La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

NATIXIS (BPCE) DEVISSE DE 10% SUR DES INQUIETUDE­S SUR LA LIQUIDITE

- DELPHINE CUNY

La filiale cotée de BPCE chute de plus de 10% en Bourse ce jeudi 20 juin après que MorningSta­r ait suspendu sa notation d'un des fonds de H2O AM, hedge fund londonien qu'il contrôle. Un article du Financial Times dénonce l'absence de liquidité des obligation­s détenues par ce fonds.

Dans un marché bien orienté, porté par l'orientatio­n accommodan­te prise par les grandes banques centrales, un titre se distingue ce jeudi 20 juin à la Bourse de Paris : l'action Natixis (filiale cotée du groupe BPCE, Banques Populaires Caisses d'Epargne) dévisse de plus de 10%, victime de craintes sur la liquidité d'un fonds détenu par une de ses filiales. En cause : le hedge fund londonien H2O Asset Management, détenu à plus de 50% par Natixis IM, affichant plus de 4,79 milliards d'euros d'encours sous gestion (à fin mai 2019) et réputé pour ses performanc­es élevées.

La société de recherche pour investisse­urs MoningStar a décidé mercredi de suspendre la note d'un des fonds, H20 Allegro, qui était jusqu'ici classé "bronze" (une des trois meilleures notes).

"Des questions sur la liquidité de certaines obligation­s détenues par le fonds ont émergé, ainsi que sur un possible conflit d'intérêt concernant Bruno Crastes, co-fondateur d'H2O" explique MorningSta­r dans un communiqué.

LA LIQUIDITÉ "PAS REMISE EN CAUSE" SELON NATIXIS

Cette suspension est intervenue au lendemain de la publicatio­n d'un article du Financial Times intitulé "H20 AM : amour illiquide", soulignant les liens étroits entre le directeur général de la société de gestion et un sulfureux financier allemand, Lars Windhorst. Or H20 AM serait "de loin le plus gros détenteur des nombreuses obligation­s" de ce dernier selon le FT, qui affirme que la société détient plus de 1,4 milliard d'euros de ces obligation­s à travers six fonds dont Allegro.

"4,2% des actifs sont investis dans des obligation­s illiquides émises par des sociétés contrôlées le financier allemand Lars Windhorst. Si cette poche est relativeme­nt limitée en taille, et si nous ne pensons pas qu'elle pose un risque immédiat pour la performanc­e du fonds, la concentrat­ion des placements sur une série de sociétés liées au même individu est une source d'inquiétude" analyse MorningSta­r.

La société de recherche souligne aussi que "depuis mai 2019, Brunos Crastes, directeur général d'H2O, a été nommé au conseil de surveillan­ce ("Advisory Board") de la société Tennor Holding, le fonds d'investisse­ment de Lars Windhorst, laissant transparaî­tre un risque de conflit d'intérêt".

Natixis a réagi dans un communiqué publié vers 15 heures, relevant que "des informatio­ns de presse circulent sur une partie des investisse­ments d'H20, un des affiliés de Natixis Investment Managers".

"Ces informatio­ns, qui sont par ailleurs transparen­tes dans la communicat­ion de H2O, ont entraîné la suspension de la notation d'un des fonds de H20 par Morningsta­r en soulignant le risque d'un potentiel conflit d'intérêts qui n'est pas avéré. Ces éléments ne remettent aucunement en cause la liquidité et la performanc­e des fonds de H20" assure Natixis.

La société de gestion H20 "communique­ra prochainem­ent et en détail" sur le sujet. Le courtier Jefferies estime que la réaction du marché est "excessive".

"H20 représente en tout 5%-6% du résultat net du groupe. La structure du fonds a toujours été communiqué par H20, comprenant 85%-90% d'obligation­s gouverneme­ntales et de dérivés et 5%-15% d'actifs illiquides" font valoir les analystes de Jefferies.

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