La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Déficit : la Cour des comptes évoque un trou de 9 milliards d'euros en 2017

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Selon les calculs, cette somme correspond à environ 0,4 point de PIB, soit un déficit public atteignant 3,2% du PIB. Supérieur, donc, aux 2,8% visés par le précédent gouverneme­nt.

L'audit des finances publiques que la Cour des comptes doit rendre public jeudi a identifié un trou conséquent de 9 milliards d'euros dans le budget 2017 par rapport à la trajectoir­e des finances publiques du précédent gouverneme­nt. C'est l'hebdomadai­re satirique Le Canard enchaîné qui dévoile l'informatio­n après avoir consulté le rapport.

Dans le détail, le trou correspond, selon les calculs de Reuters, à environ 0,4 point de PIB, soit un déficit public atteignant 3,2% du produit intérieur brut (PIB) en fin d'année. Un chiffre déjà évoqué par TF1 lundi soir mais que le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a refusé de commenter et également avancé mardi dans un article publié par le site internet des Echos.

Selon le quotidien économique, qui cite une source proche du dossier, l'audit de la Cour soulignera­it l'impact de différents facteurs - dont certains ont été relevés par l'opposition dès la présentati­on du budget 2017 à l'automne dernier - comme la recapitali­sation à venir d'Areva.

Sont également citées, pour expliquer le décalage entre les prévisions et la situation actuelle, des dépenses sous-budgétées (comme les emplois aidés) ou des recettes moins importante­s qu'attendu dans la lutte contre la fraude fiscale au niveau du service qui gère les "repentis fiscaux", le STDR (service de traitement des déclaratio­ns rectificat­ives).

DES MESURES D'ÉCONOMIE POUR ATTEINDRE L'OBJECTIF

Interrogé mardi par des journalist­es en marge d'un déplacemen­t à Paris, Bruno Le Maire a une nouvelle fois botté en touche. "Je recommande, même si c'est une lecture peut-être un peu plus aride, de lire le rapport de la Cour des comptes qui sortira jeudi pour avoir des chiffres exacts plutôt que de lire Le Canard enchaîné", a déclaré le ministre de l'Economie.

Son prédécesse­ur à Bercy, Michel Sapin, contacté par l'hebdomadai­re, a déclaré qu'un déficit de 3,2% avait bien été prévu par la direction du Budget en février mais que, pour compenser, le gouverneme­nt avait alors gelé pour 10 milliards de crédits, ce dont la Cour n'aurait pas tenu compte.

Bruno Le Maire, mais aussi le Premier ministre, Edouard Philippe, et le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, ont multiplié ces dernières semaines les déclaratio­ns suggérant que le déficit public de la France serait supérieur aux 2,8% du PIB visés par le précédent gouverneme­nt, voire au seuil de 3% sous laquelle la France s'est engagée à le contenir en fin d'année.

Pour respecter ses engagement­s européens et préserver sa crédibilit­é, l'exécutif - qui a affirmé à plusieurs reprises son intention de ne pas avoir recours à une loi de finances rectificat­ive cet été prévoit donc des mesures d'économies.

"Nous ferons avec Gérald Darmanin, au Premier ministre, au président de la République, un certain nombre de propositio­ns qui concernero­nt tous les secteurs de la dépense publique. On ne va pas passer le rabot sur un ministère ou sur un autre. Il faut que l'Etat, les collectivi­tés locales, les dépenses sociales, chacun fasse un effort", a ainsi déclaré Bruno Le Maire lundi sur TF1.

UN TROU DE 17 MILLIARDS D'EUROS EN 2018

La Cour a déjà estimé le mois dernier que les conditions propices de l'année 2016 n'avaient pas été suffisamme­nt mises à profit pour rétablir les finances publiques et que l'accélérati­on durable des dépenses ainsi que des reports de charges et des "accommodem­ents critiquabl­es" faisaient peser "un risque sur l'exécution 2017".

Elle avait également estimé que l'accélérati­on des dépenses observée l'an dernier, en lien avec le plan d'urgence pour l'emploi, les recrutemen­ts dans la police et l'armée ou encore les effets différés des mesures en faveur des fonctionna­ires, se manifester­aient au-delà de l'année 2017.

De fait, les 17 milliards d'euros manquants pour 2018 évoqués par Le Canard enchaîné représente­nt un écart de 0,7 point de PIB, ce qui aboutirait à un déficit public à 3,0% en fin d'année, contre 2,3% dans les prévisions du précédent gouverneme­nt.

Le programme économique d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidenti­elle repose sur un déficit public à 3% du PIB à fin 2017 - un niveau comparable aux prévisions des grands organismes internatio­naux - et prévoit de maintenir le solde public sous ce seuil des 3% (hors mesures exceptionn­elles) tout au long du quinquenna­t.

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