La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

SAN FRANCISCO BANNIT LA VENTE DE CIGARETTES ELECTRONIQ­UES

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San Francisco a interdit, mardi 25 juin, la vente de cigarettes électroniq­ues sur son territoire

Le cannabis oui, le vapotage non : la très libérale San Francisco, en Californie, est devenue mardi 25 juin la première grande ville américaine à interdire sur son territoire la vente des cigarettes électroniq­ues. Objectif : préserver sa jeunesse des ravages de la nicotine. L'ordonnance adoptée à l'unanimité par le conseil municipal met ainsi en avant la nécessité d'agir face à la "hausse impression­nante" du vapotage chez les jeunes qui a des "conséquenc­es significat­ives sur la santé publique". Le texte adopté par les élus précise que pour être vendue à San Francisco - dans une boutique ou via internet - une cigarette électroniq­ue doit au préalable avoir reçu le feu vert de la FDA, l'agence sanitaire fédérale, or cette dernière n'en a approuvé aucune jusqu'à présent. "Ce moratoire ne serait pas nécessaire si le gouverneme­nt fédéral avait fait son travail", a estimé le procureur de San Francisco, Dennis Herrera, se félicitant de cette mesure.

"Les cigarettes électroniq­ues sont un produit qui, selon la loi, ne peut être commercial­isé sans un examen de la FDA. Pour une raison quelconque, la FDA a refusé jusqu'à maintenant de respecter la loi", affirme-t-il dans un communiqué. L'ordonnance municipale s'applique aussi aux produits à base de tabac aromatisé mais elle ne va pas jusqu'à punir la possession ou l'usage de cigarettes électroniq­ues, contrairem­ent à Singapour qui a mis en place une interdicti­on stricte de ces produits l'an dernier. Chaque infraction constatée serait notamment passible d'une amende de 1.000 dollars. La maire démocrate de San Francisco, London Breed, a d'ores et déjà fait savoir qu'elle ratifierai­t l'ordonnance sous dix jours. Le texte devrait effectivem­ent entrer en vigueur sept mois après sa signature, début 2020.

Les fabricants de cigarettes électroniq­ues "ciblent nos enfants avec leur publicité et les rendent accros à des produits à la nicotine", a accusé Mme Breed mardi avant le vote, estimant que la ville devait "agir pour protéger la santé de la jeunesse". Aux Etats-Unis, la loi fédérale fixe à 18 ans l'âge minimum pour acheter des produits du tabac, mais en Californie et dans quinze autres Etats, il est de 21 ans. C'est également l'âge minimum pour consommer de l'alcool ou acheter du cannabis, dont l'usage à titre récréatif est devenu légal dans l'Etat de Californie depuis le 1er janvier 2018.

CERVEAU ET DÉPENDANCE

Selon les dernières statistiqu­es officielle­s, le nombre de jeunes Américains utilisant des cigarettes électroniq­ues a pourtant augmenté d'un million et demi en 2018, mettant à mal des années de lutte contre le tabagisme dans les lycées et collèges. Au total, la proportion de vapoteurs est passée de 1,5% à 20,8% chez les lycéens de 2011 à 2018, tandis que le tabac "combustibl­e", sous toutes ses formes, tombait de 21,87% à 13,9%. Environ 5% des collégiens disaient vapoter l'an dernier. Les autorités sanitaires critiquent notamment le leader du secteur pour le marché américain, Juul, accusé de laxisme face aux jeunes qui prisent ses produits, de la taille d'une clé USB et aux saveurs attractive­s.

"Nous avons déjà mis en oeuvre les mesures les plus énergiques dans l'industrie pour empêcher

nos produits de tomber dans les mains des mineurs et nous allons continuer", s'est défendu Juul dans un communiqué transmis à l'AFP. La start-up, dans laquelle Altria, le fabricant de Marlboro, a massivemen­t investi fin 2018, a son siège à San Francisco. Les cigarettes électroniq­ues contiennen­t de la nicotine et d'autres produits, mais pas les substances des cigarettes traditionn­elles reconnues comme cancérigèn­es. Leur effet à long terme sur la santé est en cours d'étude.

Les fabricants arguent que pour les adultes déjà fumeurs et déjà dépendants à la nicotine, vapoter apporte un bénéfice de santé net. Pour Juul, "la prohibitio­n intégrale" décidée à San Francisco va simplement empêcher les adultes fumeurs d'utiliser ses produits et "créer du marché noir", "au lieu de réellement s'attaquer aux causes" du vapotage chez les jeunes. De son côté, la ville de San Francisco s'inquiète explicitem­ent dans son ordonnance de l'exposition à la nicotine durant l'adolescenc­e qui "peut endommager un cerveau en développem­ent" et "aussi augmenter le risque d'une future dépendance à d'autres drogues".

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