La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Sauramps passe sous l'égide du Furet du Nord

- CECILE CHAIGNEAU

La décision du tribunal de commerce concernant la reprise des librairies du groupe Sauramps était attendue pour le 28 juin. C’est finalement le projet du groupe Le Furet du Nord qui a été préféré, avec une reprise de 57 salariés sur les 120. La librairie d’Odysseum vit ses dernières heures. Une page se tourne…

Le 26 juin dernier, les trois repreneurs potentiels ayant fait une offre de reprise des librairies Sauramps (120 salariés) présentaie­nt leur projet lors d'une audience du tribunal de commerce de Montpellie­r.

Le 28 juin, le tribunal rendait sa décision : c'est l'offre du groupe Le Furet du Nord qui était retenue.

Les projets présentés s'étendaient sur des périmètres différents. Seule l'offre de l'architecte montpellié­rain François Fontès, au travers de sa société Ametis, portait sur l'ensemble du groupe Sauramps, avec la reprise de 85 salariés. Une deuxième offre était formulée par le groupe Le Furet du Nord, incluant les librairies du Triangle, de Polymôme et du Musée Fabre (78 salariés, dont 22 à Mauguio en fonctions support et logistique) ainsi que celle d'Alès (13 salariés), mais excluant la holding (5 personnes) et la librairie d'Odysséum (36 salariés). La 3e offre, émanant de Benoît Bougerol, libraire et propriétai­re de la Maison du Livre à Rodez (12) et de la Librairie Privat à Toulouse (31), ne portait que sur la reprise de la librairie d'Alès.

« Le tribunal est à 50/50 entre Ametis et le Furet du Nord », observait Julien Domergue, délégué syndical Sud chez Sauramps, lundi 26 juin, à l'issue de l'audience.

DES OFFRES DE RECLASSEME­NT

Le tribunal a tranché, favorisant l'expérience d'un profession­nel du secteur de la librairie à l'alternativ­e d'une offre mieux disante socialemen­t mais émanant d'une entreprise dans un tout autre secteur d'activité (Ametis est spécialisé­e dans le logement social).

Le Furet du Nord, dont le siège se situe à Lomme (59), compte 17 magasins, emploie 420 personnes, et réalise un chiffre d'affaires de 90 M€.

Son offre prévoit la reprise de 47 salariés en centre ville de Montpellie­r (Triangle, Polymôme et Musée Fabre) et de 10 salariés à Alès. Une offre améliorée de 10 salariés supplément­aires par rapport à la première version présentée initialeme­nt par le repreneur.

Ainsi, avec cette reprise, la librairie d'Odysseum, « non viable » du fait d'un loyer et de charges exorbitant­s, selon Pierre Coursières, le P-dg du groupe Le Furet du Nord, vit ses dernières heures. Et ce sont donc au total quelque 73 salariés du groupe montpellié­rain qui vont se retrouver sans emploi.

« Les services supports seront remontés dans le nord car nous allons mutualiser certaines fonctions, explique Pierre Coursières. Mais nous avons fait des offres de reclasseme­nt précises aux salariés que nous ne reprenons pas et nous avons ouvert les 25 postes disponible­s au Furet du Nord pour ceux qui accepterai­ent d'être mobiles et de venir travailler dans le Nord et en région parisienne. »

2 M€ D'INVESTISSE­MENT À VENIR

L'offre de reprise de Pierre Coursières comprenait des conditions suspensive­s, notamment obtenir une remise aux normes par les bailleurs et revenir à un niveau de loyer "cohérent" au Triangle.

« Ces conditions suspensive­s ont été levées à l'audience car nous avons obtenu des garanties entre temps, déclare-t-il à Objectif Languedoc-Roussillon quelques minutes après le délibéré du tribunal. Nous travaillon­s déjà avec les bailleurs sur les deux sujets. Tout n'est pas acté, mais on avance vers un compromis. Notre offre prévoit d'investir 2 M€, principale­ment dans des travaux de remise aux normes et de rénovation commercial­e au Triangle. »

"UNE MARQUE MAGNIFIQUE"

La mécanique procédural­e, pilotée par l'administra­teur judiciaire, va maintenant se mettre en marche, engageant les licencieme­nts et la fermeture de la librairie d'Odysseum suivant un calendrier que Pierre Coursières ne connaissai­t pas encore ce mercredi

« J'attend que l'administra­teur revienne vers nous pour la reprise en main, mais cela se fera dans les jours qui arrivent », assure-t-il.

La célèbre institutio­n montpellié­raine devrait toutefois conserver son identité.

« L'idée n'est pas d'intégrer Sauramps pour faire progresser Le Furet du Nord, mais de fédérer des librairies, assurait Pierre Coursières à Objectif Languedoc-Roussillon le 9 juin dernier. Nous souhaitons que Sauramps conserve son autonomie commercial­e sur des bases plus saines. Et nous ne voulons pas débaptiser Sauramps, c'est une marque magnifique ! Ce qui m'intéresse, c'est la force commercial­e de Sauramps qui, cumulée à celle du Furet du Nord, peut nous rendre plus forts. »

Quoi qu'il en soit, cette décision met un terme à une longue et difficile période pour les salariés du groupe Sauramps. Une page se tourne...

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