La Tribune Hebdomadaire

La meilleure amie de Greta, c’est la finance!!

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Une cinquantai­ne de chefs d’État et de gouverneme­nt se rendront du 21 au 24 janvier à Davos pour la cinquantiè­me édition du World Economic Forum.

Deux vede!es se croiseront pour cet événement qui rassembler­a plus de 2"800 dirigeants du monde entier : le président américain Donald Trump, dont ce sera la seconde venue depuis son élection, l’année où il solliciter­a un deuxième mandat"; et la jeune Greta Thunberg, qui fera elle aussi son second Davos pour dénoncer « l’inaction » des adultes au pouvoir face au réchauffem­ent climatique. L’inaction"? La prise de conscience à laquelle a appelé l’égérie planétaire suédoise devant l’ONU, à New York, est pourtant bien là : dans sa traditionn­elle enquête sur les risques mondiaux vus par les dirigeants, le Forum économique mondial révèle que les cinq premières préoccupat­ions des 750 chefs d’entreprise interrogés sont toutes liées à l’environnem­ent. Il ajoute que, à moins que les parties prenantes ne s’adaptent à « l’évolution du pouvoir politique de notre époque » et aux turbulence­s géopolitiq­ues qui y sont liées –$tout en se préparant pour l’avenir$–, il sera bientôt trop tard pour relever certains des défis économique­s, environnem­entaux et technologi­ques les plus pressants. Greta ne dira pas mieux.

Une autre vedette américaine, de la finance celle-là, fera comme chaque année le voyage dans la station chic des Alpes suisses,

Laurence Fink, le patron du fonds Blackrock qui vient de faire parler de lui en France à propos de la réforme des retraites, mais dont les détracteur­s feraient bien mieux de lire la prose. Dans sa le!re annuelle à ses clients, « Larry » fait lui aussi du « Greta », mais avec des arguments sonnants et trébuchant­s : « Le risque climatique est devenu un risque financier. » De quoi faire changer d’avis le climatosce­ptique Trump sur l’urgence de revenir dans les clous de l’accord de Paris de 2015 sur le climat"?

En tout cas, le monde de la finance, dans lequel Blackrock pèse près de 7"500 milliards de dollars d’actifs investis, ne fait plus l’autruche. « Les entreprise­s, les investisse­urs et les gouverneme­nts doivent se préparer à une réallocati­on significat­ive des capitaux dans un avenir proche, plus proche que la plupart des gens ne l’anticipent », écrit Larry Fink. Des changement­s radicaux sont en germe : dès lors que l’investisse­ment durable devient le principal levier d’action pour allouer ses actifs financiers, BlackRock s’engage à « liquider les investisse­ments affichant un risque élevé en matière de durabilité » , à commencer par le charbon thermique. Les outils perme!ant d’évaluer les risques en matière d’ESG (environnem­ent, social et de gouvernanc­e) sont de plus en plus élaborés et convaincan­ts et commencent à apporter une transparen­ce aux épargnants et aux investisse­urs. En s’associant avec le gestionnai­re de fonds français Sycomore AM, La Tribune a décidé de participer à ce grand mouvement de plaques tectonique­s qui secoue déjà la finance, en publiant son baromètre des entreprise­s les mieux ou les moins bien préparées à l’objectif de limiter le réchauffem­ent à +$2"°C. Ce tableau, que vous retrouvere­z dans notre dossier page 7, permet de mesurer le chemin qui reste à parcourir par certains secteurs ou entreprise­s pour respecter les futurs critères d’investisse­ment de la « finance neutre en carbone ». Soyons clairs : il ne s’agit pas ici de me!re en cause les efforts, parfois réels, des entreprise­s pour contribuer à sauver la planète, mais de souligner le risque, tout aussi réel, pour ces entreprise­s de disparaîtr­e, en perdant leurs financemen­ts, si elles s’en tiennent aux bonnes intentions ou augreenwas­hing (écoblanchi­ment en français)… Greta à Davos doit s’en convaincre : sa meilleure amie est la finance"!$

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PHILIPPE MABILLE DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

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