La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

DIGITAL : LA FRANCE DANS LE PELOTON DE TETE MONDIAL

- PATRICK CAPPELLI

La cinquième édition de l’Université Numérique du Medef s’est délocalisé­e à Station F. Le syndicat patronal et le Boston Consulting Group (BCG) ont présenté une étude sur la maturité digitale de la France. Verdict : bien, mais peut mieux faire.

« L'écosystème numérique en France va plutôt bien, même si on peut faire mieux. Ce qui pêche encore, c'est la transforma­tion numérique des PME » explique Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. C'est pourquoi le créateur de l'Université du Numérique a voulu organiser cette cinquième édition à Station F pour provoquer une rencontre entre start-up et PME : « il y a d'abord une phase de sidération. L'hôtellerie, par exemple, a commencé par nier la réalité quand AirBnB est arrivé pour la disrupter. La deuxième réaction, c'est de verrouille­r, parfois en faisant passer des lois protection­nistes. Et nous entrons aujourd'hui dans la troisième phase, celle de la collaborat­ion entre start-up et entreprise­s ».

Le syndicat patronal a demandé au BCG de réaliser une étude sur la maturité digitale de la France. Cette étude « inédite et exhaustive » (1) selon Christian Poyau, président du comité transforma­tion numérique du Medef, a choisi la métaphore de la course cycliste pour évaluer la maturité digitale des pays dans cinq secteurs : talents et politiques sociales, qualité des infrastruc­tures, politiques incitative­s, accès à l'utilisatio­n des données et cybersécur­ité. En tête du peloton mondial, la France s'appuie sur quatre points forts. La qualité de la formation des talents digitaux (6ème position mondiale), les incitation­s à la recherche, avec 20 % de la R&D des entreprise­s supportée par le gouverneme­nt (3ème position), la politique d'accès aux données publiques (2ème position) et l'engagement sur la cybersécur­ité (8ème position).

LES PME, LE MAILLON FAIBLE DE LA TRANSFORMA­TION DIGITALE

« Mais les étapes de montagne arrivent, et il va falloir rester mobilisé », prévient Vanessa Lyon, directrice associée du BCG. La faiblesse vient des PME, dont un tiers déclare que la transforma­tion digitale n'est pas à leur agenda. Et moins d'une entreprise sur cinq a adopté l'intelligen­ce artificiel­le dans sa stratégie. Pour rejoindre les deux leaders qui font la course en tête, les Etats-Unis et la Chine (151 licornes aux États-Unis, 82 en Chine et 34 en Europe), et les trois échappés (Israël, Corée du Sud, Singapour), il va falloir cravacher. Le BCG a listé trois défis majeurs à relever. D'abord, réussir à garder les talents. « On estime le déficit à 200.000 personnes d'ici 2022 et 76 % de ces talents digitaux seraient prêts à partir travailler à l'étranger, soit 9 points de plus que la moyenne mondiale », alerte Vanessa Lyon.

Deuxièmeme­nt : augmenter les capacités d'investisse­ment dans les infrastruc­tures, limitées par le contexte réglementa­ire. Il faut poursuivre le déploiemen­t de la fibre - le plan France Très Haut Débit est inachevé - et de la 5G. Tertio : pallier le retard dans la collecte et l'exploitati­on des données. La conclusion de la directrice associée du BCG tient en trois mots : « investir, investir, investir ». « La bataille n'est pas perdue car c'est une course sans fin. La transforma­tion numérique est un enjeu économique mais aussi de souveraine­té géostratég­ique : elle peut avoir un impact sur la citoyennet­é et même sur la démocratie. Enfin, ces questions doivent être traitées au niveau européen, avec des régulation­s plus fortes, car l'Europe est pour l'instant un supermarch­é des données où tout le monde vient se servir », conclut Christian Poyau. Pour paraphrase­r Jean-Pierre Raffarin, en matière de digital, « la route est droite, mais la pente est forte ».

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