La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
POURQUOI LA "RIGUEUR DOUCE" DE MACRON PASSE SI MAL
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, pourquoi la "rigueur douce" de Macron passe si mal
Avec Macron peut-on parler de rigueur ? Le mot est flou bien entendu. Et il faut déjà s'entendre sur son sens. La rigueur, ce n'est pas la purge, comme on l'a vu en Grèce, en Espagne ou au Portugal. C'est lorsque l'État se met à prélever plus qu'il ne dépense, ou baisse plus vite ses dépenses qu'il ne diminue les prélèvements. C'est donc un moment où l'ajustement financier des acteurs publics pèse négativement sur la richesse des agents privés. Et cette rigueur est d'autant plus ressentie que l'ajustement pèse directement sur les ménages et sur un grand nombre de ménages. La répartition de l'effort est donc à prendre en compte.
Pour commencer, donc, quelle est l'intensité de l'ajustement des comptes publics sous Macron ? Pour cela, il faut scruter l'évolution du déficit budgétaire et se centrer plus spécifiquement sur sa composante structurelle. En effet, la réduction du déficit qui est imputable aux meilleures rentrées fiscales ou aux moindres dépenses sociales en phases haute conjoncture, ne relèvent pas de la rigueur. Et puis l'effet positif de la décrue des taux d'intérêt sur la charge de la dette ne peut pas non plus être assimilé à de la rigueur. In fine, pour cerner la véritable ponction de l'État sur les agents privés, c'est la variation de ce que l'on appelle le solde primaire structurel qu'il faut observer. Le problème, c'est que le déficit structurel, celui qui témoigne des inflexions permanentes de dépenses ou de recettes, n'est pas directement observable. Il relève d'une petite tambouille de macro-économiste et comporte de ce fait une certaine dose d'incertitude. Je vais me référer ici aux calculs opérés par la commission européenne et ceux de l'OCDE. Que nous disent-ils ?