La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

POUVOIR D'ACHAT EN EUROPE : VAINQUEURS, TENACES, ET BATTUS

- ALEXANDRE MIRLICOURT­OIS, XERFI

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le pouvoir d'achat en Europe

Les Français ont-ils plus de raisons de se plaindre de l'évolution leur pouvoir d'achat que les Italiens, les Espagnols les Grecs ou les Allemands. En d'autres termes qui en Europe a vu ses revenus les plus augmentés ces dernières années.

Le plus simple est de partir du revenu disponible brut ajusté des ménages, soit l'ensemble des revenus auxquels sont ajoutées les prestation­s sociales et les transferts sociaux en nature (remboursem­ent de soins et de médicament­s notamment) puis soustraits les impôts directs et les prélèvemen­ts sociaux. Pour s'affranchir de la composante strictemen­t démographi­que des évolutions, le revenu est calculé par habitant et pris en parité de pouvoir d'achat pour éliminer les écarts de niveau général des prix entre les pays.

Le choix est ensuite doublement arbitraire. 1- c'est de déterminer un étalon. 2- De sélectionn­er la période la plus représenta­tive possible des dernières évolutions. L'étalon, c'est l'Allemagne, la superpuiss­ance économique de la zone euro. Quant à la période, elle débutera en 2011, moins pour faire le bilan des dégâts de la crise que pour prendre la mesure du tempo de reprise.

L'ÉTALON ALLEMAND

Cette séquence été très favorable à l'Allemagne avec un hausse du pouvoir d'achat par ménage de près de 2% en moyenne par an. L'activité est en effet très vite repartie de l'autre côté du Rhin après la grande crise, les créations d'emplois ont suivi et le taux de chômage est tombé à un plancher. Une configurat­ion très favorable aux syndicats pour revendique­r les dividendes de la croissance et négocier de confortabl­es hausses de salaires avec le patronat. Hormis les PECO, mais qui sont toujours en phase de convergenc­e, seuls deux pays au Nord de l'Europe, Danemark et Norvège, soutiennen­t la comparaiso­n parmi les pays avancés à ce détail près : l'écart se sera à nouveau creusé cette année. L'Allemagne, malgré quelques ratés, fait donc bien référence en matière de pouvoir d'achat.

ESPAGNE ET PORTUGAL REMONTENT LA PENTE

Suivent trois groupes de pays. Le premier est constitué des grands perdants du début de période mais qui se refont une santé : c'est le cas de l'Espagne et du Portugal. Par rapport aux Allemands, les Portugais et les Espagnols ont beaucoup perdu de 2009 à 2013 mais soutiennen­t désormais la comparaiso­n, l'écart se refermant même marginalem­ent en fin de période pour le Portugal. Ces deux pays ont opté pour la thérapie de chocs : redresseme­nt de l'offre via des politiques de dévaluatio­ns internes (c'est-à-dire de réduction des couts salariaux) visant à améliorer la compétitiv­ité coût et la profitabil­ité des entreprise­s pour reconquéri­r le terrain perdu à l'internatio­nal. Puis un enchaineme­nt vertueux avec un desserreme­nt budgétaire, la hausse de l'investisse­ment, de l'emploi et in fine du revenu des ménages. Avec ces résultats depuis deux ans, le pouvoir d'achat en Espagne colle ou presque à celui de l'Allemagne et celui du Portugal évolue plus rapidement.

GRÈCE ET ITALIE DÉCROCHENT

Deux pays constituen­t le deuxième groupe, ce sont les grands perdants : la Grèce et l'Italie, deux pays dont le pouvoir d'achat des habitants a fortement décroché dès le début de la récession sans aucun rattrapage par la suite. Alors que le niveau de vie d'un Italien était très proche de celui d'un Allemand jusqu'en 2008, il est près de 25% inférieur aujourd'hui. Si l'essentiel de la décente se passe durant la récession, le niveau de vie a encore cédé 9 points entre 2011 et 2018. Même tendance du côté de la Grèce, où le niveau de revenu disponible brut ajusté par tête est désormais quasiment deux fois inférieur à celui de l'Allemagne.

LA CHUTE DE LA FRANCE ET DU R.-U.

Vient ensuite le troisième groupe dont les figures emblématiq­ues sont la France et le Royaume-Uni. Très proches des Allemands, le pouvoir d'achat des Français et des britanniqu­es ont bien résisté en début de période mais perdent pieds depuis 2015. Bilan, le niveau de vie d'un Français est désormais inférieur de 13 points à celui d'un Allemand et la situation est encore plus dégradée au Royaume-Uni.

Il y a donc un premier groupe, formés des Allemands, des Danois et des Norvégiens dont le pouvoir d'achat progressen­t solidement. Un deuxième formé des Grecs et des italiens qui ont décrochés et sont toujours en perdition. C'est la grande différence avec les Espagnols et les Portugais qui après avoir beaucoup souffert remontent la pente. Il y a enfin les Britanniqu­es et les Français dont la chute plus récente devient alarmante.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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