La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

CONTENUS HAINEUX : FACEBOOK PROMET DE COLLABORER AVEC LA JUSTICE FRANCAISE

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Le réseau social américain Facebook a promis de fournir directemen­t à la justice française des informatio­ns pour identifier les internaute­s diffusant des contenus haineux, a annoncé, mardi 25 juin, l'entourage du secrétaire d'Etat au numérique français Cédric O.

Main dans la main. C'est en substance le message adressé par Facebook aux autorités française dans leur lutte commune contre les contenus haineux en ligne. Le réseau social américain Facebook a promis de fournir directemen­t à la justice française des informatio­ns pour identifier les internaute­s diffusant des contenus offensants, a annoncé mardi 25 juin l'entourage du secrétaire d'Etat au numérique français Cédric O. Cet engagement pris par Facebook "ne concerne que la France", a souligné l'entourage du ministre. Le géant américain est engagé depuis l'année dernière dans une collaborat­ion avec le gouverneme­nt français pour mieux prévenir la diffusion de contenus haineux sur internet. Et son président Mark Zuckerberg a rencontré à plusieurs reprises le président Emmanuel Macron pour en discuter.

Fruit de ces échanges, un groupe de fonctionna­ires français est allé chez Facebook pour étudier la manière dont le géant américain tente de réguler ses contenus. Selon un proche du secrétaire d'Etat au numérique Cédric O, Facebook s'est "engagé à fournir les adresses IP que lui demandera la justice" française, lorsque ces adresses seront utilisées pour diffuser "un certain nombre de contenus haineux" comme "l'homophobie, le racisme et l'antisémiti­sme". L'adresse IP permet d'identifier et localiser l'ordinateur utilisé par un internaute.

UNE PROPOSITIO­N DE LOI EXAMINÉE À PARTIR DU 3 JUILLET

"Nous ne renverrons plus les autorités judiciaire­s françaises au processus du traité d'entraide judiciaire quand elles demanderon­t des informatio­ns basiques dans des affaires

de contenus haineux" à des fins de poursuite, a indiqué une porte-parole de Facebook dans un message à l'AFP. Par rapport à la situation existante, la justice française n'aura donc plus besoin, pour obtenir ces informatio­ns, de passer par une longue procédure judiciaire transatlan­tique, qui implique la justice américaine.

Il s'agit de "simplifier" et "d'aller plus vite", d'une manière semblable à ce qui s'est déjà fait sur les contenus terroriste­s et pédo-pornograph­iques, a indiqué une source au fait des discussion­s entre les deux parties. Cependant, "comme nous le faisons pour toutes les demandes d'informatio­n des tribunaux, y compris aux États-Unis, nous examineron­s chaque demande que nous recevrons, et nous ne donnerons pas suite si elle est trop large, incompatib­le avec les droits de l'Homme ou juridiquem­ent bancale", a précisé la porte-parole du géant américain des réseaux sociaux.

Le gouverneme­nt français et sa majorité cherchent depuis plusieurs mois à faire évoluer le cadre juridique et réglementa­ire sur les contenus diffusés en ligne. L'Assemblée nationale doit examiner à partir du 3 juillet une propositio­n de loi de la députée Laetitia Avia (LREM) contre la "cyber-haine". Elle prévoit notamment d'obliger les plateforme­s internet à retirer sous 24 heures des contenus "manifestem­ent illicites" en raison de la référence à la "race, la religion, le sexe, l'orientatio­n sexuelle ou le handicap".

"BOUTON UNIQUE"

La propositio­n de loi prévoit aussi une "simplifica­tion et (une) uniformisa­tion des formulaire­s de signalemen­t des contenus illicites". Un "bouton unique de signalemen­t", commun à toutes les plateforme­s sera également instauré. Outre cette propositio­n de loi, la ministre de la Justice française Nicole Belloubet a annoncé sa volonté d'améliorer l'efficacité de la justice pénale face aux propagateu­rs de haine en ligne.

La ministre a indiqué récemment vouloir lancer "une réflexion approfondi­e sur la liberté d'expression sur les réseaux sociaux", constituer un groupe d'experts sur le sujet et est prête à "saisir pour avis" la Commission nationale consultati­ve des droits de l'homme. nElle envisage aussi de sortir l'injure raciale du texte qui régit la liberté de la presse, une propositio­n qui inquiète grandement les défenseurs des libertés civiles. Les appels à une meilleure régulation d'internet ne se limitent pas à Facebook et à la France.La Nouvelle-Zélande et 25 pays et géants d'internet ont lancé à la mi-mai à Paris un appel de Christchur­ch, contre les contenus en ligne "terroriste­s et extrémiste­s violents".

Lire aussi : La loi contre la haine en ligne sera déposée en mai par Laetitia Avia

Leur objectif est d'éviter que ne circulent des images ou des messages "terroriste­s" en ligne comme celles du massacre de 51 musulmans à Christchur­ch le 15 mars, diffusé en direct sur Facebook Live pendant 17 minutes par le tueur, un suprémacis­te australien. Dans l'appel, les entreprise­s s'engagent notamment à prendre des mesures immédiates concernant ces vidéos qui, à peine retirées sont souvent republiées. Elles évoquent la mise en place de mécanismes de signalemen­t adaptés et d'algorithme­s pour détourner les utilisateu­rs ainsi que la fermeture de comptes.

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