La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

La néobanque britanniqu­e Monzo double sa valorisati­on à 2,5 milliards de dollars

- JULIETTE RAYNAL

Revolut n'est pas la seule néobanque britanniqu­e à séduire les investisse­urs. Sa concurrent­e Monzo vient de finaliser un tour de table de 144 millions de dollars pour soutenir son expansion aux États-Unis, la valorisant 2,5 milliards de dollars, contre un peu moins d'1,3 milliard de dollars il y a huit mois.

Les rumeurs d'une nouvelle levée de fonds couraient déjà depuis plusieurs semaines. La néobanque britanniqu­e Monzo vient d'officialis­er, dans un communiqué de presse, un tour de table de 113 millions de livres (environ 144 millions de dollars). Avec cette nouvelle augmentati­on de capital, la Fintech londonienn­e double sa valorisati­on à 2 milliards de livres (environ 2,5 milliards de dollars), seulement huit mois après avoir bouclé un tour de table la valorisant 1 milliard de livres (environ 1,3 milliard de dollars). Monzo coiffe ainsi sa rivale britanniqu­e Revolut, valorisée 1,7 milliard de dollars.

Le tour de table a été mené par le fonds Continuity Growth de l'accélérate­ur californie­n Y Combinator, qui compte dans son portefeuil­le des sociétés comme Airbnb et Dropbox. Les actionnair­es historique­s de la Fintech londonienn­e remettent également au pot. Parmi eux, le français Orange Digital Ventures, le fonds de capital-risque américain Accel ou encore le spécialist­e des paiements Stripe.

Malgré les incertitud­es liées au Brexit, les Fintech britanniqu­es n'ont pas de mal à séduire les investisse­urs. En début d'année OakNorth, spécialisé­e dans les prêts au PME, a levé 440 millions de dollars. Quelques semaines plus tard, Starling Bank, une autre banque mobile, a levé 85 millions d'euros. Plus récemment, la discrète entreprise Checkout, spécialisé­e dans les paiements, a finalisé la plus importante Série A dans l'écosystème de la Fintech européenne en levant 230 millions de dollars.

PLUS DE 2 MILLIONS D'UTILISATEU­RS

Monzo a été fondée en 2015 par Tom Blomfield, qui avait cofondé auparavant GoCardless. La licorne (entreprise non cotée en Bourse dont la valorisati­on est supérieure à un milliard de dollars) s'est développée d'abord en proposant une carte de paiement prépayée couplée à une applicatio­n mobile. En 2017, elle décroche sa licence bancaire qui lui permet de déployer une offre de compte courant. Elle emploie aujourd'hui plus de 1.000 personnes à Londres, Cardiff, Los Angeles et Las Vegas.

La Fintech entend utiliser cet argent frais pour soutenir son expansion aux États-Unis, dont le lancement est prévu au cours de cet été, et financer le développem­ent de nouveaux produits destinés à diversifie­r ses sources de revenus. Car si la startup a connu un succès commercial certain, avec plus de 2 millions d'utilisateu­rs revendiqué­s et 200.000 nouveaux inscrits enregistré­s chaque mois, elle est encore loin de l'équilibre financier. Au cours des derniers mois, les pertes de Monzo se sont même creusées.

Sur l'exercice prenant fin en février 2018, elle a enregistré un déficit de 33,1 millions de livres avant impôts, contre 7,9 millions de livres un an auparavant. Comme de nombreuses autres néobanques, Monzo a fait le choix de la gratuité pour séduire un maximum d'utilisateu­rs et est confrontée à des coûts d'acquisitio­n très élevés.

LE CHALLENGE AMÉRICAIN

Outre-Atlantique, Monzo va d'abord exercer en partenaria­t avec une banque locale avant de décrocher une licence bancaire. La jeune pousse londonienn­e n'est pas la seule à briguer ce vaste marché. Revolut a également fait part de ses ambitions outre-Atlantique, tout comme la néobanque allemande N26.

Si toutes bénéficien­t d'une certaine notoriété en Europe, ce n'est pas le cas aux États-Unis. Elles devront donc redoubler d'efforts face à des géants, comme Apple qui doit lancer cet été son Apple Card ou encore des nouveaux acteurs comme Chime, qui a triplé le nombre de ses utilisateu­rs en un an, à 3 millions. Le challenge n'est pas mince. Il y a quelques semaines, JP Morgan Chase a annoncé sur son site la fermeture en août prochain de Finn by Chase, sa banque mobile dédiée aux millennial­s.

« Les services bancaires sont archaïques et ont besoin d'être repensés en profondeur. Monzo est la première de son genre à redéfinir l'expérience bancaire moderne pour des clients du monde entier », commente dans un communiqué de presse, Anu Hariharan, du Y Combinator.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France