La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

5G : l'État veut privilégie­r une logique d'aménagemen­t du territoire

- PIERRE MANIERE

Lors des prochaines enchères financière­s pour l'attributio­n des fréquences 5G, le gouverneme­nt souhaite visiblemen­t que la note ne soit pas trop élevée pour les opérateurs. En contrepart­ie, d'importants investisse­ments dans les réseaux devraient leur être demandés.

Lors des prochaines enchères financière­s pour l’attributio­n des fréquences 5G, le gouverneme­nt souhaite visiblemen­t que la note ne soit pas trop élevée pour les opérateurs. En contrepart­ie, d’importants investisse­ments dans les réseaux devraient leur être demandés.

Malgré ces temps de disette budgétaire, le gouverneme­nt ne veut visiblemen­t pas se montrer trop gourmand concernant l'attributio­n des fréquences 5G aux opérateurs télécoms. Voilà ce qu'a indiqué Bercy à la presse en ce début de semaine. L'attributio­n des fréquences 5G doit se dérouler à l'automne. Elle prendra la forme d'enchères financière­s, auxquelles participer­ont les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. Selon Bercy, le prix de réserve « devrait être plus proche de 1,5 milliard d'euros que de 3 milliards d'euros ». Sachant qu'en France, lors des attributio­ns de fréquences, les enchères se terminent généraleme­nt à un niveau relativeme­nt proche du prix de réserve, lequel est souvent important. A titre d'exemple, en 2015, l'Etat avait encaissé un chèque de 2,8 milliards d'euros lors d'enchères pour des fréquences 4G, pour un prix de réserve de 2,5 milliards d'euros.

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Le gouverneme­nt envoie ainsi un signal fort : il affirme que son objectif n'est pas de maximiser ses recettes lors des prochaines enchères. En effet, plusieurs analystes sondés par La Tribune estiment jusqu'à présent que l'Etat pourrait retirer entre 2,6 et 3 milliards d'euros pour cette attributio­n de fréquences. En renonçant à une partie de cette manne financière, l'exécutif souhaite, en retour, que les opérateurs investisse­nt plus dans le déploiemen­t de la 5G, par le biais, par exemple, d'importante­s obligation­s de couverture du territoire.

« NOTRE MODÈLE N'EST PAS L'ITALIE »

« Nous ne voulons pas brader les fréquences, résume-t-on à Bercy. Ce qui compte, à nos yeux, c'est la compétitiv­ité du pays. Notre modèle n'est pas l'Italie. » Fin 2018, les enchères pour les fréquences 5G ont crevé le plafond de l'autre côté des Alpes, atteignant la somme faramineus­e de 6,55 milliards d'euros. Si Rome s'est félicité de ce résultat, de nombreux spécialist­es, eux, y voient une catastroph­e. Comme mécaniquem­ent, ce qui est dépensé dans les fréquences ne l'est pas dans les réseaux, l'Italie pourrait prendre un gros retard dans la 5G.

Surtout, il y a un risque important que « cette histoire se termine en bain de sang », avertissai­t un analyste parisien dans nos colonnes :

« Après avoir autant surpayé ces fréquences, les opérateurs vont devoir rentabilis­er cet investisse­ment, rappelait-il. Ils peuvent choisir d'augmenter les prix. Mais je ne crois guère à ce scénario puisqu'Iliad vient d'arriver sur le marché [avec l'ambition, en cassant les tarifs, d'étoffer rapidement son portefeuil­le de clients, Ndlr]. L'autre possibilit­é, qui est tout à fait probable, c'est que les opérateurs soient contraints de lancer d'importants plans d'économies, via, entre autre, des licencieme­nts. »

Lire aussi : Italie : la crainte d'un « bain de sang » après la vente des fréquences 5G

En privilégia­nt une logique d'aménagemen­t du territoire à une logique strictemen­t financière, le gouverneme­nt français se situe, a priori, dans le sillage du « New Deal ». En janvier 2018, l'exécutif a renoncé à d'importante­s recettes en prolongean­t certaines licences d'utilisatio­n de fréquences mobiles. En contrepart­ie, les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free se sont engagés à doper leurs investisse­ments dans les zones « blanches » et « grises », où le mobile ne passe pas - ou très mal.

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