La Tribune Hebdomadaire

L’habitat traditionn­el, source d’inspiratio­n pour les cités du futur

Des initiative­s émergent pour que les bâtiments des villes de demain soient intégrés à leur environnem­ent et exploitent les ressources naturelles, afin de valoriser le patrimoine architectu­ral africain.

- MAIMOUNA DIA

L’architectu­re des constructi­ons et le choix des matériaux sont deux composants majeurs de la smart city. Du Sénégal au Cameroun, en passant par le Burkina Faso et le Niger, naissent des initiative­s me!ant l’architectu­re, l’habitat traditionn­el africain et ses matériaux au centre du développem­ent de villes intelligen­tes en Afrique. Le continent composé de 54"pays est doté d’une diversité culturelle et architectu­rale à valoriser, à travers la formation, la recherche et l’innovation technologi­que et le recours à des matériaux"« biosourcés ».

Il s’agit de me!re en valeur les patrimoine­s culturels matériels et immatériel­s, les industries culturelle­s et créatives, les systèmes économique­s, les innovation­s contempora­ines et technologi­ques, tout en s’intégrant harmonieus­ement dans son environnem­ent, explique Amélie Essessé, architecte franco-camerounai­se, experte en conservati­on du patrimoine. L’idée est que la smart city en Afrique s’inspire de l’habitat traditionn­el, sachant que l’espace habité en Afrique est régi par des codes en rapport avec les us et coutumes locaux. Un matériau adapté à la chaleur « Je ne privilégie pas un matériau à un autre. Ma mission en tant qu’architecte est de concevoir un projet en cherchant à l’intégrer au mieux à l’environnem­ent tout en utilisant les ressources naturelles –!terre, sable, bois, bambou, feuilles, fibres, lumière et ventilatio­n naturelle...!– ainsi que les potentiali­tés locales, afin d’assurer le confort et la santé des occupants », précise Amélie Essessé.

Une vision partagée par Moussa Abou, architecte-inventeur nigérien et promoteur de la « Méthode Abou de constructi­on en dur sans coffrages en bois, ni serre-joints, ni mortier

de pose ». Titulaire de trois brevets d’invention dans le domaine de la constructi­on en dur, il a voulu par ses innovation­s « contribuer à la création d’emplois et à l’adaptation des constructi­ons aux

réalités locales », expliquet-il. La technique consiste notamment à recourir à des éléments préfabriqu­és sur place à base de composants légers en béton servant de coffrage à la place des coffrages classiques. Elle privilégie des matériaux locaux, moins onéreux et assurant une climatisat­ion naturelle. Sur ce filon de la promotion des constructi­ons à base de ressources locales, le Sénégalais Doudou Dème, fondateur de l’entreprise Élémenterr­e, a fait de la terre sa principale source de travail, en utilisant la technique du bloc de terre compressée, un matériau climatisé et adapté à la chaleur. Au Burkina Faso, l’architecte Francis Kéré prône des constructi­ons inspirées des structures en bois et en paille sacrées des communauté­s Dogon. Il fait également la promotion d’écoles respectueu­ses de l’environnem­ent et du climat africain. Pour la Sénégalais­e Mamy Tall, architecte et militante pour le développem­ent de constructi­ons durables, la réussite de ces initiative­s dépendra de la propension des États à valoriser et à intégrer ces travaux dans des projets de développem­ent structurés, mais aussi de la capacité des architecte­s africains à stimuler la recherche, à innover avec ces matériaux pour concevoir des habitats a!ractifs alliant durabilité, tradition et modernité.

«#J’ai voulu contribuer à la création d’emplois et à l’adaptation des constructi­ons aux réalités locales# » MOUSSA ABOU, ARCHITECTE! INVENTEUR

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!ÉLÉMENTERR­E" Un bâtiment à base de blocs de terre compressés conçu par Élémenterr­e, l’entreprise du Sénégalais Doudou Dème.

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