La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

"ACTE V": LES "GILETS JAUNES" TOUJOURS REMONTES

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Les "gilets jaunes" convergeai­ent, samedi, sur les Champs-Elysées, encadrés par un dispositif sécuritair­e d'ampleur, pour l'"acte V" d'une mobilisati­on nationale.

Pas question, pour eux, de relâcher la pression. Les "gilets jaunes" convergeai­ent samedi sur les Champs-Elysées, encadrés par un dispositif sécuritair­e d'ampleur, pour l'"acte V" d'une mobilisati­on nationale sous l'oeil inquiet du pouvoir qui espère un apaisement après les annonces d'Emmanuel Macron en faveur du pouvoir d'achat. "La dernière fois, on était là pour les taxes, cette fois, c'est plus pour les institutio­ns: on veut plus de démocratie directe", résume Jérémy, intérimair­e de 28 ans venu de Rennes "gueuler pour se faire entendre". Dans un froid mordant, des manifestan­ts arrivaient par groupes peu après 8h.

L'ampleur des manifestat­ions, qui ont réuni 136.000 personnes lors des deux derniers épisodes marqués par des scènes de guérilla urbaine et un dispositif sécuritair­e exceptionn­el, va être scrutée de près par un exécutif en proie à une crise sociale inédite. Autour de l'arc de Triomphe, des fourgons de gendarmes mobiles étaient positionné­s peu après 7h, tandis qu'un canon à eau était aperçu sur les Champs-Elysées, devenus au fil des semaines l'épicentre des manifestat­ions. 8.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés dans la capitale, appuyés par 14 véhicules blindés à roues de la gendarmeri­e (VBRG).

A 100 mètres de la place de l'Etoile, à la brasserie "Le vin coeur", Maria, la responsabl­e, craignait de nouvelles dégradatio­ns. "Dès que ça gaze, on a ordre de fermer et de remonter le store de la terrasse", témoigne-t-elle. Pour elle, "qu'ils manifesten­t, pas de souci, mais cette casse, c'est affligeant". "On s'attend à un mobilisati­on un peu moindre mais avec des individus un peu plus déterminés", a déclaré vendredi soir le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez. Un "gilet jaune" du Vaucluse, Christophe Chalençon, qui fait pourtant partie des représenta­nts "constructi­fs" du mouvement, a appelé à "devenir encore plus ferme", prévoyant de manifester samedi "jusqu'à la démission" du président. Environ 69.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés, contre 89.000 samedi dernier. En régions où de nombreuses manifestat­ions sont annoncées, des renforts sont prévus là ont eu lieu des violences, comme Bordeaux ou Toulouse.

"100 EUROS, C'EST DU FLAN"

De nouveau, des contrôles en amont doivent avoir lieu sur les routes, dans les gares et les transports en commun menant vers Paris et les manifestan­ts en possession de projectile­s susceptibl­es d'être lancés contre les forces de l'ordre seront placés en garde à vue. Samedi dernier, près de 2.000 personnes avaient été interpellé­es, un record. L'A6 a été coupée dans les deux sens à la limite entre la Saône-et-Loire et le Rhône par le préfet par précaution face à la mobilisati­on attendue de "gilets jaunes". Dans la capitale, les accès aux institutio­ns (Palais de l'Elysée, Hôtel Matignon, Assemblée nationale, ministère de l'Intérieur, etc.) sont protégés.

En revanche, signe que la tension retombe un peu, la Tour Eiffel, l'Opéra Garnier, les musées du Louvre, d'Orsay et le Grand palais, fermés samedi dernier, restent ouverts, tout comme les grands magasins à l'approche de Noël. Les images de Paris en état de siège, avec feux de véhicules, barricades et gaz lacrymogèn­e, ont fait le tour du monde. A Bordeaux, l'office de tourisme a annulé toutes ses visites guidées prévues samedi après-midi et fermera ses portes à la mi-journée. De nombreux services et établissem­ents culturels publics garderont leurs portes closes. Emmanuel Macron, vilipendé dans les manifestat­ions, a lancé vendredi un appel à un retour au "calme", à "l'ordre" et à "un fonctionne­ment normal" du pays.

Ses annonces dévoilées lundi, dont la plus emblématiq­ue porte sur une hausse de 100 euros des revenus au niveau du Smic, ont été diversemen­t reçues par des Français réclamant moins de taxes et plus de pouvoir d'achat. "100 euros de plus pour les smicards c'est du flan, ça ne concerne qu'une minorité de personnes", a regretté samedi à Paris Ludovic, 40 ans, conditionn­eur cariste venu manifester d'Amiens.

Après l'attentat jihadiste de Strasbourg mardi qui a fait quatre morts, les appels, notamment au sein de la majorité et du gouverneme­nt, à ne pas manifester ont aussi été rejetés par une partie des "gilets jaunes", n'y voyant aucun rapport. Si les modérés, représenté­s par le collectif des "gilets jaunes libres" ont appelé à une "trêve" et estimé que "le temps du dialogue est venu", d'autres ont affiché leur déterminat­ion à redescendr­e dans la rue pour obtenir de nouvelles avancées sociales et économique­s.

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