La Tribune Hebdomadaire

Les clés du succès fulgurant de Colonies, le champion français du «!coliving!»

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IMMOBILIER

Un an après un tour de table de 11 millions d’euros, Colonies réussit une méga-levée de fonds de 180 millions d’euros pour ouvrir une centaine de résidences de « coliving » (habitat partagé) et popularise­r en France et en Europe ce mode de vie à mi-chemin entre la colocation et l’appartemen­t individuel.

Accélérati­on spectacula­ire pour Colonies. Trois ans à peine après sa création et un an après une première levée de fonds de 11 millions d’euros, le champion français du «#coliving#», ce mode de vie à mi-chemin entre l’intimité de l’appartemen­t individuel et la sociabilit­é de la colocation, a annoncé mercredi 4 mars le succès d’un nouveau tour de table massif de 180 millions d’euros. Le fonds d’investisse­ment LBO France mène l’opération en injectant à lui seul 150 millions d’euros sous forme de projets immobilier­s dans la start-up fondée par Alexandre Martin, Amaury Courbon et François

Roth. Les investisse­urs historique­s, Idinvest Partners, Global Founders Capital et La Financière Saint James, apportent de leur côté 30 millions d’euros directemen­t en fonds propres. Concrèteme­nt, Colonies imagine, conçoit et gère des « résidences hybrides » pour le compte d’un investisse­ur immobilier ou d’un promoteur. Comme dans un logement individuel, chaque locataire dispose de sa propre « bulle d’intimité », composée d’une chambre, d’une salle de bains, de toile!es et d’une kitchene!e. En revanche, le salon et la cuisine sont communs à l’ensemble des résidents, comme dans une colocation. « Chaque résidence est conçue avec des architecte­s et des designers, afin de maximiser l’espace et proposer le plus grand confort possible », précise le PDG, Alexandre Martin.

Comme le fait son cousin éloigné WeWork, champion mondial du coworking, Colonies complète son offre de coliving avec de nombreux services et une touche de technologi­es. Du côté des services, le loyer inclut l’accès à Internet, les charges (eau, électricit­é, gaz), le ménage hebdomadai­re ou encore la location de vélos ou de tro!ine!es pour les trajets quotidiens. Du côté technologi­que, toutes les démarches sont dématérial­isées grâce à une plateforme en ligne, de la réservatio­n du logement à la signature électroniq­ue du bail, en passant par le dépôt de garantie. Une applicatio­n mobile permet aussi de communique­r avec la communauté et même de recevoir une clé électroniq­ue pour ouvrir l’accès au logement avec son smartphone.

UN LOYER GLOBAL REVERSÉ AU PROMOTEUR

Cinq résidences sont déjà opérationn­elles, dont trois en France (Paris 20e, Fontainebl­eau et Noisy-le-Grand) et deux à Berlin. La levée de fonds va perme!re d’en faire sortir de terre une cinquantai­ne en 2020, et une centaine en tout, à Paris, Marseille, Bordeaux, Genève ou encore Berlin. À chaque fois, le même modèle économique : Colonies s’engage auprès du promoteur à lui reverser un loyer global fixé à l’avance, et s’occupe lui-même de trouver les locataires de chaque logement, de gérer les entrées et les sorties, l’entretien des parties communes (%usqu’à fournir le liquide vaisselle et le papier toile!e) et les relations quotidienn­es avec les occupants. Autrement dit, Colonies se voit avant tout comme une plateforme technologi­que et une marque au concept modulable à l’infini, plutôt que comme un énième acteur de l’immobilier. Si les barrières à l’entrée sont faibles –#de nombreux concurrent­s dans l’immobilier traditionn­el ou des start-up proposent des solutions de coliving#–, Colonies se distingue par son approche de plateforme qui lui permet de dupliquer très facilement sa recette, les nombreux services qu’elle propose aux locataires, et la crédibilit­é qu’elle a gagnée grâce à ses premiers projets avec des acteurs de l’immobilier, qui la voient comme un prestatair­e. « Nous ne sommes pas une foncière puisque nous n’avons pas la propriété des murs, mais nous travaillon­s avec les promoteurs et les investisse­urs immobilier­s. C’est ce$e crédibilit­é qui nous permet de lever autant d’argent, affirme Alexandre Martin. Pour eux, c’est du gagnant-gagnant car ce secteur est très archaïque : on répond à une demande sociétale croissante et on transforme l’expérience client en apportant de la modernité, des technologi­es et du service. »

En revanche, contrairem­ent à WeWork, qui a privilégié un modèle capitalist­ique et une expansion rapide partout dans le monde qui!e à creuser ses déficits, Colonies s’impose la rentabilit­é sur chaque résidence. La start-up prélève une marge –#qu’elle n’a pas voulu révéler#– sur les loyers des locataires… qui ne se sentent pas lésés puisqu’ils ont accès pour le prix d’un petit appartemen­t dans le parc privé à un grand espace de vie partagé. En hypercrois­sance, Colonies a recruté 30#personnes en 2019, pour un effectif de 38#salariés actuelleme­nt. En 2020, la start-up compte recruter 40#nouveaux collaborat­eurs, en ciblant particuliè­rement les développeu­rs immobilier­s, les architecte­s pour internalis­er le design des logements, les project managers et les profils tech.

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