La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
"REDEFINIR LES POLITIQUES CLIMATIQUES" PATRICK CRIQUI, CNRS
Depuis le début des années 2000, le "Facteur 4" - soit la division par quatre des émissions de GES en 2050 par rapport à 1990 - constituait en France le point focal des politiques énergie-climat. Il a permis au long de ces années de structurer des politiques autour de l'augmentation de l'efficacité énergétique et de la mobilisation des énergies renouvelables. Cela en accord avec le paquet climat-énergie européen de 2008, dit "trois fois vingt" : 20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec 20% d'énergies renouvelables et 20% d'efficacité énergétique supplémentaires. Par Patrick Criqui, Directeur de recherche au CNRS, spécialiste en économie du climat
Depuis l'Accord de Paris et la publication du Rapport 1,5°C du GIEC, la perspective a changé et le point focal ou l'"objet frontière" des politiques énergie-climat est devenu la neutralité carbone. C'està-dire l'équilibre entre les émissions résiduelles et les puits de carbone gérés par l'homme, d'où l'expression Zéro Emissions Nettes (ZEN) également retenue pour définir cet objectif. A l'échelle globale et après le rapport du GIEC, cette neutralité carbone devrait être atteinte dans la deuxième moitié du siècle, le plus proche possible de 2050 pour limiter les risques.
Mais en France la nouvelle Stratégie Nationale Bas Carbone retient cet objectif de neutralité carbone dès 2050, en raison notamment de l'obligation morale d'une action plus précoce des pays industrialisés. Le passage à cet objectif, beaucoup plus ambitieux que le Facteur 4, conduit à redéfinir les concepts et méthodes pour la conception et la mise en oeuvre des politiques.