VICTOR CARREAU
Comet Meetings réinvente la réunion
Comet propose un nouveau modèle de tiers-lieu pour organiser réunions et séminaires professionnels. Victor Carreau, cofondateur, décrit cette o!re destinée à «"sauver les réunions"».
Dans une salle d’un immeuble de bureaux éclairée au néon, au sein d’un quartier d’affaires parisien, une dizaine de cadres pianotent sur leur smartphone pour tromper l’ennui pendant une présentation Powerpoint. Qui n’a jamais vécu une telle situation dans un!pays atteint de réunionite aiguë"? Maxime Albertus, Victor Carreau et Nicholas Findling, anciens consultants en stratégie, ont fondé Comet en 2016 pour redonner de l’a#rait et du lustre aux réunions et séminaires professionnels en sortant les par
ticipants de leur cadre habituel. Leur modèle : proposer des
« lieux inspirants » aux décors originaux ($ungle urbaine, usine, hôtel particulier), assortis de services destinés à « stimuler la productivité, la créativité et le bien-être de chaque
participant ». Avant de se consacrer à Comet dont il est directeur général, Victor Carreau a fait sa dernière année de!stage d’HEC à Ahmedabad, capitale du Gujarat en Inde, où il a suivi des cours d’entreprenariat. Après des stages chez Morgan Stanley en fusions acquisitions puis chez McKinsey pour le
conseil en stratégie, le jeune homme se rend compte de son désir « viscéral » de monter sa
propre entreprise. « En 2010, j’ai écrit un mail à deux entrepreneurs passés par HEC, dont Pierre Kosciusko-Morizet (cofondateur de PriceMinister), pour leur demander conseil. PKM m’a répondu sous vingtquatre heures en m’expliquant qu’il faudrait que j’évite de m’habituer “aux moque"es épaisses”, mais que McKinsey était le moins mauvais des choix. Cinq ans plus tard, je le rejoignais sur le Projet X10, un think tank dont l’objectif était d’identifier les macrotendances ayant un impact sur différents secteurs économiques et les entreprises qui pourraient être créées pour répondre à ces!besoins. C’est là que j’ai rencontré Maxime et Nicholas », raconte le DG de Comet, au débit rapide et à l’élocution pré- cise. Dans l’immobilier tertiaire B to B, sur lequel planche le trio, il s’agit d’apporter plus de flexi- bilité et de services. Les anciens consultants, qui ont eux-mêmes subi de nombreuses réunions ennuyeuses, se sont rendu compte que l’environnement dans lequel se déroulent ces séminaires a un impact consi- dérable. « L’offre classique –!vous qui"ez Paris pour vous me"re au vert quelques jours!– devient un marché du séminaire urbain d’une seule journée où vous devez être productif 100#% du temps », analyse Victor Carreau. Un marché à 90"% hôtelier « avec des salles de réunion peu qualitatives sans services spécialisés » d’après le DG. La jeune société ouvre en 2017 son premier immeuble rue Torricelli dans le XVIIe ! arrondissement. Trois autres suivront dans le Sentier, à Étoile et La Défense. L’offre packagée comprend la location mais également de salles, des le séances catering, de wellness (bien-être) du type yoga ou méditation, et, en option payante, la présence d’un coach. « En fait, nous fai
sons de l’hôtellerie de bureau », précise l’ancien élève d’HEC, qui conseille ses clients à trois niveaux. D’abord sur l’aménagement de la salle, par exemple avec des canapés disposés en cercle pour aplanir les rapports de hiérarchie"; l’avant-contenu –!une session de wellness d’un quart d’heure précédant la réunion de travail!– et le contenu, avec des experts et des coachs qui peuvent intervenir à la demande. Le tout pour un prix de 125 à 145 euros par jour et par personne, hors prestataires externes. « Nous sommes moitié moins chers que l’hôtellerie haut de gamme », affirme Victor Carreau, pour qui il existe une véritable « science de la réunion », détaillée dans le fascicule La Cométhode, les 60 conseils qui vont sauver vos réunions. UNE SOCIÉTÉ RENTABLE
Ce#e nouvelle manière d’organiser les séminaires semble avoir rencontré son public. Comet réalisera plus de 10 millions de chiffre d’affaires en 2019, soit plus du double qu’en 2018, et la société de 80 personnes est déjà rentable. « Notre principal commercial, c’est le bouche-à-oreille : plus d’un client sur deux est déjà venu », se félicite ce fils d’un cadre supérieur dans l’ agroalimentaire et d’une mère médecin. La startup vient d’ajouter une deuxième activité à son portefeuille, Comet Buildings. « Nous allons opérer toute la couche servicielle, hors restauration, dans des ensembles immobiliers de grande taille. Le but est de designer des espaces et d’apporter un service de type hôtelier afin que les employés aient l’impression de travailler chez Face
book. » Un premier projet avec Goldman Sachs et Altarea Cogedim devrait démarrer fin 2020 dans la tour Landscape à La Défense (70"000 m2 de bureaux). Comet Meetings ouvrira un bureau dans un pays limitrophe l’an prochain et compte devenir leader européen d’ici trois à cinq! ans. Une implantation dans les grandes villes de province est également dans les tuyaux. L’adepte de la boxe, sport qui lui apprend à faire le vide, évite les sollicitations professionnelles jusqu’à 11 heures du matin avant d’enchaîner… les réunions.!
«"Créer des lieux inspirants aux décors originaux qui stimulent la productivité, la créativité et le bienêtre de chacun"»