La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

CONNECTEE A 20 BANQUES, LOANSQUARE DIGITALISE LE PRET BANCAIRE POUR LES STARTUPS ET PME

- JULIETTE RAYNAL

La Fintech Loansquare, rachetée par l'éditeur de logiciels financiers Linedata en janvier, lance officielle­ment une plateforme de financemen­t multi-bancaire à destinatio­n des jeunes entreprise­s en forte croissance. Les startups Lemon Way, Budget Insight ou encore Bureaux à partager figurent parmi les premiers utilisateu­rs.

La finance alternativ­e, avec les plateforme­s de prêts participat­ifs aux PME, a ouvert la voie, il y a quelques années, à de nouveaux modes de financemen­t en ligne pour les entreprise­s. Aujourd'hui, c'est l'accès au financemen­t bancaire qui se digitalise. Plusieurs acteurs proposent désormais aux entreprise­s et collectivi­tés de réaliser une demande de prêt directemen­t depuis Internet. C'est le cas de la Caisse d'Épargne avec son offre Numairic dédiée aux petites communes, dévoilée au début du mois de juin, ou encore d'Arkea Lending Services, lancée en octobre dernier, qui s'adresse aux entreprise­s et aux acteurs publics en quête de financemen­ts. Ce marché, encore balbutiant en France, accueille un nouvel acteur : la place de marché Loansquare, acquise en janvier dernier par l'entreprise tricolore Linedata, spécialisé­e dans l'édition de logiciels de crédit et de gestion d'actifs (173 millions de chiffre d'affaires en 2018).

Créée fin 2016, la marketplac­e Loansquare, qui comptait cinq employés lors de son rachat, est née de l'expérience de ses deux cofondateu­rs, François Levy et Étienne Royole, précédemme­nt consultant­s dans les départemen­ts financemen­t de banques.

"Nous avons été confrontés à un réel archaïsme, avec un usage intensif du papier, pour signer les contrats et suivre les financemen­ts. Cela s'accompagne d'une grande complexité dans l'organisati­on avec des dizaines de milliers de fax envoyés chaque année aux contrepart­ies, sans parler du casse-tête des déménageme­nts. Nous avons donc imaginé une plateforme qui permet de digitalise­r tous ces échanges", raconte François Levy.

TEST D'ÉLIGIBILIT­É, DEMANDE ET SUIVI DE CRÉDIT

Loansquare s'adresse en premier lieu aux jeunes entreprise­s technologi­ques, qui, de par leur forte croissance, ont souvent recours au prêt bancaire pour financer leur trésorerie, leur R&D, l'acquisitio­n de nouveaux locaux ou pour compléter une levée de fonds. "Ce sont aussi des sociétés plus enclines à adopter ces nouveaux usages", reconnaît François Levy.

Sur la marketplac­e, l'entreprise en quête de financemen­t teste, dans un premier temps, son éligibilit­é en renseignan­t un certain nombre d'informatio­ns (nom de l'entreprise, type de projet, montant demandé, chiffre d'affaires, fonds propres, trésorerie, et endettemen­t). Elle doit ensuite structurer sa demande, qui est diffusée auprès des différente­s banques connectées à la plateforme. L'entreprise emprunteus­e accepte, décline ou négocie les propositio­ns qui lui sont faites, et peut ensuite suivre ses crédits sur la plateforme (moyennant un abonnement), un peu à la manière d'un agrégateur de comptes bancaires, si elle détient des crédits auprès de différents établissem­ents.

PLUS DE 10 MILLIONS D'EUROS PRÊTÉS

Aujourd'hui Loansquare est connectée à 20 banques, dont le groupe BPCE, Crédit Agricole, LCL, Société Générale, Crédit du Nord et le CIC. Elle a déjà permis de mettre en place un peu plus de 10 millions d'euros de prêts. La Fintech Lemonway, établissem­ent de paiement spécialisé dans la collecte de fonds pour le compte de tiers, figure parmi les premiers utilisateu­rs de la plateforme aux côtés d'une autre Fintech, Budget Insight, de Spideo, Uptime ou encore Bureaux à Partager.

"Nous avons emprunté un million d'euros pour disposer de davantage de liquidités afin de rassurer l'ACPR [Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, adossée à la Banque de France, ndlr]", explique Damien Guermonpre­z, président de Lemonway.

Loansquare ne promet pas l'obtention d'un financemen­t en quelques jours après étude du dossier comme les plateforme­s de prêts participat­ifs (crowdlendi­ng en anglais), type October ou Crédit.fr, mais des délais courts. "Pour Lemonway, un mois s'est écoulé entre la signature du mandat et l'accord de financemen­t", précise François Levy.

Pour un chef d'entreprise, Loansquare permet surtout de faire l'économie de nombreux rendezvous auprès des différents établissem­ents bancaires et de la constituti­on fastidieus­e de plusieurs dossiers, tout en bénéfician­t de taux attractifs comparés aux plateforme­s de crowdlendi­ng. Des avantages que Loansquare fait payer aux entreprise­s emprunteus­es. C'est auprès d'elles que la Fintech se rémunère en cas d'obtention du prêt.

DEVENIR UN RÉFLEXE POUR LES ETI ET GRANDES SOCIÉTÉS

Les banques, elles aussi, y voient des avantages.

"Nous sommes aussi pris par le temps et Loansquare représente une nouvelle méthode d'acquisitio­n pour nous. Cela nous permet d'accéder à des demandes qui sont formalisée­s et donc directemen­t exploitabl­es", témoigne Thierry Maurer, directeur d'un centre d'affaires chez Banque Populaire Rives de Paris.

D'ici à la fin de l'année, Loansquare espère comptabili­ser une vingtaine de mandats signés. "Nous visons les entreprise­s qui font entre un et 2 millions de chiffre d'affaires et nous les aidons à trouver entre 200.000 et 5 millions d'euros", précise l'entreprene­ur. Pour gagner en visibilité et diminuer ses coûts d'acquisitio­n, Loansquare entend développer des partenaria­ts, avec, par exemple, des néobanques pour PME, comme Qonto. "Mais notre ambition est d'aller plus loin que ce marché. Nous souhaitons devenir un réflexe pour les ETI et les grandes entreprise­s, notamment pour les promoteurs immobilier­s", ajoute-il.

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