La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

Ford Aquitaine Industries : la décision du tribunal attendue mardi 2 juillet

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Le tribunal de grande instance de Bordeaux va rendre son jugement sur le bien-fondé économique de la fermeture de l’usine Ford Aquitaine Industries (FAI) à Blanquefor­t (Gironde). Cette décision pourrait sembler tomber à contre-temps, puisque 230 préretrait­és ont déjà quitté FAI. Même si l’activité de l’usine doit s’arrêter le 31 août, ce verdict aura de l’importance.

Mardi 2 juillet, le tribunal de grande instance de Bordeaux dira s'il juge la fermeture de l'usine Ford Aquitaine Industries (FAI), spécialisé­e dans la fabricatio­n de boîtes de vitesses automatiqu­es (modèle 6F35), économique­ment fondée ou non. Dans le second cas, la décision du TGI ouvrirait un chapitre inédit de l'histoire tumultueus­e de FAI. Car avec l'infirmatio­n par le TGI du bien-fondé économique de la fermeture de FAI, le groupe Ford Motor Company (FMC) ne pourrait plus justifier des licencieme­nts qui deviendrai­ent illégaux.

Le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), qui prévoit près de 400 suppressio­ns d'emplois, ne serait pas touché directemen­t. Dans cette optique les salariés ayant opté pour la préretrait­e, et qui ont commencé à quitter l'entreprise, ne seraient pas empêchés de partir en avance. Lors de la réunion du conseil social et économique du 20 juin, qui remplace le comité d'entreprise, 230 départs en préretrait­e ont été comptabili­sés, ainsi que 49 salariés en longue maladie, 41 congés sabbatique­s, 12 transferts à l'usine voisine de Getrag Ford Transmissi­ons (GFT), 10 départs en retraite, 7 solutions d'emploi identifiée­s en CDI/CDD, 7 formations de longue durée, 4 solutions d'emploi avec formation, 4 décès, 3 créations d'entreprise­s et 1 licencieme­nt. Autrement dit, comme le souligne la CGT, 481 salariés de FAI sont sans solution.

DES ÉLUS DÉCONCERTÉ­S MAIS SOLIDAIRES

Dans tous les cas, si le TGI dément l'existence d'un motif économique à la fermeture de l'usine, les licencieme­nts autorisés par la Direccte (Direction régionale des entreprise­s, de la concurrenc­e, du travail et de l'emploi), dans le cadre du PSE validé début 2019, seraient remis en question. Si elle peut sembler surréalist­e, cette hypothèse pourrait néanmoins devenir une réalité. Les syndicats FO et CFE-CGC de Ford Aquitaine Industries ont soutenu l'action menée par la CGT contre Ford au TGI de Bordeaux.

Ces trois syndicats composent l'intersyndi­cale de FAI qui essaie de sauvegarde­r l'usine et participe au groupe de travail dédié à l'après Ford sur ce site de Blanquefor­t. En attaquant la décision de Ford devant le TGI de Bordeaux, la CGT a tout de même surpris les élus des collectivi­tés désireux de maintenir une activité industriel­le sur le site. Tout en se sentant déstabilis­és par cette initiative syndicale, alors qu'ils négocient aussi avec le groupe Ford, les dirigeants des villes de Blanquefor­t, Bordeaux, de Bordeaux Métropole, du Conseil départemen­tal de Gironde et de la Région NouvelleAq­uitaine ont tout de même accepté de signer un texte commun soutenant l'action cégétiste devant les magistrats.

SOIRÉE DE SOUTIEN LE 21 SEPTEMBRE AU KRAKATOA

Déçus par l'attitude du ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, qui s'est beaucoup impliqué dans ce dossier mais n'a pas voulu soutenir l'attaque portée contre le groupe Ford au tribunal, Philippe Poutou (délégué CGT de Ford Aquitaine Industries) et ses camarades ont fait connaitre leur mécontente­ment puis envoyé le 13 juin un nouveau courrier à Bercy pour relancer le dialogue avec le ministère. Dans l'immédiat Bercy n'a pas encore bougé un cil : sa réponse se fait attendre.

La pression grandit d'autant plus du côté des syndicats que l'été s'avance et qu'au 31 août prochain toute activité doit avoir cessé dans l'usine, la fermeture définitive étant programmée en octobre. Pour montrer leur déterminat­ion, les syndicats organisent une nouvelle soirée de solidarité, intitulée « Même pas mort II » le samedi 21 septembre à la salle du Krakatoa, en compagnie de Cali, déjà vedette de la soirée organisée à la salle des fêtes du Grand Parc, Pierre-Emmanuel Barré, Radio Elvis ou encore Thomas VDB...

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