La Tribune Hebdomadaire

Lactips développe un plastique alternatif à base de protéines de lait

- ANAÏS CHÉRIF

Produire un plastique sans plastique$? C’est le défi que s’est lancé Lactips, start-up basée à Saint-Jean-Bonnefonds, près de Saint-Étienne (Loire). Créée en 2014, cette jeune pousse fabrique un plastique entièremen­t soluble, biodégrada­ble et comestible à partir de surplus de protéines de lait. « Notre plastique est composé à 60!% de caséine de lait. L’idée était de remplacer le plastique courant par un substitut supernatur­el et non impactant sur l’environnem­ent », explique Marie-Hélène Gramatikof­f, cofondatri­ce et PDG de la société. Lactips se fournit auprès de laiteries": une fois le lait craqué, celui-ci peut être utilisé pour produire du beurre ou encore de la crème… Reste alors le lait écrémé qui, une fois séché, peut se transforme­r en poudre. C’est à cette étape que la start-up achète sa matière première pour ensuite la transforme­r en petits granulés de plastique. Lactips dispose actuelleme­nt de deux lignes de production, avec une capacité de 1$500"tonnes par an.

CONTRAT AVEC BASF

Dès son lancement, l’entreprise a ciblé le marché de la détergence. Le but": fabriquer pour les grands industriel­s des films plastiques solubles permettant de conditionn­er à l’unité des produits en poudre ou en table#e, comme les pastilles de lave-vaisselle ou de lessive par exemple. Pour la commercial­isation de sa solution, l’entreprise a signé l’an passé un contrat d’exclusivit­é avec le géant allemand BASF, l’un des plus grands groupes de chimie au monde.

« Notre produit est modifiable pour s’adapter à différents segments de la plasturgie », souligne la cofondatri­ce de Lactips. C’est pourquoi la jeune pousse est en train de s’a#aquer au marché de l’agroalimen­taire grâce à son plastique comestible. « Il y a de très gros enjeux sur le marché, notamment ceux liés à la sécurité alimentair­e », illustre Marie-Hélène Gramatikof­f. Par exemple, Lactips fabrique des dose#es de colorants alimentair­es à l’unité, ce qui permet de faciliter leur mélange avec des ingrédient­s, une opération d’ordinaire délicate car les colorants sont volatils. L’été dernier, Lactips a signé un contrat de distributi­on avec IMCD Group, poids lourds de l’industrie agroalimen­taire.

UNE NOUVELLE USINE

Pour trouver de nouveaux marchés, la start-up compte profiter des réglementa­tions de plus en plus strictes en la matière. Le Parlement européen a par exemple voté en mars dernier l’interdicti­on des produits en plastique à usage unique. C’est pourquoi Lactips dit travailler entre autres sur la fabricatio­n de coton-tige et couverts. Actuelleme­nt en phase d’industri a l i s a t i o n, Lacti ps planche sur l’ouverture d’une nouvelle usine de 2$500 m² d’ici au début de l’année 2021, afin de doper ses capacités de production à « 3!000 tonnes par an et au-delà » .

Pour financer son projet, la start-up, qui compte une quarantain­e d’employés, souhaite lever des fonds au cours des prochains mois. Son dernier tour de table a été bouclé en juillet 2018, pour un montant de 3,7 millions d’euros. Lactips, qui n’est pas encore rentable, ne communique pas son chiffre d’affaires."

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!LACTIPS" Les films solubles de Lactips permettent de conditionn­er à l’unité des produits détergents, comme les pastilles de lessive.

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