La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)
BANQUE : LE GUICHET UNIQUE EST MORT, VIVE LE MULTI-SERVICE !
OPINION. La transition numérique bouleverse le traditionnel modèle de guichet unique de la banque, qui a perdu de sa valeur. Les pouvoirs publics doivent adapter la régulation à cette nouvelle donne, plaide Alexandre Prot, cofondateur et directeur général de la néobanque pour PME Qonto.
Le paysage bancaire est en pleine mutation. Pendant des décennies, les établissements bancaires ont été pour les ménages une sorte de guichet unique, grâce auquel il était possible d'accéder à une large gamme de services : un compte courant bien sûr, mais aussi un crédit immobilier, divers produits d'épargne, des produits d'assurance et bien d'autres choses encore.
Il faut dire que les banques avaient un besoin critique de se diversifier. Il leur fallait amortir des actifs stratégiques et coûteux. Offrir tous ces services n'était pas de trop pour couvrir leurs coûts fixes. L'agrément bancaire, octroyé par le régulateur, représente un coût d'immobilisation considérable : il faut déployer un système d'information performant, des outils de maîtrise des risques, une documentation abondante, des équipes conformité et des processus ultra-rigoureux.
L'autre actif qui coûte cher, c'est cet immense réseau d'agences locales que chaque banque doit opérer pour avoir une chance d'entrer en contact avec de potentiels clients. Là aussi, le coût est exorbitant : des emplacements convoités dans tous les centres-villes ; des dispositifs sophistiqués pour sécuriser les fonds ; et des dizaines de milliers de salariés répartis sur tout le territoire.
De leur côté, c'est bien volontiers que les clients ont adopté le guichet unique. Puisqu'il leur fallait se déplacer pour accéder aux services bancaires, autant les avoir tous au même endroit, recommandés par le même conseiller qui inspirait tant confiance !