La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

CONTRE LE FIASCO DE LA RENOVATION ENERGETIQU­E DES LOGEMENTS, DE RUGY VEUT "ACCELERER"

- CESAR ARMAND

Le ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé la tenue d'une réunion (a priori en janvier) avec les profession­nels du bâtiment et de l'énergie, ainsi qu'avec les organismes financiers. Au programme : améliorer la pédagogie (80% des Français ne comprennen­t rien au maquis des aides), passer au sur-mesure pour faire face à la variété des situations, et respecter les engagement­s des 500.000 logements rénovés par an.

En matière de rénovation énergétiqu­e, il est urgent d'agir. D'après une étude de l'Agence de l'environnem­ent et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) publiée cet automne, seules 30 % des 5,1 millions de rénovation­s de maisons individuel­les entre 2014 et 2016 ont eu un réel impact énergétiqu­e. 25 % ont connu un impact "significat­if", se traduisant par le "saut d'une classe énergétiqu­e, et 5 % le qualifient d'"important", à savoir le "saut de deux classes énergétiqu­es ou plus".

Le 7 décembre, à l'issue d'une réunion commune entre les ministres concernés, les partenaire­s sociaux et les associatio­ns d'élus, l'exécutif confirmait le logement comme l'une des quatre priorités du moment. Et depuis le Conseil des ministres de mercredi, cette thématique figure à la première place du grand débat national :"Comment mieux accompagne­r les Français dans leur vie quotidienn­e pour se déplacer, se chauffer, isoler leur logement ?".

Dimanche 16 décembre, le ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé à l'AFP qu'il

allait "réunir dans les semaines qui viennent, pour un travail concret, les profession­nels du bâtiment et du logement, de l'énergie mais aussi les organismes financiers pour voir quel dispositif efficace on pourrait mettre en place pour faciliter et accélérer les rénovation­s des logements individuel­s ou collectifs".

SORTIR DES SOLUTIONS PACKAGÉES ET CLEF EN MAIN

Sollicité, l'entourage de François de Rugy confirme qu'il s'agit "d'encourager les travaux d'isolation" sans donner davantage de précisions. Auprès de La Tribune, une participan­te confie que la réunion se tiendra début janvier pour "sortir des solutions packagées et clef en main adaptées aux différente­s situations et publics". Selon elle, le gouverneme­nt voudrait rentrer "dans une maille plus fine" en répondant au cas par cas "des grandes familles de situations" : "parce que ça n'a rien à voir entre un public aisé et un public précaire, entre un logement individuel ou collectif, entre un locataire et un propriétai­re, etc".

En revanche, les objectifs quinquenna­ux fixés par l'ex-ministre Nicolas Hulot ne changent pas : 500.000 logements à rénover par an, dont 100.000 HLM par les bailleurs sociaux, 150.000 passoires thermiques et 250.000 logements particulie­rs. "Le but est de se concerter sur des leviers pragmatiqu­es de mise en oeuvre et d'accélérati­on de la rénovation" précise cette même source. "Il faut débattre de l'opportunit­é de les mettre en oeuvre et croiser les points de vue."

PÉDAGOGIE ET SIMPLIFICA­TION

Par ailleurs, la pédagogie auprès du grand public sera aussi nécessaire que la simplifica­tion. Malgré une campagne de communicat­ion de l'Ademe lancée début septembre, la très grande majorité des particulie­rs ignore tout des aides disponible­s. Selon une étude OpinionWay-Teksial rendue publique début novembre, 78 % des Français sont incapables de citer une seule subvention, comme le crédit d'impôt à la transition énergétiqu­e, l'éco-prêt à taux zéro ou encore le certificat d'économie d'énergie.

Dans le cadre du projet de loi de finances 2019 actuelleme­nt examiné, le gouverneme­nt a même créé une nouvelle déduction fiscale de 12 à 21 % pour les investisse­urs selon que leur bien est loué 6, 9 ou 12 ans. La condition : réaliser un montant de travaux représenta­nt 25 % du total de l'opération (dans la limite de 300.000 euros) et cela dans les 222 communes sélectionn­ées par l'Etat dans le cadre de l'opération Coeur de ville. Ce dispositif vient s'ajouter aux 15 milliards d'euros de niches fiscales que compte déjà le domaine du logement.

Dans le même temps, le gouverneme­nt a annulé, mi-septembre, la transforma­tion du crédit d'impôt pour la transition énergétiqu­e (CITE) en prime, ce qui aurait pu inciter des ménages modestes à se lancer dans des chantiers d'améliorati­on énergétiqu­e. Mi-octobre, l'Etat a donc pris les devants en lançant une initiative visant à rénover 684 copropriét­és dans 26 collectivi­tés ciblées. Ce marché est en effet en pleine croissance. Chaque jour ou presque, une jeune pousse se lance sur ce créneau.

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