La Tribune Hebdomadaire

La « proptech » sonne-t-elle la fin des agences immobilièr­es!?

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DÉFI

La révolution digitale bouleverse, secteur après secteur, l’ensemble de l’économie. Fintech, legaltech, assurtech, foodtech, healthtech.. l’innovation réinvente ces écosystème­s qui amorcent tous leur transforma­tion digitale. Tous"? Non"! Car l’agence immobilièr­e résiste encore et toujours à l’envahisseu­r digital. La proptech viendrait-elle changer la donne"?

Agences avec pignon sur rue, méthodes à l’ancienne, modèle de! rémunérati­on obsolète, manque de transparen­ce, services souvent mal perçus par la majorité des Français... l’agence immobilièr­e, dont le fonctionne­ment a très peu évolué depuis la Seconde Guerre mondiale, a manifestem­ent loupé le coche de la digitalisa­tion.

Il faut dire que le service rendu par l’agence immobilièr­e est difficile à révolution­ner, beaucoup s’y sont fro#és, peu ont réussi. En effet, un projet immobilier représente pour un particulie­r un enjeu financier gigantesqu­e et une charge émotionnel­le souvent forte. Cela justifie un contact humain de proximité, a priori peu compatible avec la digitalisa­tion du secteur. D’autre part, chaque vente est unique, ce qui rend difficile la normalisat­ion de la vente nécessaire à sa digitalisa­tion. Et pourtant, depuis quelques années, on assiste dans le secteur de la pierre ou proptech (contractio­n de «!property!» et «!technology! » ) à l’émergence de néo-agences immobilièr­es, qui se lance dans la digitalisa­tion de la vente.

UN AUTRE MODÈLE DE RÉMUNÉRATI­ON

Première révolution amorcée par les néo-agences immobilièr­es, le changement d’un modèle de rémunérati­on traditionn­el souvent considéré comme injustifié. Prenons l’exemple d’un appartemen­t de 60 mètres carrés et d’un autre de 30 mètres carrés Un!agent immobilier se rémunère au pourcentag­e, ce qui implique qu’il gagnera deux fois plus dans le premier cas. Croyez-vous que vendre 60 mètres carrés demande deux fois plus de travail que de vendre 30 mètres carrés$? La réponse est non. Alors comment justifier de gagner deux fois plus pour un travail équivalent$? Impossible… D’autre part, à cause de la tendance haussière des prix, les commission­s traditionn­elles au pourcentag­e ne font qu’augmenter, faisant de la France le pays où la commission immobilièr­e est la plus élevée d’Europe$! À Paris, la moyenne se situe même aux alentours de 25$000 euros$! Désormais, ces commission­s au pourcentag­e ne sont plus soutenable­s et perme#ent à des modèles alternatif­s à tarif fixe de bouleverse­r la donne. Malgré les difficulté­s évoquées, les néo-agences démontrent que la digitalisa­tion du secteur est possible. Tout le défi réside dans le fait de créer une organisati­on unique combinant le! meilleur du digital et de l’humain.

MIEUX ACCOMPAGNE­R LES CLIENTS

Pour y arriver, un dosage fin est nécessaire pour choisir les étapes de la vente qui sont automatisé­es, car l’action humaine n’y a pas de valeur ajoutée, et que, au contraire, le digital s’en charge bien plus efficaceme­nt. À l’inverse, les tâches à haute valeur ajoutée sont assurées par des humains et l’agent immobilier est aidé dans sa tâche par des outils spécifique­s. Ainsi, l’agent immobilier est augmenté d’outils innovants lui permettant de consacrer la plus grande partie de son temps à l ’ a c c o mpa g n e ment d e s clients, garantissa­nt ainsi une bien meilleure réactivité. Pour sa partie visible, le digital améliore l’expérience de l’utilisateu­r : visites virtuelles, prise de visites et remises d’offres en ligne, suivi de la vente via une plateforme digitale, etc. À la clé, une vente immobilièr­e beaucoup plus efficace (délai de vente, estimation­s précises, c o mmunicat i o n f l ui d e ) , transparen­te et simple. La révolution amorcée est loin d’être uniquement digitale. Dans l’univers des startups, les innovation­s sont avant tout un changement total de paradigme. Là où l’entreprise traditionn­elle raisonne en fonction de son organisati­on et de sa rentabilit­é, les startups ne les voient jamais comme une fin mais comme un moyen, leur finalité étant de se mettre au service du besoin de ses clients. Toute son innovation et son organisati­on tourne autour de ce#e mission principale.

Il en va ainsi de la proptech et des néo-agences. Sans contrainte­s, elles peuvent repartir d’une page blanche et proposer une offre basée sur le besoin des propriétai­res et des acheteurs. C’est leur unique raison d’être. Loin de détruire l’agence immobilièr­e, la mission des néo-agences est au contraire de la réinventer à l’aune du digital, pour lui redonner ses l e t t r e s de noblesse et redorer le blason de ce magnifique métier.

« Le digital améliore l’expérience de l’utilisateu­r : visites virtuelles, remises d’o!res en ligne, etc. À la clé, une vente plus e"cace, transparen­te et simple »

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#GEORGE OTOIU$ Les néo-agences digitalisé­es peuvent proposer une o$re basée sur le besoin des propriétai­res et des acheteurs.

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