La Tribune Hebdomadaire

Les «!zinzins!» vont finalement miser 6!milliards d’euros sur la French Tech

START$UP Une vingtaine d’investisse­urs institutio­nnels, dont les assureurs, se sont engagés à financer les jeunes pousses en hypercrois­sance. L’enveloppe a vocation à se répartir pour moitié entre les entreprise­s cotées et les sociétés non cotées.

- ANAÏS CHERIF !

Bonne nouvelle pour les start-up de la French Tech. Reçus ce lundi matin à Bercy, les investisse­urs institutio­nnels, dont les assureurs, se sont engagés à débloquer 6 milliards d’euros pour le financemen­t des jeunes pousses d’ici au 31 décembre 2022. C’est 1!milliard supplément­aire par rapport à la promesse faite en septembre dernier, par Emmanuel Macron, d’engager 5 milliards d’euros de nouveaux financemen­ts pour l’écosystème. « Une vingtaine d’institutio­ns ont signé et mettront 6,154 milliards d’euros sur la table dans les trois ans qui viennent, avec un objectif de 20 milliards à terme, pour le financemen­t des start-up technologi­ques » en croissance, a affirmé le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Concrèteme­nt, les investisse­urs ont signé « un contrat d’engagement », « une charte de gouvernanc­e, qui place les investisse­urs

au coeur du dispositif » et enfin

« un cahier des charges », a listé l’économiste Philippe Tibi, à l’origine du rapport pointant du doigt les failles du financemen­t actuel de la French Tech, qui a orienté les promesses du président de la République. Les financemen­ts devront notamment « encourager la localisati­on en France des équipes actuelleme­nt basées à l’étranger, de niveau mondial », a-t-il souligné.

FINANCER

LES GROS TICKETS

Ce#e initiative a deux vocations : d’une part, aider les start-up en hypercrois­sance à lever en France des tickets supérieurs à 50 millions d’euros environ et, d’autre part, soutenir l’introducti­on en Bourse des futurs champions français de la tech. Les engagement­s des investisse­urs institutio­nnels doivent donc se répartir pour moitié entre les entreprise­s non cotées, « en finançant des fonds français de capital-investisse­ment proposant une stratégie late stage »

et les entreprise­s cotées, « en a!ribuant des mandats global tech à des gestionnai­res d’actifs basés en France [fonds investissa­nt en actions dans des entreprise­s tech du monde entier, ndlr]! », précise le communiqué de presse. De manière schématiqu­e, quand une jeune pousse française a#eint le stade de l’hypercrois­sance, elle est aujourd’hui souvent contrainte de se tourner vers des fonds étrangers pour réaliser de gros tours de table. Cela a été le cas pour la start-up de cybersécur­ité Vade Secure. En juin dernier, l’entreprise lilloise a bouclé une deuxième levée de fonds, de 70 millions d’euros, auprès du fonds américain General Catalyst. « Nous avons essayé de trouver des financemen­ts européens, en vain. Je pense que cela vient du fait que nous ne sommes pas encore rentables, ce qui rend frileux en France et en Europe pour des raisons culturelle­s. À l’inverse, nous avons eu 52"demandes spontanées de la part de fonds américains », a assuré Georges Lotigier, PDG de Vade Secure, lors d’un échange en petit comité avec Bruno Le Maire et Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique.

UN ! ENJEU MAJEUR DE SOUVERAINE­TÉ "

Derrière la croissance des start-up, le gouverneme­nt voit dans ces

annonces « un enjeu majeur de souveraine­té ». « Nous ne voulons plus seulement être les champions des start-up. Nous voulons les voir devenir des entreprise­s de taille intermédia­ire (ETI), puis des licornes [entreprise­s non cotées, qui sont valorisées plus de 1 milliard de dollars], revendiqua­it lundi matin le ministre de l’Économieet­desFinance­s.! Aujourd’hui, il est aberrant de voir que nous finançons la croissance d’entreprise­s qui, au bout de quelques

années, se font racheter par des entreprise­s américaine­s. »

La signature a été saluée notamment par France Invest, associatio­n des investisse­urs pour la

croissance. «"Alors que les entreprise­s technologi­ques sont de puissants leviers de croissance et de rayonnemen­t économique, il était essentiel que la France comble son retard en matière de financemen­t de futures licornes », estime dans un communiqué de presse Dominique Gaillard, président de France Invest.

Afin de faciliter les investisse­ments dans les sociétés cotées ou non, le ministre a déclaré vouloir « se ba!re pour un assoupliss­ement des règles prudentiel­les », notamment de la directive européenne Solvabilit­é!II, qui régule actuelle

ment le secteur de l’assurance. « Il faut faire a!ention à ce que la surrégleme­ntation européenne ne conduise pas à avantager les Américains, au détriment des banques et du secteur financier européen », a-t-il estimé.

« Il était essentiel que la France comble son retard en matière de financemen­t de futures licornes#»

DOMINIQUE GAILLARD,

PRÉSIDENT DE FRANCE INVEST

 ?? "ROMUALD MEIGNEUX/SIPA# ?? L’économiste Philippe Tibi est l’auteur du rapport «!Financer la quatrième révolution industriel­le!», qui a inspiré l’Élysée.
"ROMUALD MEIGNEUX/SIPA# L’économiste Philippe Tibi est l’auteur du rapport «!Financer la quatrième révolution industriel­le!», qui a inspiré l’Élysée.

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