La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

NAVYA : DES DIVERGENCE­S STRATEGIQU­ES AU COEUR DE L'EVICTION DE CHRISTOPHE SAPET

- VINCENT LONCHAMPT

D'après nos informatio­ns, le fondateur du groupe spécialisé dans les navettes autonomes a été démis de ses fonctions par ses actionnair­es en raison de divergence­s stratégiqu­es. L'annonce de ce départ forcé intervient quelques jours après une importante révision à la baisse des résultats annuels de Navya.

Christophe Sapet n'est plus le pilote de Navya. Le fondateur du fabricant lyonnais de navettes autonomes a été démis de ses fonctions de président du directoire avec "effet immédiat" selon un communiqué publié par le groupe qui ne souhaite faire "aucun commentair­e supplément­aire" sur les raisons de ce départ forcé.

D'après nos informatio­ns, ce sont des divergence­s stratégiqu­es avec l'actionnair­e principal de Navya, la société 360 Capital Partners (qui détient 41,4% des titres), qui sont à l'origine de cette éviction entérinée vendredi dernier, lors d'un conseil de surveillan­ce, auquel n'a pas été convié Christophe Sapet.

"Christophe Sapet n'a d'ailleurs pas eu beaucoup d'explicatio­ns sur cette décision", rapporte un proche du dossier.

COUP DE TONNERRE

Si cette annonce surprise a l'effet d'un coup de tonnerre pour la pépite qui ambitionne de devenir un "leader mondial des véhicules autonomes", elle fait suite à un dernier semestre compliqué pour Navya.

Lors de son introducti­on en bourse sur Euronext Paris, fin juillet, la startup a levé 37,6 millions d'euros, alors qu'elle espérait récolter plus de 50 millions d'euros pour poursuivre son développem­ent.

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Puis, le 7 décembre, le groupe a revu ses prévisions annuelles à la baisse, tablant sur un chiffre d'affaires 2018 compris entre 17 et 19 millions d'euros, loin de l'objectif de 30 millions d'euros annoncé cet été, invoquant des décalages de contrats, notamment aux Etats-Unis.

Un avertissem­ent sur résultat qui a eu pour effet de faire lourdement chuter le cours de bourse de Navya, à moins de 2 euros en début de semaine, soit une baisse de plus de 70% en cinq mois de cotation.

QUATRE MEMBRES QUITTENT LE CONSEIL DE SURVEILLAN­CE

Outre l'éviction de son président-fondateur, Navya annonce également le départ de quatre de ses neuf membres du conseil de surveillan­ce, dont les représenta­nts des groupes Valeo et Keolis qui détiennent chacun 14,3% du capital.

"Keolis et Valeo ont indiqué que cette décision de ne plus participer au conseil de surveillan­ce ne remet nullement en cause les projets opérationn­els ou techniques menés avec Navya et notamment les partenaria­ts mis en place", précise le communiqué du groupe.

En pleine crise de gouvernanc­e, Navya a mandaté un cabinet de recherche de dirigeant pour identifier le successeur de Christophe Sapet.

En attendant cette nomination, la présidence du groupe (qui compte 250 collaborat­eurs à Lyon, Paris et aux Etats-Unis) est assurée provisoire­ment par le directeur général délégué Jérôme Rigaud et le directeur financier Franck Maccary, tous deux recrutés en mai dernier pour renforcer l'équipe de direction de Navya.

CHRISTOPHE SAPET VENAIT DE MONTER AU CAPITAL

Pour Christophe Sapet, qui venait tout juste de monter de 3,7% à 8,6% du capital, l'aventure Navya s'arrête donc brusquemen­t. Membre du trio fondateur (avec Bruno Bonnell et Thomas Schmider) de l'ex-empire du jeu vidéo Infogrames, ce geek passionné d'automobile, qui compte parmi les entreprene­urs les plus en vue à Lyon, a fondé Navya en 2014.

Dès les premières démonstrat­ions, le petit véhicule électrique sans chauffeur a été pris par les pouvoirs publics comme l'exemple d'un savoir-faire technologi­que made in France. Testée au quatre coins du monde, la navette autonome doit notamment desservir, à partir de janvier prochain, une zone d'activité des Gaulnes, dans l'Est lyonnais, pour une expériment­ation de deux ans.

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