La Tribune Hebdomadaire

Nantes!: une a"ractivité aux multiples enjeux

Devenue la ville la plus attractive de France, Nantes doit désormais réguler les e!ets de sa croissance dans un environnem­ent devenu plus sensible aux phénomènes sociaux et climatique­s.

- FRÉDÉRIC THUAL

Dans les années 1990, on appelait ça l’«#effet côte ouest#», subtile campagne de communicat­ion municipale destinée à faire croire aux Parisiens qu’ils pourraient aller plonger une tête dans l’océan à la sortie du boulot… Le ministère des Affaires étrangères, les services informatiq­ues de la Poste et d’autres s’y sont délocalisé­s et ont montré la voie. Jusqu’à ce que Nantes, surnommée «#la Belle Endormie#» au lendemain de la désindustr­ialisation, s’affiche comme «#la ville où il fait bon vivre#» dans de nombreux palmarès. Après un déclin de sa population dans les années#1970, la ville a gagné quelque 60!000#habitants en trente ans. En 2017, sa population a"eignait 309!346 habitants, soit 16!628 personnes de plus que lors du précédent recensemen­t en 2013, faisant de Nantes la ville plus attractive de France avec une croissance de 5,68#%.

UN FORT TAUX DE NATALITÉ

Faut-il y voir un effet des politiques publiques#? «!Ce n’est pas les petits bras des politiques publiques qui génèrent des flux de population aussi importants. J’y vois plutôt un effet de la démographi­e mondiale, une conséquenc­e des dynamiques économique et sociale nationales et des politiques de métropolis­ation. Ce n’est pas une spécificit­é nantaise. Nantes n’a fait qu’accompagne­r cette croissance. Si les gens viennent, ici, c’est qu’ils ont un projet de vie!», analyse Hervé Patureau, directeur planificat­ion territoria­le, habitat et démographi­e de l’Agence d’urbanisme de la région nantaise (Auran). «!Historique­ment, Nantes a toujours connu un fort taux de natalité. Quand 16"000 personnes arrivent chaque année en Loire-Atlantique, 8500 habitants s’installent sur la métropole, mais 45% sont liés au solde naturel et 55% aux effets migratoire­s. Les politiques publiques se sont plutôt concentrée­s sur l’accompagne­ment de l’augmentati­on de la population et la régulation des effets négatifs d’une demande croissante!», ajoute-t-il.

DES VOIX DIVERGENTE­S

Appuyée sur une économie diversifié­e autour de l’industrie (aéronautiq­ue, navale, agroalimen­taire…), du tourisme et des services, Nantes a su tirer son épingle du jeu en affichant un taux de chômage passé sous la barre des 7#% en 2019. Là encore, un des meilleurs résultats hexagonaux. Avec toutefois de fortes disparités d’un quartier à l’autre. Élue capitale verte de l’Europe en 2013, capitale de l’innovation en 2019, Nantes s’est engagée à construire 6!000 logements par an, dont 30% de logements sociaux, pour répondre à des demandes qui «!s’expriment dans toutes les tranches d’âge!» sur un marché de l’immobilier particuliè­rement tendu. Dépossédée de son projet d’aéroport, terrain de nombreuses et violentes revendicat­ions, Nantes voit aussi s’élever des voix, de l’extrême gauche surtout, des écologiste­s bien sûr, mais aussi, plus surprenant, des rangs de la chambre de commerce et d’industrie pour dénoncer ou temporiser une attractivi­té montrée du doigt.#

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!ISTOCK" Industrie florissant­e, chômage au plus bas, proximité de l’océan… Nantes s’a$che depuis les années 1970 comme «#la ville où il fait bon vivre#».

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