La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Le Danemark, pays du bonheur, doit... encore progresser

- ALICE CASSOULAT

Le Danemark arrive à la première place du classement dressé par le Social Progress Imperative, qui tente de déterminer la qualité de vie dans chaque pays. Cependant, malgré des progrès, les Etats évalués par l'étude n'exploitent pas leur plein potentiel en matière de bien-être.

En 2017, il n'y a pas de meilleur endroit pour vivre que le Danemark. D'après une étude de The Social Progress Imperative dirigée par le Professeur Michael E. Porter de Harvard et le Professeur Scott Stern du MIT, le pays arrive en tête du classement des endroits où la qualité de vie est la plus élevée.

Les enquêteurs définissen­t ce classement en fonction de critères précis tels que l'accès à Internet, la liberté d'expression et l'accès à un bon système de santé. Seul critère auquel ils ne portent pas vraiment d'importance : l'argent qui, selon eux, ce n'est pas la clé du bonheur.

En comparaiso­n, la France est classée 19ème et les Etats-Unis 18ème, malgré un PIB bien plus élevé que celui du Danemark.

UN PAYS QUI EXCELLE DANS L'ÉPANOUISSE­MENT DE SES HABITANTS

Pour ce qui concerne l'accès à l'informatio­n et aux moyens de communicat­ions, le Danemark est à la pointe. En effet quasiment tous les citoyens danois possèdent un téléphone et ils sont très nombreux à utiliser Internet (96% contre 75% aux Etats-Unis). Les prix des logements sont plus abordables et le Danemark accorde aussi plus de liberté de choix et d'expression à ses habitants.

Bien que le budget du pays alloué sociales et environnem­entales (44.042 dollars par habitant) soit moins élevé que celui des Etats-Unis (52.704 dollars) et celui de la Norvège (63.650 dollars), le Danemark l'emporte en utilisant cet argent plus efficaceme­nt que les autres 128 pays de l'étude en 2017, d'après le Social Progress Index.

"LE DANEMARK N'EST PAS NON PLUS UN PARADIS DE PROGRÈS SOCIAL"

Pour Michael Green, le directeur de l'étude ce n'est pas suffisant. En effet, selon lui, le Danemark pourrait faire beaucoup plus d'efforts en ce qui concerne l'éducation, la tolérance religieuse, et l'espérance de vie.

Par ailleurs, le pays fait face à un problème de taille : une pénurie de main d'oeuvre qui limite considérab­lement sa progressio­n. D'après Kristian Jensen, le ministre danois des Finances, le Danemark est de moins en moins accueillan­t et n'arrive pas à attirer chez des profession­nels qualifiés pour soutenir son économie. Ceci est en partie dû à la politique d'immigratio­n trop stricte du pays, dirigé depuis plus de dix ans par un gouverneme­nt anti-immigratio­n.

En effet, certaines lois danoises telles que la "loi sur les bijoux" qui autorise le gouverneme­nt à confisquer les biens de valeurs aux immigrants et aux demandeurs d'asile, met un frein à l'immigratio­n. En plus de cela, ceux qui viennent de pays dangereux et en guerre n'ont droit à aucun soutien économique de la part de l'Etat, et la nationalit­é danoise est de plus en plus difficile à acquérir pour les étrangers.

"Nous pourrions facilement augmenter la main d'oeuvre au Danemark en diminuant les taxes. [Mais] le Danemark est bizarre dans le sens où des réductions d'impôts ne sont pas particuliè­rement populaires", explique Kristian Jensen, d'après Bloomberg.

UN PROBLÈME MONDIAL QUI PERSISTE

Mais ce n'est pas seulement le Danemark qui réussit moins bien qu'espéré. En effet, malgré les progrès des dix dernières années, le monde entier est beaucoup moins performant dans le social que ce que son PIB moyen pourrait rendre possible. Les points faibles restent l'eau et l'hygiène, ainsi que l'éducation et le taux d'alphabétis­ation.

"Nous avons les ressources pour faire mieux. Le principal problème est la persistanc­e des inégalités entre les nations pauvres et les nations riches. Les flux d'aide globale ne sont pas suffisants pour aider les pays les plus pauvres à subvenir aux besoins basiques de leurs habitants," déclare Michael Green.

Selon lui, ce n'est pas qu'une simple question de budget ou de meilleure économie qui peut régler ce problème. Les pays, même les plus pauvres doivent être innovants et créatifs pour améliorer leur société.

Social Progress (@socprogres­s)

#SocialProg­ress Index looks beyond $ to what else society needs to thrive, which ultimately affects long-term growth https://t.co/xX0GtFbnNW pic.twitter.com/t5jLDYyGfl

27 Juin 2017

"Une croissance économique seule n'est pas suffisante pour faire avancer les sociétés et améliorer la qualité de vie de leurs citoyens. Un vrai succès, et une croissance inclusive, nécessiten­t d'accomplir des progrès sociaux en parallèle", affirme le Professeur Michael E. Porter dans le rapport du Social Progress Index.

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