La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

ACHATS DE NOEL : LES "GILETS JAUNES" ET LE SENTIMENT D'INSECURITE BOOSTENT LE ECOMMERCE

- ESTELLE NGUYEN

Les manifestat­ions des "Gilets jaunes" et le sentiment d'insécurité lié à la crainte de débordemen­ts et à la menace terroriste, accélèrent l'évolution des usages vers la vente en ligne. Le chiffre d'affaire du e-commerce pour la période de Noël devrait progresser de près de 14% sur un an.

Le commerce en ligne peut dire merci aux "Gilets jaunes". D'après la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), les sites de vente en ligne devraient réaliser au total 19 milliards

d'euros de chiffre d'affaires sur la période de Noël, soit 2,5 milliards d'euros de plus que l'an dernier (+13,8%). Sur l'ensemble du troisième trimestre, la fédération dénombre 37,7 millions de cyber-acheteurs en France, soit 861.000 de plus que l'an dernier, dont 87% pour préparer les festivités.

Éviter la foule en magasin reste la première motivation pour acheter en ligne (58%). Ne pas avoir à se déplacer (54%) et bénéficier d'un choix plus large (46%) sont aussi plébiscité­s.

LES "GILETS JAUNES", MEILLEURS ALLIÉS D'AMAZON ET CONSORTS

Si le phénomène d'achat en ligne n'a désormais rien de nouveau, la mobilisati­on des "Gilets jaunes" l'a toutefois amplifié. Face aux blocages des manifestan­ts, qui se sont rassemblés partout en France tous les samedis depuis le 17 novembre, les Français se sont davantage tournés vers les achats de Noël en ligne, délaissant les commerces physiques. Ce lundi 17 décembre, le Conseil national des centres commerciau­x (CNCC) a d'ailleurs indiqué que les cinq weekends de méventes liées au mouvement ont causé une perte de 2 milliards d'euros au secteur du commerce. À l'inverse, le site de commerce en ligne Rakuten (ancienneme­nt PriceMinis­ter) a récemment indiqué avoir enregistré un bond de 65% des ventes le samedi 8 décembre, comparé au même jour un an plus tôt, et de 50% le week-end. Un sondage Opinionway pour Perifem, réalisé début décembre, confirme également cette impulsion donnée au e-commerce. En effet, 56% des Français interrogés ont déclaré avoir changé leurs habitudes de consommati­on ou comptent le faire pour leurs achats de Noël, en raison du mouvement social. Parmi eux, 43% vont davantage privilégie­r les commerces en ligne au détriment des magasins physiques.

Plus précisémen­t, 26% des Français ont déclaré qu'ils allaient moins se rendre dans les boutiques dans les jours à venir par crainte d'être confrontés à des scènes violentes. De son côté, la Fevad affirme en revanche ne pas avoir constaté "de report à l'heure actuelle sur le e-commerce en raison du mouvement", précisant que "les consommate­urs n'avaient tout simplement pas l'esprit à Noël" cette année.

LE DÉFI DES TRANSPORTE­URS ET LIVREURS

Du coup, l'explosion du e-commerce engendre de nouveaux défis pour les transporte­urs et livreurs, qui font face à une augmentati­on de la demande qu'ils n'avaient pas forcément anticipée. La Poste, qui livre six paquets sur dix dans l'Hexagone, a affirmé qu'elle délivrera au total 78 millions de colis pour Noël 2018, soit 11% de colis supplément­aires par rapport à l'an dernier. Un pic de 2,8 millions de colis à traiter devrait même être atteint pour la journée du 18 décembre. Même constat chez DHL, qui indique, dans un communiqué, prévoir une hausse de 12% des livraisons par rapport à Noël 2017.

Par ailleurs, selon le sondage Opinionway pour Perifem, la peur de recevoir un colis endommagé (pour 79% des Français), d'un retard (71%) ou d'un échec de livraison (73%) font partie des premières raisons pour lesquelles de nombreux Français se montrent encore réticents à faire leurs achats en ligne pour les fêtes de fin d'année. En 2018, 61% des Français ont réalisé des achats sur Internet, d'après le dernier baromètre des usages numériques publié par l'Arcep, le Conseil général de l'Économie et la Mission Société Numérique.

De son côté, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) estime que le mouvement social a, d'ores-et-déjà, desservi les entreprise­s de transport routier de marchandis­es et de logistique, qui auraient "subi de plein fouets les effets des blocages et des barrages filtrants". Dans un communiqué, elle estime à 400 millions d'euros les pertes d'exploitati­on dans le secteur.

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