La Tribune Hebdomadaire

[ La course au Capitole plus que jamais lancée ]

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Si des membres du parti de la majorité venaient à s’engager aux côtés du député, qui ne brigue cependant pas la tête de liste par a!achement à son poste actuel, ils risqueraie­nt l’exclusion définitive de LREM, d’après les statuts de ce!e dernière. « Ce!e division a tendance à montrer que Jean-Luc Moudenc est bien plus à droite qu’il ne veut bien le montrer à la veille des élections. En perdant le centre-droit, cela démontre clairement qu’il est le candidat de la droite, contrairem­ent à ce qu’il essaie de faire croire. Nous nous rappelons parfaiteme­nt sa participat­ion en première ligne à la Manif pour tous mobilisée contre le mariage pour tous et nous nous souvenons aussi de son soutien au candidat LR aux élections européenne­s, très hostile au mariage pour tous », réagit Carole Maurage, la directrice de campagne de Nadia Pellefigue, l’une de ses adversaire­s pour conquérir le Capitole. Ce!e désertion dans les rangs de ses alliés n’est que la première pierre dans le jardin de Jean-Luc Moudenc. Jusqu’à présent, les divisions ne concernaie­nt pas, en effet, son propre camp et ses partenaire­s, mais plutôt la gauche toulousain­e, et même les gauches en lice pour ce scrutin.

ARCHIPEL CITOYEN SOUS TENSION

Soutenue par le Parti socialiste, le Parti communiste ou encore le Parti radical de gauche, la socialiste Nadia Pellefigue est partie tôt en campagne en proposant des mesures sur les mobilités, l’économie, la sécurité, l’environnem­ent, l’urbanisme et le logement. « Notre rassemblem­ent s’est fait autour de valeurs et d’un projet pour Toulouse que nous partageons. Nous savons dans quelle direction nous allons et nous ne changerons pas de cap », lance la fondatrice du mouvement UNE (Une Nouvelle Énergie pour Toulouse) et vice-présidente du Conseil régional d’Occitanie en charge du développem­ent économique, de l’innovation, de la recherche et de l’enseigneme­nt supérieur. Une critique à destinatio­n de l’autre offre de gauche que Nadia Pellefigue et certains candidats surnomment « la coalition ultra rouge-verte », le mouvement Archipel Citoyen.

En plus de personnes non-encartées dans des partis, ce!e initiative venue de la société civile est notamment soutenue par La France insoumise (LFI), Europe Écologie-Les Verts (EELV), Toulouse Idées neuves de l’ex-PS Romain Cujives et Place Publique. Ambitionna­nt de redonner du pouvoir aux citoyens dans la cité, ils devaient proposer une liste composée d’un tiers de colistiers tirés au sort, d’un autre tiers de citoyens non encartés qui auraient obtenu la majorité des voix lors d’une primaire en ligne, et d’un tiers de militants politiques. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. « Archipel Citoyen n’a plus grand-chose de citoyen, il ne faut pas se laisser aveugler par l’expression marketing. Un tiers des candidats devait être tiré au sort, finalement ils ne sont que sept, soit 10"% de la liste », souligne Jean-Luc Moudenc. En effet, la répartitio­n des places de colistiers a été revue par Archipel Citoyen et des tensions sont nées en interne entre LFI et EELV qui, chacun leur tour, ont menacé de se retirer. Au final, le processus, à la fois innovant et complexe, a abouti à l’élection d’Antoine Maurice, élu écologiste dans l’opposition au conseil municipal de Toulouse, comme tête de liste.

Cette nomination a provoqué le départ de quelques colistiers, dont l’ordonnance­ment n’est pas encore arrêté en raison des remous en coulisses. « C’est un processus compliqué, avec un choc des cultures. C’est normal qu’il y ait ce genre de tensions, mais nous avons abouti à un résultat inédit. Ce!e réussite est la preuve de notre force et nous démontrons que nous pouvons dépasser nos divergence­s. Désormais, nous envisageon­s de profiter de notre premier meeting, le 19 décembre, pour présenter la liste ordonnancé­e », fait savoir Antoine Maurice. Avant de proposer les premières mesures du programme au terme de ses futures assemblées décisionna­ires composées de citoyens#? Quoi qu’il en soit, ce!e situation fait dire à certains que l’offre politique n’est pas stabilisée entre ces deux blocs de gauche qui semblent irréconcil­iables en raison de leurs divergence­s d’approche.

PIERRE COHEN ENTRE EN JEU

« Pour l’instant, deux dynamiques bien différente­s se tournent de plus en plus le dos malgré notre travail pour les unir. Mais nous restons convaincus que la démarche unitaire est indispensa­ble car il y a une vraie attente des Toulousain­s pour qu’elle se fasse. S’il n’y a pas une liste unitaire le jour du premier tour des élections municipale­s à Toulouse, alors cela laissera un boulevard à Jean-Luc Moudenc », explique Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse (2008-2014) et référent de Génération.s dans la Ville rose. Désormais dans l’opposition au conseil municipal aux côtés d’Antoine Maurice, l’élu entend être candidat également le 15 mars 2020 si cela peut aider à l’union des gauches. Mais les deux premiers blocs ne comptent pas céder face à Pierre Cohen, qui a deux options devant lui : aller au bout au risque de diviser davantage l’électorat de gauche ou se rallier à Archipel Citoyen, avec qui des discussion­s sont engagées pour parvenir à s’unir. Si les négociatio­ns venaient à aboutir, les Toulousain­s auront alors le choix entre deux listes de gauche dans trois mois. Ce scénario pourrait privilégie­r une triangulai­re, voire une quadrangul­aire au second tour, avec, dans les listes pouvant se maintenir, celle du Rassemblem­ent national portée par le conseiller régional d’opposition Quentin Lamo!e, et soutenue par La Droite populaire de Thierry Mariani.

« Selon notre dynamique et nos remontées du terrain, on pourrait se qualifier au second tour et a!eindre notre objectif qui est de ramener des élus de notre parti au conseil municipal de Toulouse », avance Quentin Lamo!e, qui compte axer sa campagne sur la propreté, l’urbanisme, les transports et la sécurité. Néanmoins, le RN risque de voir son électorat se faire grignoter par une liste Debout la France associée au mouvement Les Patriotes de Florian Philippot en cours d’élaboratio­n. « Debout Toulouse » devrait être ainsi incarné par Florian Lebrun, sur un positionne­ment politique situé entre Jean-Luc Moudenc et Quentin Lamo!e. Avec ce!e stratégie, le nouveau venu vise les 5#% des voix le 15 mars prochain, un score qui pourrait perturber les anticipati­ons de certains. En résumé, avant d’entamer la dernière ligne droite des municipale­s après le Nouvel An, chaque camp devra batailler pour conserver son électorat face à un adversaire proche sur le plan idéologiqu­e. Les élections municipale­s 2020 à Toulouse seront donc avant tout une guerre de leadership, aussi bien à droite, à gauche, qu’au centre, et des bouleverse­ments ne sont pas à exclure.

« S’il n’y a pas une liste unitaire le jour du premier tour, alors cela laissera un boulevard à Jean-Luc Moudenc » PIERRE COHEN,

ANCIEN MAIRE DE TOULOUSE ET RÉFÉRENT DE GÉNÉRATION.S

PIERRICK MERLET

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$RÉMI BENOÎT% Fort d’un soutien de sept mouvements et partis politiques, Jean-Luc Moudenc entend incarner la continuité pour sa ville.
 ?? $RÉMI BENOÎT% ?? Partie très tôt en campagne, Nadia Pellefigue (PS) se place comme la principale adversaire du maire sortant à Toulouse.
$RÉMI BENOÎT% Partie très tôt en campagne, Nadia Pellefigue (PS) se place comme la principale adversaire du maire sortant à Toulouse.

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