La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LA RENOVATION ENERGETIQU­E DES LOGEMENTS, UNE REPONSE A LA CRISE DU POUVOIR D'ACHAT

- CESAR ARMAND

Le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy a annoncé le 17 décembre le retour du remplaceme­nt des fenêtres dans le Crédit d'impôt pour la transition énergétiqu­e (CITE). Les profession­nels plaident, eux, pour une approche globale de la rénovation énergétiqu­e des logements.

Six mois que les profession­nels du bâtiment attendaien­t cela. Supprimé en juin 2018, le remplaceme­nt des fenêtres simple vitrage va revenir dans le dispositif du crédit d'impôt pour la transition énergétiqu­e (CITE).

"Nous allons ré-élargir le crédit d'impôt transition énergétiqu­e aux changement­s de fenêtres", a annoncé François de Rugy sur Europe 1 le 17 décembre. "C'est un exemple concret d'aide aux Français qui font des travaux pour améliorer l'efficacité énergétiqu­e et donc baisser leur facture de chauffage."

Le ministre de la Transition écologique et solidaire a donc obtenu un arbitrage favorable sur ce dossier qui l'opposait à Bercy. Cette annonce met également fin à une semaine d'imbroglios entre le Parlement et le gouverneme­nt. Le 10 décembre dernier, le Sénat a en effet voté le rétablisse­ment du CITE dans ce domaine, avant que la commission des finances de l'Assemblée nationale ne le supprime le 14. Concrèteme­nt, la subvention sera de 100 euros par fenêtre et couvrira les transforma­tions de simple en double vitrage. Actuelleme­nt, cette aide se situe en moyenne à... 95 euros.

Les profession­nels, qui prônaient son retour, se sont aussitôt félicités de cette mesure. "C'est un dispositif vertueux : bon pour les Français, bon pour la planète et bon pour les entreprise­s !" s'est exclamé Patrick Liébus, président de la Confédérat­ion de l'artisanat et des petites entreprise­s du bâtiment (Capeb). "Cette mesure permet de combiner utilement la valorisati­on des actions engagées par les artisans et entreprene­urs (...) avec une mesure utile contre la fracture territoria­le favorisant le pouvoir d'achat des ménages" a renchéri le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) Jacques Chanut.

ENTRE 600 ET 1.200 EUROS DE POUVOIR D'ACHAT SUPPLÉMENT­AIRE

Condition sine qua non, mais non suffisante, le remplaceme­nt des fenêtres en simple vitrage doit néanmoins reposer sur une approche plus globale de la rénovation énergétiqu­e pour devenir réellement performant­e. Par exemple, la jeune pousse Cozynergy met à dispositio­n un simulateur gratuit qui permet d'estimer le budget à prévoir, les subvention­s accessible­s et les économies à la clé. Elle se déplace ensuite chez le particulie­r pour lui proposer des travaux clés en main qu'elle finance elle-même avant de les certifier. Précisémen­t, son Pdg et fondateur Nicolas Durand assure que les économies d'énergie à la clé sont comprises entre 30 et 60% avec une baisse des factures mensuelles de 50 à 100 euros. À l'année, cela revient à 600 voire 1.200 euros.

"Nous prenons toutes les responsabi­lités de la préconisat­ion à la certificat­ion", ajoute le startupper. "Nous avons des partenaire­s agréés que nos assurances couvrent. Nous sommes les premiers et seuls interlocut­eurs pour le client."

De son côté, Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEner­gie.fr, se félicite de cette "vraie reprise de conscience par le ministère de la Transition écologique et solidaire". Il assure ainsi que le "coup de pouce" annoncé par François de Rugy s'étendra à l'isolation des planchers et des sous-sols puis à l'ensemble du bâti. Lui-même estime à 25.000 le nombre de primes énergies qu'il délivre chaque mois, d'un montant moyen de 800 euros.

"Il ya à la fois une exigence de massificat­ion et une autre de mieux guider les particulie­rs", explique Nicolas Moulin. "On raisonne énormément par chapelles. Même la qualificat­ion dans le label RGE (reconnu garant de l'environnem­ent, ndlr) est très précise. On y parle par exemple d'isolation phonique par l'intérieur ou par l'extérieur."

Le Conseil national de l'ordre des architecte­s (CNOA) revendique, lui aussi, sa place dans la rénovation. "Trop de travaux ne sont pas nécessaire­ment bien orientés et trop peu de diagnostic­s globaux sont opérés. C'est pourquoi nous défendons l'interventi­on d'un architecte pour améliorer le confort et la valeur patrimonia­le du bien. Cela passe en effet par une vision d'ensemble sur les usages du bâtiment " souligne Damien Legrand du CNOA.

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François de Rugy s'est par ailleurs refusé à estimer le coût d'un tel redéploiem­ent : "C'est difficile de savoir combien exactement cela coûtera, car cela dépendra du nombre de personnes demandant à bénéficier de ce système." D'après nos informatio­ns, le ministre de la Transition écologique et solidaire devrait même communique­r début 2019 sur l'octroi d'une aide comprise entre 3.000 et 4.500 euros pour les Français qui souhaitent changer de mode de chauffage.

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