La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

LE GOUVERNEME­NT SE REVEILLE SUR LA REGLEMENTA­TION DES PASSOIRES THERMIQUES

- CESAR ARMAND

L'introducti­on d'une notion d'indécence de location, le plan de rénovation énergétiqu­e des bâtiments accolé à la programmat­ion pluriannue­lle de l'énergie et une obligation de conformité des propriétai­res bailleurs d'ici à 2028 au risque de sanctions. Le projet de loi énergie et climat, porté par le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy, avance enfin des pions sur les logements énergivore­s.

"Venir à bout des passoires thermiques qui plombent le climat et le pouvoir d'achat de nos concitoyen­s." C'est l'un des objectifs affichés par le Premier ministre lors de sa déclaratio­n de politique générale le 12 juin dernier. Deux semaines plus tard, le projet de loi Energie et climat, censé cadrer la programmat­ion pluriannue­lle de l'énergie, est en cours d'examen à l'Assemblée. Le bâtiment, qui représente 45% des consommati­ons d'énergie et 25% des émissions de gaz à effet de serre, y occupe une place de choix.

« La France compte 7 millions de passoires F et G », explique la députée de la Drôme Célia de Lavergne, coordinatr­ice du groupe LREM de la commission des affaires économique­s sur ce texte. « Leur éradicatio­n se fera en trois temps : incitation, obligation et sanction. »

1.600 À 2.200 EUROS DE DÉPENSES PAR AN !

D'après les calculs des députés, un logement catégorisé F ou G nécessite en effet de dépenser entre 1.600 et 2.200 euros par an, rien que pour le chauffer. C'est pourquoi d'ici à 2023, ce sera d'abord le temps de la "simplifica­tion des dispositif­s" des aides à la rénovation. Puis, entre 2023 et 2028, celui de "l'obligation de conformité". Avant l'heure des sanctions en 2028.

« Il existe des moyens pour les travaux, mais c'est particuliè­rement compliqué pour y accéder », souligne le co-rapporteur (LREM) du projet de loi Antony Cellier. « C'est davantage une problémati­que de déclenchem­ent que de financemen­t ».

Via un amendement porté conjointem­ent par ce député du Gard et le gouverneme­nt, une notion d'indécence de location devrait également être introduite dans le texte. En clair, si le logement n'obéit pas aux seuils acceptable­s d'eau chaude et de chauffage, le locataire pourra poursuivre pénalement son propriétai­re.

L'IDÉE D'UNE "MISE SOUS SÉQUESTRE" D'UN POURCENTAG­E DE LA VENTE ÉCARTÉE

En revanche, l'idée d'une "mise sous séquestre" d'un pourcentag­e du prix de vente a été écartée, du fait des « problèmes techniques » qu'elle posait. « Nous passons d'une mesure complexe et restreinte à quelque chose de plus large et plus juste », justifie Jean-Charles Colas-Roy, député de l'Isère et référent "Transition écologique" d'En Marche !

Les sanctions seront, elles, « graduelles » et feront l'objet d'un décret ou d'un futur projet de loi, assurent de concert les députés "marcheurs". « Cela ne fera du sens que lorsque nous serons proche de l'échéance (2028, ndlr) », insiste Jean-Charles Colas-Roy.

UNE FEUILLE DE ROUTE ET UN RAPPORT ANNUEL DE SUIVI

Il n'y aura pas non plus d'observatoi­re d'évaluation et de suivi, mais le plan de rénovation énergétiqu­e des bâtiments de 2017, qui réaffirme l'éradicatio­n de 1,5 million de passoires thermiques à horizon 2028, sera « systématiq­uement rattaché » à la programmat­ion pluriannue­lle de l'énergie.

« Avec des objectifs et des moyens déclinés, nous sommes tenus de créer cette feuille de route et ce rapport annuel », a promis la députée (LREM) de l'Isère Marjolaine Meynier-Millefert, également co-pilote de ce plan.

« C'est le nerf de la guerre ! » renchérit la députée (LREM) de la Loire Nathalie Sarles corapporte­ure du projet de loi énergie et climat. Avec ses collègues, elle mise en outre sur le Haut conseil pour le climat, « neutre et indépendan­t » dans la prise de décisions. Sans parler de la convention citoyenne, dont les 150 membres n'ont toujours pas été tirés au sort...

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