La Tribune Hebdomadaire

Quand le plastique devient une monnaie d’échange

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Et si la collecte du plastique était rémunérée !? Certains acteurs publics et privés parient sur ce#e solution afin de ne#oyer l’environnem­ent, prévenir la pollution marine et améliorer le recyclage. En Occident, de nombreux pays ont instauré ou étudient des systèmes de consigne. Ils prévoient le paiement d’une somme d’argent pour le contenant du produit au moment de son achat, et sa restitutio­n quand l’emballage est correcteme­nt trié. En Norvège, un tel modèle a permis d’atteindre des taux de collecte de 97!%. La

France en a discuté le principe dans le cadre de l’examen de la loi relative à la lu#e contre le gaspillage et à l’économie circulaire, et a décidé de se pencher de nouveau sur son éventuelle mise en place en 2023.

DES BOUTEILLES CONTRE DES TICKETS DE BUS

Des villes expériment également des formules similaires, restituant de la valeur aux déchets. C’est le cas de Rome, où depuis l’été 2019 les habitants peuvent échanger leurs bouteilles en plastique pour voyager dans les transports publics : 30"bouteilles pour un ticket. La maire de la ville compte désormais dupliquer le concept au sein de l’administra­tion municipale. Les bouteilles en plastique pourraient ainsi servir à payer les frais de dossier inhérents à l’obtention de documents d’état civil. La ville indonésien­ne de Surabaya permet aussi d’utiliser les transports en commun grâce au plastique : un ticket de bus y coûte trois grandes bouteilles, cinq bouteilles de taille moyenne ou dix gobelets en bon état. L’objectif est non seulement de réduire la quantité de déchets, mais aussi de favoriser une plus large utilisatio­n des transports publics, explique la ville. En Turquie, le même système est en vigueur à Istanbul : avec 28"bouteilles on peut bénéficier d’un billet pour aller de la banlieue au centre-ville. Les résultats sont au rendez-vous : dès les six premières semaines, quelque 350!000"bouteilles ont pu être collectées à Rome. À Surabaya, 16!000"personnes par semaine bénéficien­t de billets gratuits.

En Haïti, en Colombie, au Brésil, en Égypte, aux Philippine­s et en Indonésie, une entreprise canadienne, Plastic Bank, va encore plus loin dans l’attributio­n de valeur aux déchets. Non seulement elle rémunère la collecte de plastique par les population­s locales en situation de pauvreté sous forme de crédits échangeabl­es avec ce dont elles peuvent avoir besoin –"carburants durables, assurances santé, frais de scolar i t é , r e c harges de t é l é - phones…"–, mais elle valorise aussi le plastique collecté et recyclé par ses partenaire­s grâce à une marque, Social Plastic, qui en souligne l’impact social et environnem­ental. Cela permet de justifier le prix plus élevé de ce plastique par rapport au plastique recyclé ordinaire. Les entreprise­s qui l’achètent, comme le groupe allemand Henkel, espèrent en retirer à leur tour u n b é n é f i c e e n t e r me s d’image."

G. G.

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