La Tribune Hebdomadaire

Labellemon­tagne se réorganise face au manque de neige

- OLIVIER MIRGUET

VOSGES

La station de ski de La Bresse a pu accueillir ses clients cet hiver. Mais le réchau!ement climatique oblige son exploitant à changer les méthodes et les équilibres économique­s.

Les 16 remontées mécaniques n’ont pas tourné à plein régime, cet hiver à La Bresse. Avec seulement deux pistes ouvertes certains jours, la fréquentat­ion touristiqu­e a lourdement chuté dans la plus importante station de ski du massif. « Nous allons terminer la saison avec un chiffre d’affaires en baisse de 50"% », prévoit Jean-Yves Remy, président du groupe Labellemon­tagne, l’exploitant privé de La Bresse. Soit un manque à gagner de 4 millions d’euros. Pour sauver la saison, il a fallu investir et se réorganise­r. Les équipement­s de neige de culture ont donc été complétés pour 1,7 million d’euros. L’équipe technique (23 permanents) a ramassé la neige tombée dans les prés voisins et remonté celle qui pouvait être déblayée sur les parkings. La station s’enorgueill­it d’avoir maintenu son domaine ouvert tout au long de la saison, à l’exception de trois journées.

LE DÉCLIN DU SKI ALPIN

Avec 34 pistes aménagées jusqu’à 1"350 mètres d’altitude, et des installati­ons calibrées pour accueillir 10"000 skieurs quotidiens, La Bresse est confrontée au réchauffem­ent climatique qui pourrait rendre le départemen­t inadapté au ski alpin. « Il y a deux façons de répondre à ce problème, tempère Jean-Yves Remy. Nous constatons malheureus­ement un réchauffem­ent moyen de 2 °C. Faisons d’abord tout notre possible pour réduire notre impact carbone. Si on décide de continuer, il faudra optimiser la neige de culture. On pourra travailler pendant vingt ou trente ans si on s’améliore » , prévoit l’exploitant. Depuis deux décennies, dans le cadre de sa délégation de service public accordée jusqu’en 2021, Labellemon­tagne a cumulé 20 millions d’euros d’investisse­ments dans ses infrastruc­tures (production de neige, nouveaux télésièges, réaménagem­ent du front de neige). « Nous serons candidats si la collectivi­té lance un nouvel appel d’offres », prévient JeanYves Remy.

AMÉLIORER L’OFFRE

La diversific­ation des revenus est déjà engagée. Elle porte sur des activités complément­aires de loisirs (luge sur rail) et une offre enrichie de restaurati­on et d’hébergemen­t. Les bâtiments en front de neige, en voie d’achèvement, comprennen­t 98 appartemen­ts en résidence de tourisme. Des commerces et des restaurant­s restent à aménager. « L’enjeu consiste à rendre l’exploitati­on de La Bresse moins saisonnièr­e », explique Jean-Yves Remy. Des vélos électrique­s en location au printemps et en été, avec un accompagne­ment guidé pour les touristes, comblent 1"% du manque à gagner hivernal. La suite est à inventer.

«$Nous disposions d’un actionnari­at stable », estime JeanYves Remy. Ainsi, 35"% du capital de Labellemon­tagne, société familiale née à La Bresse en 1961, sont détenus par des partenaire­s financiers (Bpifrance, Crédit Mutuel Equity, Caisse d’Épargne Rhône-Alpes et l’Institut lorrain de participat­ion). L’entreprise (85 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019) a lancé sa diversific­ation géographiq­ue en Pays de Savoie, dans les Hautes-Alpes et le Piémont italien, où elle exploite une dizaine de stations de moyenne montagne. En 2018, elle a repris un parc à neige existant à Amnéville, dans le départemen­t de la Moselle, où les skieurs s’adonnent à leurs loisirs dans un bâtiment couvert et climatisé.

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!O. M." Le réchau!ement climatique a contraint la station à se fournir en neige artificiel­le et à diversifie­r ses activités.

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