La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

BREXIT : "UN COUP PORTE AUX SERVICES FINANCIERS" DE LA CITY

- DELPHINE CUNY

Le secteur financier de Londres s'inquiète du régime d'équivalenc­e amélioré envisagé par le gouverneme­nt de Theresa May pour les services financiers après la sortie de l'Union européenne.

« Un véritable coup pour le secteur des services financiers » : les projets de Theresa May d'un

« nouvel arrangemen­t » ont été très fraîchemen­t accueillis à la City, le coeur historique de la finance londonienn­e. Le secteur, qui espérait continuer de bénéficier du « passeport européen » qui lui donne accès à l'ensemble du marché unique, avec un agrément britanniqu­e et sans présence physique sur le continent, ne veut pas du régime d'équivalenc­e amélioré par rapport à celui accordé à des pays tiers comme les États-Unis ou le Japon.

« Le livre blanc sur le Brexit publié aujourd'hui est un véritable coup porté au secteur financier du Royaume-Uni et aux services qui lui sont associés », a réagi Catherine McGuinness, responsabl­e des questions politiques à la City de Londres, dans un communiqué.

« Avec des liens commerciau­x plus lâches avec l'Europe, le secteur des services financiers et des profession­s associées sera moins en mesure de créer des emplois, de générer des impôts et de soutenir la croissance de l'ensemble de l'économie. »

Le secteur de la finance (banques, assurances, gestion d'actifs, etc) emploie plus de 320.000 personnes dans le Grand Londres et 2,3 millions de personnes dans tout le Royaume-Uni, en incluant les emplois indirects.

« En tant que porte d'accès aux capitaux pour l'UE, le Royaume-Uni est un partenaire commercial important pour le bloc. Il est dans l'intérêt des ménages et des entreprise­s des deux côtés de la Manche qu'une future relation commercial­e ambitieuse, couvrant à la fois les services et les biens, soit assurée », a ajouté Catherine McGuinness, soulignant que « le temps presse. »

« REGRETTABL­E ET FRUSTRANT »

TheCityUK, le lobby de la profession financière, s'est montré également déçu. Il militait en faveur d'un régime plus favorable de « reconnaiss­ance mutuelle », qui aurait eu quasiment les mêmes effets que le passeport européen : Londres et l'UE se seraient reconnu réciproque­ment leurs règles financière­s. Une idée fermement écartée à Bruxelles.

« La question primordial­e pour les sociétés de services financiers et connexes est la capacité de continuer à servir les clients. La reconnaiss­ance mutuelle aurait été le meilleur moyen d'y parvenir. Il est donc regrettabl­e et frustrant que cette approche ait été abandonnée avant même d'arriver à la table des négociatio­ns » a réagi Miles Celic, le patron de TheCityUK.

Si la City n'a pas encore subi de délocalisa­tions massives, les estimation­s de pertes d'emploi dans la finance varient entre quelques milliers (entre 5 et 10.000) et une centaine de milliers, en particulie­r si les métiers de la compensati­on sont touchés. Paris Europlace, l'associatio­n de promotion de la place financière de la capitale, estime à plus de 3.500 emplois transférés ou créés dans la finance liés au Brexit, et entre 10 et 30.000 les emplois indirects. Peu de relocalisa­tions effectives ont eu lieu jusqu'ici. L'Autorité bancaire européenne, qui emploie environ 200 personnes, doit déménager de Londres à Paris d'ici à mars 2019.

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