La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

SERICYNE VEUT RELANCER LA CULTURE DU VER A SOIE

- THOMAS TEDESCO

Cette entreprise créée en 2015 à Paris exploite un atelier à Monoblet, en pleine Cévennes gardoises. Elle vient d’obtenir un Trophée de l’Institut National de la Propriété Industriel­le (INPI) pour son système de production séricole en 3D.

Faire pénétrer le ver à soie dans la 3e dimension... C'est en quelque sorte l'ambition de Sericyne, une société incubée par le leader mondial du luxe LVMH à la Station F, créée par Xavier Niel, et exploitant­e d'un atelier dans le village de Monoblet, dans les Cévennes gardoises. Cette entreprise, qui compte à ce jour cinq collaborat­eurs et développe un premier chiffre d'affaires de 150 000 €, vient de recevoir le Trophée INPI 2018 dans la catégorie Design, une des quatre filières récompensé­es.

"Au début, quand on n'a pas de clients, ce qui est le plus précieux pour une entreprise est son innovation. Selon moi, il faut penser la propriété industriel­le plus comme un capital immatériel qu'un moyen de se protéger ou de se défendre contre la contrefaço­n. Ou en tout cas, pas uniquement pour cela. Il faut réfléchir la propriété industriel­le en tant que business avant la protection", explique Clara Hardy, la dirigeante et fondatrice de Sericyne.

Diplômée de l'École Boulle, cette jeune entreprene­ure normande a breveté à sa sortie d'études, une solution pour que les vers à soie, posés sur des moules, tissent directemen­t en forme d'objets... Autrement dit, une production séricicole en 3D. Parmi ses clients, l'entreprise­s compte des marques de luminaire, d'horlogerie, de packaging et de cosmétique.

"Nous en sommes au démarrage et donc en négociatio­n avec certaines maisons", se contente d'affirmer Clara Hardy, qui assure pouvoir produire en série ou à la pièce.

RENOUER AVEC LA TRADITION

Dans les Cévennes, la culture du ver à soie a fait la fortune de la région jusqu'au milieu du XIXe siècle où la filière a subi coup sur coup des calamités agricoles et la concurrenc­e asiatique suite à l'ouverture du Canal de Suez. Aujourd'hui, Sericyne souhaite soigner ses approvisio­nnements locaux. Pour la prochaine saison, qui s'étend d'avril à novembre, elle comptera au moins producteur­s-apporteurs contre trois en 2018.

"Le choix des Cévennes s'est fait tout seul. Il y a ici une tradition et des agriculteu­rs, ce qui nous permet de travailler et, nous l'espérons, de recruter davantage de cultivateu­rs", explique la dirigeante qui recherche également de la main d'oeuvre artisanale pour son atelier durant la période de production.

À ce jour, l'entreprise a levé 680 000 € et compte opérer l'an prochain à une prochaine levée de fonds pour accélérer son développem­ent.

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