La Tribune Hebdomadaire

Léa Lassarat, première de cordée

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«#Dans ma famille, cela ne sou$rait pas de discussion#: filles et garçons partaient avec les mêmes chances#»

LE HAVRE Il su!t d’une main pour compter le nombre de femmes aux commandes des 115"chambres de commerce de France. Membre de ce club très fermé, la dirigeante de PME Léa Lassarat a fait du développem­ent du business au féminin le marqueur de son mandat. Pari gagné. NATHALIE JOURDAN

La sous-représenta­tion des femmes dans l’entreprene­uriat!? Elle raconte en avoir pris véritablem­ent la mesure en accédant à la présidence de la CCI du Havre. « Je me suis surprise à ne rencontrer que des mâles blancs de plus de 50! ans du matin au soir. » Jusqu’ici, ce"e presque quinqua n’avait du plafond de verre que la vision qu’en donnent les statistiqu­es. Question d’ADN, probableme­nt. «!Dans ma famille, cela ne souffrait pas de discussion!: filles et garçons partaient avec

les mêmes chances. Point. » De fait, la carrière de Léa Lassarat ne semble jamais avoir pâti du fait qu’elle possède deux chromosome­s X. Directrice pendant dix ans du fabricant de meubles Interior’s, un groupe fondé par ses parents, elle s’est reconverti­e en 2013 en créant un premier restaurant à Honfleur, son rêve de jeunesse. Aujourd’hui, elle est aux mane"es de neuf établissem­ents, dont quatre hôtels, et commande à une solide brigade de 130#collaborat­eurs. Sa bo"e secrète!? Une propension à toucher à tout, le service en salle comme le haut de bilan, et une assurance à soulever des montagnes. « #Contrairem­ent à beaucoup des femmes que je rencontre, y compris parmi les dirigeante­s de grosses boîtes, je ne me suis jamais encombrée de barrières. » C’est Édouard Philippe, à l’époque maire du Havre, qui l’a indirectem­ent poussée à prendre fait et cause pour l’entreprise au féminin. « !Au lendemain de mon élection à la CCI, il m’a conseillé de miser sur un ou deux projets importants et de les mener jusqu’au bout. Je l’ai écouté. »

PETIT RÉSEAU EST DEVENU GRAND

En fait de projet important, la présidente fonde, sous l’égide de la CCI, le réseau Femmes & Challenges avec une vingtaine

de dirigeante­s « ultra moti

vées » . Objectif!? Inciter la gent féminine à « oser l’entreprene­uriat et à oser tout court »,

mais aussi susciter entraide, émulation et, pourquoi pas, des courants d’affaires entre ses membres.

Deux ans et une kyrielle d’événements plus tard, l’associatio­n tutoie les 700#adhérent.e.s de toute la Normandie. Pas une de ses manifestat­ions qui rassemble moins de 80#personnes, tous sexes confondus. «! Le! réseau a pris un essor immédiat, on a senti que cela comblait un besoin » , constate l’une des « historique­s ». Au passage, « la Chambre de commerce et d’industrie a gagné en visibilité », remarque sa présidente. Pas exactement un détail dans une période compliquée, où le milieu consulaire, confronté à une baisse drastique de son financemen­t, cherche à redonner de la voix. Le 6 décembre, Femmes & Challenges tiendra son premier forum national au Centre internatio­nal de Deauville, pour la plus grande satisfacti­on de son maire. Lui-même à l’origine d’un autre réseau dénommé Normandes en tête, Philippe

Augier l’accueille « avec d’au

tant plus de satisfacti­on » qu’il avait mal vécu le déménageme­nt surprise à Paris du Women’s Forum, qui se tenait depuis l’origine dans sa ville.

UN FONDS NATIONAL DE 1 MILLION D’EUROS

À l’affiche de ce qui est présenté comme « la première rencontre nationale du

business au féminin » , un parterre de personnali­tés inspirante­s : Adeline Lescanne, directrice de Nutriset, l’écrivaine Katherine Pancol, la startuppeu­se Axelle Tessandier, l’ex-Première ministre Édith Cresson, Inès de Dinechin, PDG d’Aviva Investors, ou encore Sophia Dutot, pilote de ligne à Air France. Léa Lassarat profitera de l’événement pour lancer le fonds Femmes & Challenges, « le seul fonds national dédié aux entreprene­uses », insiste-t-elle. Doté d’un million d’euros grâce à des apports du Crédit Agricole et de la Région, il pourra accorder des prêts d’un montant plancher de 50!000#euros pour créer, reprendre ou développer une entreprise. Un tremplin en somme.

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