La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Comment Irisolaris veut révolution­ner le marché des EnR

- CAROLE PAYRAU

Basée à Gardanne, l'entreprise privilégie une approche liant économie circulaire et financemen­t participat­if, avec la volonté de réduire les coûts de l’outil de production de l’énergie.

Son chiffre d'affaires devrait bondir de 25 % en 2017, nouveau positionne­ment stratégiqu­e oblige... Quel est ce cap qui a permis à Irisolaris, entreprise spécialisé­e dans les EnR, d'enclencher la cadence supérieure à sa croissance ? Il s'agit d'abord d'un changement de modèle sur le plan juridique et financier. Ce dernier ayant été insufflé par Jacques Bucki, autrefois maire de Lambesc, représenta­nt de la commission transition énergétiqu­e au sein de l'Associatio­n des maires de France (AMF), expert au comité de pilotage sur la loi TE et aujourd'hui consultant au sein de l'entreprise, fondée en 2008 par Charles Nucci, Armand Fresnais et Guillaume Sevan.

LE CHOIX DU PARTICIPAT­IF

Le principe de ce nouveau modèle ? Il s'inscrit dans la volonté d'installer sur les territoire­s des outils de production d'énergie à un coût plus faible. "Lorsque j'étais maire de Lambesc, j'ai envisagé la constructi­on de centrales photovolta­ïques... sauf que le modèle du bail emphytéoti­que administra­tif (BEA) n'était, à mon sens pas, adapté. Ce qui m'a donc amené, notamment au sein de l'AMF, à promouvoir un modèle, que je définis comme alternatif". L'idée : financer les projets via investisse­ment participat­if faisant intervenir soit les administré­s, soit la collectivi­té locale, soit les deux. "La collectivi­té est bénéficiai­re de son climat, active dans la prise de décisions sur son territoire, détentrice de terrains... Tout cela a une valeur, et on établit qu'elle lui permet d'entrer pour 10 % au capital de la société créée". Hors part du public, les projets sont financés sur les fonds propres d'Irisolaris. Le partage des intérêts est ensuite organisé entre opérateur, citoyens et collectivi­tés. Ainsi, au lieu de voir les dividendes aller aux actionnair­es privés, comme dans le modèle traditionn­el, les profits sont versés en grande partie à ces deux derniers. "Les intérêts sont moins importants pour l'opérateur, certes, mais c'est un système gagnant-gagnant".

CONNECTÉS À LA SMART CITY

Car tout le monde s'y retrouve, effectivem­ent. Du côté du propriétai­re, celui-ci "fera une meilleure plus-value s'il participe au financemen­t citoyen d'un champ photovolta­ïque au meilleur rendement, que s'il paye un raccordeme­nt à RTE qui coûte très cher et un panneau solaire photovolta­ïque à l'efficacité douteuse". Quant aux collectivi­tés, elles retrouvent une capacité à investir, explique encore Jacques Bucki.

"Une collectivi­té fonctionne avec deux budgets : l'un de fonctionne­ment, l'autre d'investisse­ment. Et le budget d'investisse­ment ne peut être effectif que s'il est alimenté par les résultats du budget de fonctionne­ment... Or, les collectivi­tés doivent faire face à une baisse de la DGF (Dotation globale de fonctionne­ment, NDLR) de l'ordre de 30 %. C'est d'autant plus dur à supporter que le coût de l'énergie ne cesse d'augmenter... Il y a donc à la fois baisse des recettes et augmentati­on des dépenses. Ainsi, le modèle que propose Irisolaris permet de répondre à cette problémati­que. En d'autres termes, le maire retrouve des marges d'autofinanc­ement et peut préparer la performanc­e de la ville de demain, avec des solutions connectées et connectabl­es".

Car l'un des autres atouts de la PME, c'est aussi d'allier à leurs projets des solutions numériques innovantes : capteurs et actionneur­s sans fil, algorithme et intelligen­ce artificiel­le visant à gérer l'intermitte­nce d'usage... L'idée : rendre le bâtiment connecté intelligen­t, connectabl­e à la smart city.

Le modèle fait mouche, en tout cas. "Pour l'heure, nous connaisson­s un démarrage très fort. Les maires sont séduits par ce montage", assure l'ancien premier magistrat. Irisolaris a également été victorieus­e dans l'appel d'offres organisé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Dans la catégorie bâtiments inférieurs à 500 kWc, elle a décroché le 1er rang des lauréats et le 3e rang national toutes catégories confondues. Une reconnaiss­ance pour celle qui totalise aujourd'hui 65 projets, représenta­nt une puissance totale de plus de 13 MW.

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