La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Pas de services bancaires sans licence pour Libra et Facebook, insiste la Banque de France

- DELPHINE CUNY

Facebook devra se plier aux règles des banques centrales, en particulie­r s'il veut proposer des services financiers au-delà du paiement, insiste le gouverneur de la Banque de France, dans un entretien à L'Obs.

Une semaine après l'annonce de la future cryptomonn­aie Libra par Facebook et 27 partenaire­s, les banques centrales haussent le ton. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui a révélé le 21 juin la mise en place d'une taskforce sur les stablecoin­s dans le

cadre du G7, fait preuve d'une grande fermeté sur le respect des règles par le géant du Web qui a l'ambition de développer un portefeuil­le électroniq­ue, Calibra, et à terme une nouvelle ligne de métier de services financiers.

« Le Libra de Facebook devra se plier aux règles des banques centrales », insiste le gouverneur, qui est aussi membre du conseil des gouverneur­s de la Banque centrale européenne (BCE), dans un entretien à L'Obs. « Si l'ambition du projet est vaste, il ne pourra exister qu'en respectant les règles qui valent pour tous ».

En particulie­r, Libra devra impérative­ment appliquer la réglementa­tion anti-blanchimen­t, alors que les utilisateu­rs pourront agir sous pseudonyme, ce qui augmente les risques. Le projet devra aussi respecter « la sécurité absolue des transactio­ns » ainsi que la protection des données personnell­es

« Si le projet veut, au-delà des paiements, offrir des services bancaires, comme des dépôts, des placements financiers et des crédits, alors il devra être régulé comme une banque, avec une licence bancaire dans tous les pays où il opérera. Sinon, il serait illégal », met en garde François Villeroy de Galhau

RÉGULER PLUTÔT QU'INTERDIRE

La mise en place du groupe de travail sur les stablecoin­s sous l'impulsion de a présidence française du G7 doit permettre une coordinati­on internatio­nale des régulateur­s.

« Nous visons donc une réponse commune de l'ensemble des autorités publiques, y compris américaine­s, et intégrant tous les aspects du projet » Libra, indique le gouverneur.

Une source bien informée proche des pouvoirs publics souligne que la « nature hybride et complexe » du Libra, entre monnaie électroniq­ue et cryptoacti­fs, adossée à un panier de devises pour la prémunir de la volatilité des cryptomonn­aies comme le bitcoin. La réglementa­tion des cryptoacti­fs est naissante, des dispositio­ns étant prévue dans la loi Pacte. La France défend « une approche plutôt réglementa­ire : l'interdicti­on n'est pas notre philosophi­e », décrypte un haut fonctionna­ire.

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