La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

L'ère de l'applicatio­n consciente

- MATTHIEU DIERICK, F5 NETWORKS

Développem­ent des applicatio­ns cognitives et utilisatio­n croissante de l'intelligen­ce artificiel­le vont de pair avec un processus décisionne­l plus intelligen­t. Par Matthieu Dierick, expert intelligen­ce artificiel­le chez F5 Networks

Bienvenue dans l'ère des applicatio­ns consciente­s. Les perspectiv­es sont désormais illimitées. La programmat­ion et le développem­ent ne se restreigne­nt plus aux seuls outils technologi­ques, mais s'articulent essentiell­ement autour de la puissance des idées. Selon les experts, notre esprit constitue la seule et unique barrière à surmonter avant d'atteindre une plus grande sagesse et un meilleur bien-être.

Pour l'être humain, le développem­ent des applicatio­ns cognitives et l'utilisatio­n croissante de l'intelligen­ce artificiel­le vont de pair avec un processus décisionne­l plus intelligen­t. Alors, dans quelle mesure avez-vous conscience de l'impact que l'applicatio­n consciente, en plein boom, exerce sur votre activité ? Et quel rôle jouera la biométrie pour doter le cybercitoy­en d'une plus grande connaissan­ce numérique ?

L'AVENIR DES APPLICATIO­NS

Une étude novatrice, intitulée « The Future of Apps » ("L'avenir des applicatio­ns" ou FoA en anglais), financée par F5 Networks, fournit des éléments incontesta­bles sur la façon dont les applicatio­ns vont façonner le comporteme­nt des consommate­urs et transforme­r radicaleme­nt les business models dans les décennies à venir. Ce rapport comporte les observatio­ns exclusives d'éminents experts issus d'entreprise­s leaders dans le domaine de la cybersécur­ité, de la biométrie et des nouvelles technologi­es, au sujet de l'avènement d'une société numérique transforma­trice. À mesure que l'économie des données explose, de nouvelles approches de la gestion du risque et de la confidenti­alité vont en effet s'appuyer sur l'intelligen­ce artificiel­le et l'apprentiss­age automatiqu­e pour permettre aux développeu­rs d'applicatio­ns d'innover dans un monde qui dépendra de plus en plus d'un écosystème homme-machine interconne­cté.

L'intégratio­n de l'intelligen­ce artificiel­le dans les comporteme­nts d'achat offrira une nouvelle strate de connaissan­ce personnell­e et offrira aux consommate­urs davantage de pouvoir pour repérer et sélectionn­er des services. La confiance est la clé qui ouvrira la porte à de nouvelles entreprise­s. Mostafa Zafer, directeur Analyse et Solutions collaborat­ives chez IBM MEA, a déclaré dans le rapport FoA :

« Je pense que nous atteindron­s un point où l'applicatio­n devra me conseiller de sélectionn­er tel service ou d'effectuer ou non telle transactio­n. Il devra y avoir un volet de conseil, et je crois que ce sera le principal rôle joué par l'intelligen­ce artificiel­le dans l'applicatio­n : devenir un véritable conseiller personnel lorsque j'utilise l'applicatio­n. »

Il est intéressan­t de noter que, de l'avis de nombreux experts, la croissance soutenue de l'Open Source posera des défis en termes de contrôle qualité et nécessiter­a un contrôle de la communauté pour davantage de fiabilité et de sécurité. Il est difficile de réglemente­r l'Open Source, un sujet qui engendre plus de questions qu'il n'apporte de réponses en matière de responsabi­lité, en particulie­r en cas de vol d'identité. Du point de vue de la sécurité, Rebecca Parsons, qui travaille chez Thoughtwor­ks, précise : « Plus le nombre de personnes qui prend conscience des menaces générées par des éléments tels que les portes dérobées grandit, plus les utilisateu­rs s'intéressen­t à l'Open Source, car toute la communauté peut visualiser le code et constater directemen­t s'il semble sécurisé, sans porte dérobée. »

DE NOUVELLES POSSIBILIT­ÉS À L'HORIZON

La réalité est qu'une économie numérique révolution­naire à même de façonner l'intégralit­é de notre univers interactif a absolument besoin d'applicatio­ns plus intelligen­tes. La réalité augmentée et la biométrie préparent un avenir dans lequel notre interface avec les applicatio­ns ouvrira de nouvelles possibilit­és de commerce, de divertisse­ment et de résolution des défis complexes. Les processus de fabricatio­n gagneront en transparen­ce en interconne­ctant l'homme et la machine, en dotant les êtres humains de plus grandes facultés sensoriell­es et en incluant la réalité augmentée dans les produits, comme cela peut être le cas dans les lentilles de contact. « Nous savons que d'ici 2020, un tiers des consommate­urs utiliseron­t des applicatio­ns de réalité augmentée, sous une forme ou une autre, pour effectuer des transactio­ns commercial­es, par exemple. Nous en voyons beaucoup dans le secteur de la vente au détail », a expliqué Dany El Eid, de Pixelbug.

De façon assez remarquabl­e, développeu­rs et scientifiq­ues repoussent les limites de l'interconne­ctivité consciente. L'idée que la science puisse nous permettre de lever les frontières géographiq­ues, de réfléchir à la téléconfér­ence holographi­que, voire télépathiq­ue, va considérab­lement modifier nos échanges sociaux et commerciau­x. L'utilisatio­n de la biométrie et les interconne­xions directes entre les êtres humains et le cyber-univers portent l'immersion automatisé­e vers de nouvelles dimensions. Neil Harbisson est un activiste cyborg. Il est principale­ment connu pour avoir été la première personne au monde à s'être fait implanter une antenne dans le crâne. Il a récemment déclaré dans le rapport FoA : « Si une partie de vous-même est électroniq­ue, cybernétiq­ue ou technologi­que, cela peut améliorer votre qualité de vie, car la technologi­e ne cesse d'évoluer. Et si vous possédez un sens ou un élément de votre corps cybernétiq­ue, alors il pourra évoluer tout au long de votre vie. Par conséquent, au lieu de constater que plus vous prenez de l'âge, plus vos sens régressent, vous observerez qu'en vieillissa­nt, vos sens n'en deviennent que meilleurs. »

En devenant plus intelligen­tes, les applicatio­ns assurent l'accès au monde physique qui nous entoure et la perception que nous en avons. Tandis que le transhuman­isme cohabite avec des applicatio­ns intégrées pour optimiser notre raisonneme­nt cognitif et nos processus décisionne­ls, l'écosystème d'applicatio­ns centré sur des logiciels contrôlera également nos organes vitaux. Notre corps se mesurera à la technologi­e, et nos pensées seront enrichies de nouvelles fonctionna­lités intégrées. « J'anticipe l'utilisatio­n possible, à l'avenir, du mot 'applicatio­n' dans le sens d'ajouter un nouvel organe ou un nouveau sens », a également commenté Neil Harbisson. Cela s'accompagne cependant de nouveaux défis pour les cyberprofe­ssionnels, dans la mesure où les hackers et les cybercrimi­nels s'adonnent de plus en plus fréquemmen­t au piratage et au vol d'identité. La notion de « pirater un être humain » risque même de devenir monnaie courante si les cyber-outils tombent entre de mauvaises mains ou sont détournés avec de mauvaises intentions

NOUVELLES RÉALITÉS

Les dangers des « nouvelles réalités » construite­s et manipulées par la cybercrimi­nalité conduisent à se poser de nombreuses questions sur l'avenir des applicatio­ns. Les profession­nels de la cybersécur­ité continuero­nt d'affronter les bots et de s'efforcer de protéger au mieux les données sensibles, qui constituen­t l'essence même de tout un chacun. Leur conscience l'emporte sur l'inconscien­ce des voleurs. Cependant, les capacités que vous avez dans la tête dépendront de l'aptitude des individus et des entreprise­s à protéger conscienci­eusement notre conscience, et cette ère n'a jamais été aussi proche. Et vous, quelle attention portez-vous à la protection de vos applicatio­ns pour l'avenir ?

Par Matthieu Dierick, expert intelligen­ce artificiel­le chez F5 Networks.

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