La Tribune Hebdomadaire

Le casse-tête corse de la transmissi­on d’entreprise­s

- PAUL ORTOLI

L’Agence de développem­ent économique de la Corse (Adec) favorise la transmissi­on à travers le programme Impresa Sì (oui à l’entreprise) dans une île où transmettr­e est di%cile.

Dans une île vieillissa­nte, connaissan­t la plus forte densité artisanale de France où 96$% des entreprise­s ont moins de dix salariés, transme!re le projet d’une vie est un parcours semé d’embûches. En 2018, une étude#de l’Insee estimait que 2$500# entreprise­s insulaires étaient vouées à être transmises en dix ans. Conforméme­nt au tissu économique corse, 62$% des autoentrep­rises qui peuvent potentiell­ement être transmises sont concentrée­s dans le secteur de la constructi­on, le commerce et l’hébergemen­t restaurati­on.

ACCROÎTRE LES AIDES

Le plan Corse transmissi­on, initié cinq ans plus tôt par le conseil exécutif de Corse, posait un diagnostic similaire et entendait accroître l’aide publique : un chef d’entreprise de plus de 55# ans sur trois allait transme!re dans la moitié des cas à sa famille. L’Agence de développem­ent économique de la Corse (Adec), à travers le programme qu’elle a lancé il y a trois ans, Impresa Sì (oui à l’entreprise), favorise la transmissi­on. Celle-ci fait l’objet d’une aide « conditionn­ée à l’interventi­on d’au moins un outil financier et d’un partenaire bancaire dans le financemen­t du projet », détaillent les services de l’Adec. « Son bénéficiai­re s’engage à maintenir et à ne pas céder de nouveau l’activité pendant cinq!ans minimum à partir de la date d’octroi de l’aide. »

Dans un contexte économique difficile, les causes de la difficulté à transme!re sont clairement identifiée­s. « Dégradatio­n de l’outil de production, survaloris­ation de l’entreprise, difficulté à mobiliser les financemen­ts sont autant de freins. Mais c’est surtout le manque d’anticipati­on et la préparatio­n du cédant qui font qu’il n’est pas armé à affronter ce processus long et complexe », développe un agent territoria­l. Sans compter le déficit de candidats à la reprise. Ce facteur est souvent a%gravé par la taille ou le type de l’activité. `

« Quand on est une entreprise avec de la notoriété, il est plus aisé de transme$re, mais cela se complique pour l’artisan car il faut qu’il rencontre la bonne personne. Il faut se me$re à sa place : qui peut prendre la suite du petit!marbrier qui n’a pas d’enfant? », pose Frédéric Galiani, expert-comptable à Ajaccio. À#l’ère numérique, il s’agit donc de démultipli­er les moyens de communicat­ion afin de « favoriser le plus possible la rencontre d’un cédant et d’un repreneur », assure-t-il, même si le « réseau naturel du bouche-à-oreille !» est toujours de mise.

Dans ces longs processus, les chambres de commerce et de métiers me!ent en placent des dispositif­s, mais le rôle de l’avocat est souvent précieux. « En plus du conseil, l’avocat rédige l’acte juridique, le contrat, mais contrôle aussi le bilan, évalue le!prix et s’occupe des formalités de publicatio­n, c’est une grande responsabi­lité », résume maître Dominique Remiti, avocat au barreau d’Ajaccio. « Une transmissi­on réussie est une transmissi­on accompagné­e », tranche Frédéric Galiani.

« Cela se complique pour l’artisan car il faut qu’il rencontre la bonne personne » FRÉDÉRIC GALIANI, EXPERT!COMPTABLE À AJACCIO

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