’un des premiers sociétaires est l’Agence des participations de l’État, aux côtés de Médias-Cité, du département de la Gironde, de la Banque des territoires et de la Maif!», explique son directeur général, Gérald Elbaze. Installée au sein de l’écosystème Darwin, à Bordeaux, Aptic emploie 14!collaborateurs et a bouclé une levée de fonds de 2,5!millions d’euros en avril dernier. «!Les investisseurs ont concrétisé leur engagement pour l’impact social et pas dans une optique de plus-value à la revente. Pour autant, Aptic développe la viabilité économique de son modèle et de l’écosystème que nous venons consolider », précise Gérald Elbaze.
SYPRÈS
Les créateurs de la coopérative Syprès, à Bordeaux, Olivier et Edileuza Gallet, qui ont décidé de se lancer sur le marché quasi monopolistique des pompes funèbres en octobre 2019, ont bien réfléchi au type de structure qu’ils voulaient pour leur entreprise. « Nous nous sommes décidés après plusieurs voyages d’étude effectués en Suisse et au Québec, où les entreprises coopératives de pompes funèbres existent depuis quarante ans. Nous avons choisi la forme de la Scic, parce qu’elle nous permet d’associer à notre capital aussi bien des collectivités, que des clients ou des particuliers. Le choix de ce statut n’a rien d’anodin. Il faut savoir qu’il n’y a pas de monopole sur les pompes funèbres, mais une délégation de service public. Ainsi, à La Rochelle, c’est la ville qui gère les services funéraires », éclaire Edileuza Gallet, codirigeante avec son époux de Syprès.!