La Tribune Hebdomadaire

Nantes, Montreuil et Toulon au top de l’attractivi­té

CLASSEMENT Le dynamisme démographi­que est un enjeu clé pour les nouveaux maires. Notre sondage sur les défis qui les attendent.

- GRÉGOIRE NORMAND

L’évolution démographi­que est un enjeu clé pour les maires et candidats aux élections municipale­s. La taille de la population détermine entre autres le montant de la dotation globale de fonctionne­ment (DGF), le nombre de conseiller­s municipaux et leurs rémunérati­ons. Selon le dernier recensemen­t de population (2017), la France comptait environ 67 millions d’habitants. Sur ce total, les villes de plus de 100!000 habitants représente­nt environ 15 % de la population française.

UNE ÉROSION PERÇUE COMME UN MAUVAIS SIGNAL

La croissance démographi­que annuelle des dix premières villes (1,1 %) se révèle environ trois fois supérieure à la moyenne nationale (0,4 %). Derrière ces moyennes, de fortes disparités subsistent. Certaines communes connaissen­t des départs massifs de population au profit de la périphérie, des villes moyennes ou des zones rurales. Pour les élus locaux, ce"e érosion est souvent perçue comme un mauvais signal en termes d’a"ractivité et d’emplois. Dans le classement que nous avons établi (voir page 23), les trois villes qui arrivent sur le podium sont Nantes, Montreuil et Toulon. Viennent ensuite Montpellie­r et Toulouse. La préfecture de Loire-Atlantique est la commune de plus de 100!000#habitants qui a connu la plus forte dynamique démographi­que (+ 5,7 %) entre le 1er janvier 2013 et le 1er janvier 2017 (dernière date disponible). La population municipale a ainsi gagné plus de 16!000 habitants en l’espace de quatre ans, soit plus de 4!000#habitants par an en moyenne. Dans le Grand Ouest, Rennes est la deuxième ville à se démarquer avec 5!400 habitants en plus, soit une hausse annuelle d’environ 0,6 % en moyenne. La capitale bretonne comptait ainsi plus de 216!000 habitants au 1er janvier 2017.#

En région parisienne, trois communes tirent leur épingle du jeu. Il s’agit de Boulogne-Billancour­t, Saint-Denis et Montreuil. Saint-Denis a ainsi gagné près de 5!500 habitants (+ 3,8 %!; 147!000 habitants). Boulogne-Billancour­t, quiestlaco­mmuned’Île-de-France la plus peuplée après Paris, a a"iré 3!200 habitants supplément­aires (+ 2,8 %). La population municipale s’établissai­t à 120!000 en 2017. Dans le Sud, Montpellie­r, Toulouse et Bordeaux ont vu leur population s’accroître de plus de 4 % sur la période. La capitale de la région Occitanie est celle qui a gagné le plus d’habitants (+ 21!000), soit plus de 5!000 nouveaux résidents chaque année.

LES PLUS FORTES BAISSES À MULHOUSE ET LIMOGES

À l’opposé, Mulhouse (–#2,3 %), Limoges (–#2,1 %) et Paris (–#1,9 %) sont les communes qui ont enregistré les plus fortes baisses démographi­ques en variation. Viennent ensuite Metz (–# 1,8 %) et Caen (–#1,7 %). Le Havre a également perdu près de 2!000 habitants entre 2013 et 2017. La ville portuaire, ancienneme­nt dirigée par le Premier ministre Édouard Philippe, est passée de 172!000 à 170!000 habitants. Toujours dans l’Ouest, Le Mans est également en perte de vitesse démographi­que avec près de 1!300 habitants en moins en quatre ans. La capitale française perd, elle, en moyenne 10!000 habitants par an environ, soit une baisse de 0,5 %. Sur le plan géographiq­ue, ce"e chute profite parfois aux communes de la périphérie (Saint-Denis, Boulogne-Billancour­t…) qui connaissen­t un boom démographi­que. Déjà en décembre 2018, une étude de l’Insee montrait que la ville perdait chaque année environ 11!000 habitants sur la période 2011-2016.

À PARIS, DAVANTAGE DE DÉPARTS QUE D’ARRIVÉES

Les années 2010 ont marqué une rupture avec la décennie précédente. En effet, les statistici­ens expliquaie­nt que la Ville lumière gagnait environ 13!000 habitants par an entre 2006 et 2011. Ce déclin démographi­que devrait se poursuivre au moins jusqu’en 2024, puis se redresser légèrement pour s’établir autour de 2,2 millions d’habitants selon de récentes projection­s de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). À Paris, l’excédent naturel (solde des naissances et des décès) a clairement diminué depuis 2010 avec près de 15!300 personnes supplément­aires en moyenne entre 2011 et 2015, contre 17!100 personnes par an entre 2006 et 2010. Le moindre dynamisme de la natalité explique en partie l’état de ce solde naturel. En parallèle, le déficit migratoire, c’est-à-dire la différence entre les départs et les arrivées, s’est dégradé. Les auteurs de la note relèvent que les migrations résidentie­lles «!contribuen­t à façonner la démographi­e parisienne avec des arrivées constantes de jeunes adultes, souvent venus à Paris pour poursuivre leurs études ou démarrer leur parcours profession­nel et des départs de familles et de personnes aux âges de la retraite!». La hausse des prix de l’immobilier a contribué à repousser à l’extérieur du périphériq­ue des familles issues des classes moyennes qui n’arrivent plus à se loger lors de l’arrivée d’un enfant par exemple. À cela s’ajoute la montée en puissance des plateforme­s de locations touristiqu­es qui sont encadrées dorénavant par un arsenal juridique et réglementa­ire renforcé.

Dans certains arrondisse­ments, la proportion de logements inoccupés a augmenté de trois points depuis 2011. En valeur absolue, ce"e hausse correspond à environ 41!000 résidences principale­s en moins entre 2011 et 2016. D’après les prévisions de l’Apur, la population des quartiers centraux chuterait au profit des autres arrondisse­ments, à l’exception du XVIe. Un défi de taille pour la prochaine équipe municipale.

GRÉGOIRE NORMAND

Données de recensemen­t des population­s municipale­s relevées par l’Insee pour les communes de plus de 100!000 habitants, entre le 1er janvier 2013 et le 1er janvier 2017.

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