La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

TRAVAILLEU­RS INDEPENDAN­TS : LE PREMIER GUICHET UNIQUE DE FRANCE TESTE A BORDEAUX

- PIERRE CHEMINADE

Dans le cadre d'une expériment­ation nationale, la plupart des interlocut­eurs publics des travailleu­rs indépendan­ts et des chefs d'entreprise­s sont réunis sous un même toit, à Bordeaux, pour leur proposer un accueil coordonné et plus efficace. Le dispositif, qui semble concluant, doit être généralisé dans 30 villes de France sur fond d’absorption du RSI par l'Urssaf au 1er janvier prochain.

6.601 travailleu­rs indépendan­ts aquitains se sont déjà rendus dans cet accueil d'un nouveau genre qui a ouvert ses portes à titre expériment­al le 8 avril dernier dans les ex-locaux du RSI (régime social des indépendan­ts), à Bruges, commune limitrophe de Bordeaux. Cet espace réunit pour la première fois sous un même toit des interlocut­eurs de l'Urssaf et de l'ex-RSI, de l'Assurance maladie, de la Caisse d'assurance retraite mais aussi de la CAF, de Pôle emploi et de la DDFIP (direction départemen­tale des finances publiques). Un rapprochem­ent inédit au niveau national et qui a valeur de test avant de valider le dispositif et de le déployer au niveau national l'an prochain, sur fond de reprise des missions et des personnels du RSI par l'Urssaf au 1er janvier 2020.

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"Concrèteme­nt, quand un travailleu­r indépendan­t s'interroge sur ses droits, son statut, sa protection sociale, sa retraite, son congé maternité ou paternité, etc. Il peut désormais venir dans ce lieu unique pour y trouver un accueil à la fois humain et numérique afin d'établir un premier diagnostic et de l'orienter vers le bon partenaire avec une prise de rendez-vous", résumait Jean-Paul Pagola, le président de l'Urssaf, vendredi 21 juin, lors de l'inaugurati­on officielle de ce nouvel espace qui s'ajoute aux accueils existants des structures participan­tes. "C'est le fruit d'un travail partenaria­l mené depuis l'été 2018 entre les différents services et les premiers retours de la centaine de travailleu­rs accueillis chaque jour sont positifs", ajoute Henri Lourde Rocheblave, le directeur régional de l'Urssaf Aquitaine.

"LA CATASTROPH­E DU RSI"

L'Aquitaine a été retenue pour expériment­er ce dispositif en raison de son dynamisme en la matière avec 219.000 travailleu­rs indépendan­ts dans l'ancienne région dont 10.000 créations supplément­aires en 2018 par rapport à 2017. Et, sous l'impulsion locale de Marie-Céline Toti, directrice régionale du recouvreme­nt des travailleu­rs indépendan­ts à l'Urssaf Aquitaine et cheville ouvrière de ce guichet unique, les différents organismes ont accepté de travailler main dans la main. "Cette expérience est objectivem­ent réussie mais je ne suis pas certaine qu'elle soit forcément reproducti­ble à l'identique partout car la conviviali­té girondine qui a primé ici, on ne la rencontre pas forcément ailleurs...", a euphémisé Annick Morel, la présidente du comité de surveillan­ce du CPSTI (conseil de la protection sociale des travailleu­rs indépendan­ts). Elle rappelle au passage les trois objectifs de l'absorption du RSI par l'Urssaf après "la catastroph­e du RSI" qui a pénalisé 4,6 millions de travailleu­rs indépendan­ts et 2,2 millions de retraités :

"Excellence, vigilance et performanc­e ! L'ambition de l'excellence d'un service public plus simple et plus efficace apporté aux travailleu­rs indépendan­ts. La vigilance sur l'intégratio­n des personnels et sur l'articulati­on des systèmes d'informatio­n parce que cet aspect en particulie­r était au coeur des problèmes du RSI. Et la performanc­e de la gestion du nouveau système. L'échéance prévue au 1er janvier 2020 est très lourde et il faut rester mobilisés à tous les niveaux !"

LES CHAMBRES CONSULAIRE­S MANQUENT À L'APPEL

Seule ombre au tableau bordelais, l'absence des équipes de la Chambre de commerce et d'industrie, de la Chambre de métiers et de l'artisanat et du Tribunal de commerce. Trois organismes vivement invités à rentrer dans la ronde à court terme par Sophie Duprez, la présidente du CPSTI, l'instance chargée de superviser la suppressio­n du RSI :

"J'ai testé le service ce matin et cela fonctionne ! C'est une satisfacti­on et cette attention particuliè­re au chef d'entreprise est très positive. Si on arrive à la généralise­r ce sera une avancée jamais vue en France ! Je regrette cependant que certains services d'immatricul­ation des entreprise­s, qui est pourtant le premier geste du créateur d'entreprise, ne soient pas parties prenantes de ce guichet unique."

De son coté, Agnès Basso-Fattori, la directrice du projet d'intégratio­n du RSI au ministère des Solidarité­s et de la santé, chargée d'évaluer le dispositif girondin en vue de sa généralisa­tion l'an prochain dans les 30 villes françaises où l'ex-RSI disposait de locaux, se montre confiante : "Par rapport au cadrage prévu par la réforme, cela correspond à nos attentes. Il faut maintenant avancer rapidement." Et les acteurs aquitains, largement scrutés par leurs collègues, peuvent se targuer d'avoir pleinement joué le jeu puisque la CAF, Pôle emploi et la DDFIP participen­t à la démarche de manière volontaire sans que la loi ne les y oblige.

L'accueil commun est ouvert à l'ensemble des travailleu­rs indépendan­ts (artisans, commerçant­s, chefs d'entreprise, micro-entreprene­urs...) qu'ils soient actifs et retraités mais les profession­s libérales ne seront intégrées au dispositif qu'ultérieure­ment. Le lieu est situé au 1, rue Prévost, à Bruges et est ouvert du lundi au samedi (9h-12h30 et 14h-18h).

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