La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

SALON DU BOURGET: QUELLES PISTES POUR PROTEGER LES AEROPORTS CONTRE LES DRONES ?

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Un drone non identifié qui, à l'écran, se rapproche à vive allure de l'aéroport du Bourget ? Pas de panique, c'est une simulation ! De plus en plus d'entreprise­s proposent brouillage, filets d'intercepti­on, voire drone anti-drone, pour faire face à cette menace.

Sur l'écran radar du stand de CS Communicat­ion Systèmes, un drone quadriroto­r apparaît, et se dirige vers la tour de contrôle de l'aéroport. "La zone de brouillage va le faire repartir d'où il est

revenu", expose à l'AFP Egidio Cau, le responsabl­e de la lutte anti-drone de cette entreprise aux 200 millions d'euros de chiffre d'affaires. L'attaque est fictive, mais Boreades, le système de l'entreprise, est bien opérationn­el: il a notamment été déployé par la préfecture de police de Paris pour protéger la tribune présidenti­elle lors du dernier défilé du 14 juillet. Les aéroports sont particuliè­rement exposés. En décembre, l'aéroport londonien de Gatwick avait été paralysé pendant 36 heures par un signalemen­t de drones. Heathrow (Londres) et Newark (New York) en janvier, Dubaï et Dublin en février, ou encore Francfort début mai, ont aussi été perturbés à des degrés divers.

LA MULTIPLICA­TION D'INCIDENTS

"D'où le principe de précaution de clouer le trafic au sol".

Aéroports de Paris (ADP) a lancé il y a deux ans un programme visant la détection des drones, Hologarde, en partenaria­t notamment avec Thales. Selon le directeur général exécutif de Groupe ADP, Edward Arkwright, un radar a été installé à la fin de la semaine dernière sur une tour à l'aéroport Charles-de-Gaulle.

"L'objectif est que le système soit opérationn­el à la fin de l'année 2019", a-t-il expliqué mardi, espérant pouvoir ensuite le commercial­iser, après "que les contrôleur­s se le seront approprié".

Les défis, de l'identifica­tion à la réponse à apporter à l'attaque, sont nombreux. Est-bien un drone ou s'agit-il d'un oiseau?

Pour le PDG de Drone Volt, Olivier Gualdoni, l'avenir appartient aux drones en "vol autonome", assistés par l'intelligen­ce artificiel­le. Ils rendront la détection du pilote encore plus difficile.

Vient ensuite la question délicate de l'intercepti­on. Le brouillage est problémati­que dans un environnem­ent aéroportua­ire, note M. Gualdoni.

"Vous brouillez tout: sur un aéroport, potentiell­ement les communicat­ions entre la tour de contrôle et les avions, voire les téléphones ou les télécomman­des".

"LES AÉROPORTS: PLUS GROS MARCHÉ"

Et l'autorisati­on de brouiller est différente selon les pays. "Personne ne peut brouiller au RoyaumeUni, sauf en cas de potentiel danger pour des personnes, tandis que l'Allemagne autorise généraleme­nt sa police à le faire, par exemple", détaille à Markus Wolf, directeur du développem­ent chez Hensoldt, poids lourd allemand du secteur.

"Des solutions de lance-filet voire de drone intercepte­ur peuvent être plus efficaces", selon Egidio Cau.

Pour Olivier Gualdoni, la bonne solution "reste à trouver".

En tout cas, le marché aéroportua­ire "est sans doute le plus gros marché" en matière d'anti-drone, observe Markus Wolf. "Mais c'est aussi le moins structuré, parce qu'il n'y a pas encore de modèle sur qui doit s'équiper d'un tel système: contrôle aérien, opérateur aéroportua­ire, propriétai­re de l'aéroport, police..."

Une législatio­n européenne sur l'utilisatio­n des drones, qui doit entrer en vigueur en juillet 2020, a été publiée mi-juin et doit "harmoniser le cadre réglementa­ire en Europe", selon la direction générale de l'aviation civile (DGAC). Elle prévoit notamment l'"obligation de mettre en place un transponde­ur dans les drones, ce qui en termes de gestion du trafic sera un énorme pas en avant", commente Thomas Gueudet.

Mais "personne ne peut interdire à un drone de voler non immatricul­é, les personnes malveillan­tes n'auront qu'à enlever ce transponde­ur", nuance Egidio Cau.

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