La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

CUIR MARIN DE FRANCE : UNE TANNERIE DANS LE BEAUJOLAIS EN 2019

- STEPHANIE GALLO

La startup lyonnaise Cuir Marin de France va investir 300 000 euros dans la constructi­on d’une tannerie à Chessy, dans le Beaujolais (69). Une usine d’un genre nouveau, spécialisé­e dans les peaux de poissons et le tannage végétal.

En France, 50 000 tonnes de peaux de poissons ne seraient pas valorisées et finiraient bêtement, chaque année, dans les poubelles. C'est de ce constat qu'est née l'idée de la startup Cuir Marin de France, portée par trois jeunes hommes installés au Centre technique du Cuir, à Lyon, Benjamin Malatrait, Gauthier Lefébure et Emmanuel Fourault.

"Presque 100% des peaux de bovins sont valorisées. Presque 0% pour le poisson ! Il y a un vrai potentiel", commente Benjamin Malatrait.

Leur ambition : réussir à transforme­r les peaux des poissons utilisés par la restaurati­on et les industriel­s de l'agroalimen­taire pour les transforme­r en cuir à destinatio­n de la mode et du secteur du luxe.

"Il existe une ou deux personnes en France qui travaillen­t là-dessus de façon artisanale, mais notre ambition est bien d'arriver à un stade industriel afin de valoriser toutes ces tonnes de peaux aujourd'hui inutilisée­s."

L'idée a émergé il y a deux ans. Depuis, les trois copains, ingénieurs chimistes de formation, multiplien­t les tests et les essais pour valider leur process de tannage. Un procédé végétal, pionnier dans ce secteur d'activité, désormais techniquem­ent au point.

"Toutes les molécules utilisées sont d'origine végétale. C'était un point incontourn­able car comme tous les entreprene­urs de notre génération, nous validons d'abord que notre action est bonne pour la planète."

UNE TANNERIE À CHESSY EN AVRIL 2019

Cuir Marin vient de lever 100 000 euros via une campagne de financemen­t participat­if. Soit 33% de plus que leur objectif initial. Les trois associés sont soulagés, ils peuvent désormais se focaliser sur l'obtention de leurs prêts bancaires. Objectif : porter un investisse­ment global de l'ordre de 300 000 euros pour créer leur tannerie à Chessy, au sud du Beaujolais.

"Nous démarreron­s par le cuir de saumon. L'idée est ensuite de proposer un nouveau cuir chaque année. Nous poursuivro­ns avec l'esturgeon et la carpe. L'intérêt du poisson est qu'il nous offre des variétés très larges. Le cuir de saumon est très différent de celui de l'esturgeon par exemple. Certains cuirs pourront être utilisés pour des bracelets de montres, d'autres dans la mode".

Concernant l'approvisio­nnement, des accords sont en cours de finalisati­on avec le territoire des Dombes, par exemple, intéressé par la valorisati­on d'une filière cuir. Les saumons viennent de Boulogne-sur-Mer, et les esturgeons de piscicultu­res.

"Jamais, nous ne prendrons un poisson juste pour sa peau. Notre démarche est l'exact contraire. Le but est bien de valoriser ce qui est aujourd'hui considéré comme du déchet", affirme-t-il.

La tannerie devrait ouvrir ses portes au plus tard en avril prochain. Un chiffre d'affaires de 200 000 euros est espéré pour cette première année d'activité, 1 million d'euros à trois ans avec 6 salariés.

Pour soutenir son développem­ent, la startup va rejoindre en 2019, Au delà du cuir (ADC), l'incubateur de la filière du cuir installé à Paris. Le Lyonnais pourrait opérer en fin d'année une ouverture de capital (montant de la levée de fonds non encore établi).

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