Le modèle va être repensé
Depuis l’adoption de la loi de Finances, qui prévoit une diminution de 400 millions d’euros d’ici à 2022 des crédits alloués aux chambres de commerce et d’industrie, la CCI Occitanie doit composer avec une baisse de ses moyens. Le réseau qui regroupe 13 CCI de la Région Occitanie, dont celles de Toulouse et Montpellier, a vu son budget annuel amputé de 7,5 millions d’euros en 2019. En 2020, l’établissement public prévoit une coupe de 10 millions d’euros. Pour la période 20212022, il perdra 8,7 millions d’euros par an. Son budget annuel passera de 112 millions d’euros en 2012 à 28,7 millions d’euros, dix ans plus tard, en 2022.
UNE RÉDUCTION DRASTIQUE
«"Nous aurons eu, entre 2012 et 2022, une baisse de 75!% de nos ressources fiscales. Ce n’est pas un effort, mais un sacrifice. Pour la majorité des CCI, c’est la fin"», s’insurge Alain Di Crescenzo président de la CCI Occitanie et 1ervice-président de CCI France. Cette réduction drastique ne sera$pas sans conséquences pour les 1!400$agents des CCI territoriales d’Occitanie : 200 collaborateurs seraient sous la menace d’un licenciement. Depuis la signature, en octobre dernier, d’une convention d’objectifs et de moyens avec l’État, le réseau de chambres consulaires concentre son activité sur cinq missions : l’entrepreneuriat, l’appui aux entreprises dans leur mutation, l’accompagnement à l’international, la représentation et l’appui aux territoires, parfois au détriment des autres. «"L’aide au développement durable ou la digitalisation sont devenues facultatives alors que la France est en retard"», regre#e Alain Di Crescenzo. Dès mars prochain, une offre de services payants va être déployée avec une centaine de prestations premium telles que des études ou de l’accompagnement de projet. «"On ne transforme pas un établissement public en une entreprise commerciale du jour au lendemain. L’idée est de vendre des prestations additionnelles et non pas en compétition avec nos"entreprises"», conclut le président de$la CCI Occitanie.
De son côté, la CCI Hérault a vu la taxe pour frais de chambre (TFC) qui lui est affectée passer de 11 à 7,5 millions d’euros en trois ans. Elle a mandaté le cabinet parisien Goodwill, en 2018, pour réinventer un nouveau modèle économique. Le développement de prestations facturées, un an plus tard, semble porter ses fruits, notamment en matière de formation à l’entrepreneuriat, de conseil dans l’accès aux marchés publics ou dans le parcours digital, qui génèrent des recettes régulières. De même, la CCI Hérault crée des synergies d’action avec les collectivités territoriales, en coorganisant des opérations de type « Grand Bazar » (promotions et ambiance festive) pour booster le commerce de centre-ville ou en réalisant des études pour certaines d’entre elles, comme Sète. « Noussommes moins impactés que d’autres par la baisse de la TFC, ce qui nous permet de tenir les cinq axes définis par notre contrat d’objectifs et de performance », assure le président André Deljarry. Lequel s’active pour trouver de nouvelles ressources, en toute lucidité.
Si la chambre a revendu la quasi-totalité de ses parts dans l’aéroport de Béziers, elle garde ses 25!% au capital de celui de Montpellier, qui a aligné sa sixième année de croissance consécutive en 2019 (1,9 million de passagers).
I. L. et A. R.