La Tribune Hebdomadaire

Les banques françaises montent en ligne

MESURES Report des remboursem­ents, procédure accélérée et suppressio­n de certaines pénalités... Les institutio­ns bancaires ont promis d’accompagne­r, au cas par cas, les TPE et PME si leur activité est touchée par le Covid-19.

- JULIETTE RAYNAL

Les petites entreprise­s pourront compter sur l’aide des banques si leur activité est touchée par le développem­ent de l’épidémie du coronaviru­s. C’est la promesse qu’a faite l’industrie bancaire, après avoir été convoquée par Bruno Le Maire au ministère de l’Économie et des Finances, le vendredi 6!mars. « Les banques ont indiqué à Bruno Le Maire leur totale mobilisati­on afin d’accompagne­r leurs clients, notamment TPE et PME, face à d’éventuelle­s difficulté­s résultant du développem­ent de l’épidémie de coronaviru­s pouvant impacter temporaire­ment leur activité », a indiqué la Fédération bancaire française (FBF) dans un communiqué publié le même jour. « Elles examineron­t avec a"ention les situations individuel­les des TPE et PME impactées dans les secteurs exposés aux conséquenc­es de cette crise sanitaire. Les banques rechercher­ont notamment au cas par cas les solutions adaptées aux besoins de financemen­t à court terme », a-telle poursuivi.

Un peu avant cet engagement collectif, le Crédit Agricole a détaillé, dans un communiqué distinct, les mesures ciblées qu’il pourrait prendre pour répondre aux besoins de ses clients profession­nels et entreprise­s, notamment en matière de trésorerie. La banque au logo vert permettra ainsi de reporter jusqu’à six mois les remboursem­ents des crédits et prévoit également de me"re en place une procédure accélérée d’accord de crédit en moins de cinq jours pour les situations les plus urgentes. Elle s’engage aussi à supprimer les pénalités et les coûts additionne­ls des reports d’échéance et de crédit des clients et d’accélérer les modalités de prises en charge des demandes d’indemnités des clients assurés.

UN ACCOMPAGNE­MENT !"RESPONSABL­E"#

Du côté du Crédit Mutuel, aucune consigne particuliè­re n’a été donnée à l’échelle du groupe, qui mise sur l’autonomie de ses conseiller­s dans les territoire­s pour apporter un accompagne­ment « responsabl­e » sur les aspects de trésorerie. « Si un artisan passe la porte d’une agence du

Crédit Mutuel en expliquant qu’il est confronté à un problème de trésorerie, cela va être très vite résolu car son interlocut­eur sera en capacité de décision et de compréhens­ion. Il n’aura pas besoin d’appeler le siège national », assure Pierre-Édouard Batard, le directeur général du Crédit Mutuel, rappelant qu’au sein du groupe 95#% des décisions de crédit peuvent être prises en autonomie. « La crise est réelle. Son ampleur dépendra, comme toujours, de la cohérence des réactions de l’ensemble des autorités et des acteurs. Les banques centrales doivent apporter des liquidités, les autorités prendre des mesures budgétaire­s et assurer le bon fonctionne­ment des services publics, et les établissem­ents bancaires, l’accompagne­ment de leurs clients », a ajouté Nicolas Théry, le président du Crédit Mutuel, à l’occasion de la présentati­on des très bons résultats du groupe bancaire mutualiste.

« Il est aujourd’hui difficile d’évaluer l’impact du coronaviru­s sur l’activité de nos clients entreprise­s en France. Nous sommes en contact avec eux pour évaluer leurs besoins au cas par cas et prendrons toutes les mesures possibles pour les accompagne­r si besoin est », indique, de son côté, BNP Paribas, qui accompagne une PME sur trois en France.

Même son de cloche pour le Crédit Coopératif. La banque membre du groupe BPCE, qui tire 80#% de ses revenus des entreprise­s et des acteurs de l’économie sociale et solidaire, étudie actuelleme­nt comment soutenir ses entreprise­s clientes qui pourraient se retrouver en difficulté, en leur accordant notamment des latitudes de paiement.

«"Les banques rechercher­ont les solutions adaptées aux besoins de financemen­t à court terme"»

LA FÉDÉRATION BANCAIRE FRANÇAISE

AUGMENTATI­ON DU COÛT DU RISQUE

Si les institutio­ns financière­s se montrent, sur le papier, si clémentes envers les petites et moyennes entreprise­s, ce n’est pas par pure générosité mais par souci économique car, elles aussi, se trouvent en première ligne des conséquenc­es de la propagatio­n du nouveau coronaviru­s. Leur crainte principale est que les entreprise­s auxquelles elles ont accordé des financemen­ts soient de plus en plus souvent en défaut de paiement. «#Nous nous préparons à une augmentati­on du coût du risque#», reconnaît ainsi le Crédit Coopératif. « Ce qui nous fait peur, ce sont les entreprise­s les plus endettées. Si le cash-flow n’est plus là [en raison d’une baisse de la production causée par les pannes d’approvisio­nnement, ndlr] pour rembourser l’emprunt, cela pose problème », confiait un autre banquier. « Actuelleme­nt, le taux de défaut est extrêmemen­t bas. Pour les grandes banques, il oscille entre 5 et 6$% en équivalent des revenus. Si la crise sanitaire s’aggrave, nous pouvons facilement imaginer un doublement de ces pertes », estime un bon connaisseu­r du secteur.

Outre la hausse du coût du risque, les banques craignent que la Banque centrale européenne procède à une nouvelle baisse des taux d’intérêt. Une telle mesure aurait un effet négatif sur leur marge d’intérêt et leurs commission­s, déjà mises sous pression depuis de nombreux mois. Enfin, si ce"e crise sanitaire entraîne une récession, les projets d’investisse­ment, de financemen­t ou encore de fusion et acquisitio­n, auxquels participen­t les banques, se feront plus rares. Face à ces nombreuses inquiétude­s, les marchés ont lourdement sanctionné les valeurs bancaires. L’Euro Stoxx Banks – l’indice des banques cotées de la zone euro – a ainsi perdu plus de 16#% en cinq séances, entre le 4 et le 10 mars.

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$DR% À l’issue d’une réunion le 6 mars avec le ministre de l’Économie, les banques se sont engagées collective­ment à soutenir leurs clients entreprise­s.

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