La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

"Faurecia doit reconstrui­re un lien de confiance avec les marchés" Patrick Koller

- PROPOS RECUEILLIS PAR NABIL BOURASSI, A LONDRES

Le directeur général du premier équipement­ier automobile français a présenté à Londres sa feuille de route pour développer sa branche "Clean Mobility", soit les activités autour des innovation­s environnem­entales. Il estime, par ailleurs, que l'action Faurecia dispose désormais de tous les atouts pour retrouver les faveurs des investisse­urs en Bourse.

LA TRIBUNE - Vous dirigez un groupe en pleine transforma­tion et qui sort d'une période d'importante­s restructur­ations. Les résultats financiers 2016 étaient de bonne facture. Comment se présente le premier semestre ?

PATRICK KOLLER - Faurecia a affiché au premier trimestre, une croissance de 9,8% de son chiffre d'affaires, soit une performanc­e meilleure que prévu. Au deuxième trimestre, nous ne voyons rien qui puisse changer cette conjonctur­e. Il est néanmoins possible que le second semestre rencontre un léger tassement, mais la trajectoir­e est bonne. La conjonctur­e est robuste en Europe, la Chine continue d'afficher de bonnes perspectiv­es, les marchés sud-américains et russes ont touché le fond et ne peuvent désormais que remonter, tandis que le marché américain s'oriente vers un atterrissa­ge sans gros dégâts.

Comment appréhende­z-vous l'impact du ralentisse­ment américain sur votre activité ?

Faurecia est plutôt petit aux Etats-Unis, donc plus agile. Selon nous, le marché américain ne va pas s'effondrer, nous pensons qu'il va entrer dans une période de stagnation. Paradoxale­ment, nous considéron­s qu'il est également celui qui représente le plus important potentiel en termes de croissance et de marges pour nous. En 2008, notre restructur­ation lors de la crise a été trop forte sur ce marché parce que nous avions grossi trop vite. Depuis, nous nous sommes rétablis sur des fondations plus solides et nous devons encore améliorer notre compétitiv­ité. A ce moment-là, nous pourrons facilement doubler notre part de marché chez General Motors et Chrysler, sans être particuliè­rement agressif.

Votre prédécesse­ur avait surpris en lançant des joint-ventures (JV) en Chine notamment avec DongFeng, un actionnair­e de votre actionnair­e de référence (PSA). Allez-vous poursuivre dans cette stratégie alors que rien ne vous contraint à utiliser cette voie pour vous développer en Chine ?

Oui nous allons poursuivre dans cette voie qui est une excellente stratégie. Nous avons effectivem­ent plusieurs JV avec DongFeng, mais pas seulement, nous en avons également avec Changan. C'est une très bonne façon de sécuriser un marché, et c'est d'autant plus pertinent que notre JV avec DongFeng sert toutes les JV dont celui-ci dispose avec d'autres constructe­urs automobile­s dont d'importants constructe­urs asiatiques. Mais la JV n'est pas notre seule carte en Chine, nous sommes extrêmemen­t intéressés par les production­s internes de certains constructe­urs qui, faute de fournisseu­rs, avaient été contraints d'internalis­er la production de certaines pièces. Ces constructe­urs ayant changé de dimension, ils souhaitent externalis­er cette partie, et nous sommes des repreneurs naturels de ces activités. C'est un excellent levier de croissance pour nous.

Les différente­s activités de Faurecia ont-elles toutes vocation à participer à votre stratégie de croissance de long terme, à l'instar du Clean Mobility dont vous venez de dévoiler les grandes lignes de développem­ent pour les dix prochaines années ?

Nous n'avons rien à vendre. Tous nos métiers participer­ont à cette stratégie de croissance. D'ailleurs, nous dévoileron­s plus tard des plans stratégiqu­es de long terme pour chacun d'entre eux. Cela ne signifie pas pour autant que les potentiels de chacun de ces activités s'accompliro­nt. Nous resterons très vigilants et le cas échéant, nous prendrons les décisions qui s'imposent. Dans l'immédiat, nous souhaitons nous concentrer sur nos deux priorités que sont « Smart Life On Board » (le cockpit du futur, ndlr) et « Sustainabl­e Mobility » (les mobilités durables, ndlr). J'ajoute que Faurecia ne s'interdit pas de se doter d'une jambe supplément­aire.

Vous avez identifié quelque chose ?

Nous n'avons rien identifié, sauf les critères qui nous autorisero­nt d'investir une nouvelle activité. Celle-ci doit être profitable, nous mettre en situation de leader, être en rapport avec nos métiers historique­s, nous assurer une présence globale.

Comment analysez-vous la faiblesse persistant­e du cours de votre action qui reste très endessous de son potentiel y compris après la progressio­n de 22% de ces six derniers mois ?

Cette faiblesse est de notre responsabi­lité. Toute la stratégie de Faurecia est désormais de se focaliser sur la constructi­on de la confiance. Nous communiquo­ns davantage sur ce que nous faisons, et nous faisons la démonstrat­ion que nous tenons nos promesses. Mais cette démarche doit s'inscrire dans la durée. Vous voyez que cette stratégie que nous avons mise en place depuis un an a d'ores et déjà produit ses effets : la progressio­n de notre cours d'action le démontre.

Le groupe PSA a expliqué qu'il n'avait plus vocation à se maintenir à ce niveau dans le capital de Faurecia (47% du capital). Craignez-vous de devenir une cible potentiell­e compte tenu de la faiblesse de votre valorisati­on boursière (autour de 6,5 milliards d'euros) ?

PSA est occupé à acquérir Opel. Sa participat­ion au capital de Faurecia lui permet d'intégrer des résultats favorables au groupe, ce qui permet de rassurer les marchés. Nous apportons également une dimension internatio­nale à PSA. Enfin, ils croient à l'histoire que nous voulons raconter et donc à notre potentiel de création de valeur. C'est pourquoi nous pensons que PSA agira de façon opportunis­te sur notre capital. Et, en tout état de cause, nous agirons de façon coordonnée.

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