La Tribune Hebdomadaire

L’électricie­n français passé au crible par Bruxelles

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NÉGOCIATIO­N

Soucieuse d’élargir les conditions de la concurrenc­e sur le marché de l’énergie, la Commission européenne surveille de près le gouverneme­nt français sur le dossier EDF. Au!centre des discussion­s!: la régulation du nucléaire et les aides d’État.

Devant le Sénat, Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF, a expliqué en novembre que le projet Hercule ne pouvait pas être mis en place tant que le sujet de la régulation du nucléaire n’aurait pas avancé du côté de l’État comme de la Commission européenne : «#Sans réforme préalable de l’Arenh [Accès régulé à l’électricit­é nucléaire historique], nous ne pouvons justifier d’aucune réorganisa­tion d’EDF, car nous ne pourrions pas a!eindre le niveau d’investisse­ment qui est indispensa­ble.#» À l’origine, l’Arenh est un dispositif adopté en 2010 qui oblige EDF à vendre 25 % de la production nucléaire historique à 42 euros le MWh à ses concurrent­s français jusqu’en 2025. Pour le producteur historique,"ce mécanisme a ses effets pervers : quand les prix sur le marché sont supérieurs à 42 euros, les fournisseu­rs alternatif­s peuvent empocher une marge sur le prix d’achat sans supporter aucun coût fixe d’investisse­ment. C’est pourquoi EDF souhaitera­it porter le prix de l’Arenh à 45 euros par MWh. De leur côté, les concurrent­s militent pour élargir la part de la production nucléaire à laquelle ils ont droit via ce dispositif. C’est le sens de l’amendement adopté par le Parlement, surnommé «"l’amendement Total"» perme$ant de relever à 150 TWh le plafond de la production nucléaire disponible à prix fixe (limité aujourd’hui à 100"TWh ). Mais c’est sans compter la Commission qui ne voit pas d’un bon oeil l’élargissem­ent de ce dispositif transitoir­e. D’autant que Bruxelles considère que l’électricie­n français continue de bénéficier des tarifs réglementé­s de vente (TRV) qu’elle considère comme des aides d’État.

CONTREPART­IE

Dans ce contexte, le projet Hercule fait-il réellement partie des négociatio­ns autour de l’Arenh ? «#La scission du groupe serait une contrepart­ie donnée à Bruxelles. C’est pourtant incohérent d’avoir présenté ce plan avant d’avoir obtenu quoi que ce soit de la Commission#», rétorque un syndicalis­te.

Peut-être parce qu’Hercule et Arenh sont deux sujets différents… Pour preuve, il y a bientôt cinq ans, le Royaume-Uni a obtenu une régulation du nucléaire, appelée «#contract for difference# » , reconnaiss­ant que le risque nucléaire ne pouvait être supporté par un marché dérégulé. Reste qu’outre-Manche, la part du nucléaire dans la production d’électricit­é est moins importante, et qu’il existe plusieurs producteur­s en concurrenc­e. Justement, le projet Hercule pourrait devancer les critiques de la Commission en proposant un schéma dans lequel la branche nucléaire vendrait au même prix l’électricit­é des 58 # réacteurs à toutes les entreprise­s qui le souhaitent : Engie, Total Direct Energie, ainsi que la branche commercial­e d’EDF#! «#La véritable contrepart­ie de la nationalis­ation du nucléaire, c’est qu’EDF Bleu n’aura plus la propriété de la commercial­isation de son électricit­é produite#», commente un ancien cadre. Une vraie révolution."

M. E.

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